Published on Africa Can End Poverty

Les douanes camerounaises se regardent dans le miroir

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En Afrique, l’administration des douanes joue un rôle de tout premier plan dans le développement économique et social puisque les droits et taxes collectées par les douanes représentent bien souvent au moins 30% des recettes du budget national (hors pays pétroliers). Dans le même temps, c’est l’une des administrations les plus décriées étant bien souvent décrites comme le symbole même de la corruption et un terrible frein au commerce. Les réformes des administrations douanières sont ainsi devenues l’une des pierres angulaires des politiques de réforme publiques prônées par les bailleurs de fonds en favorisant notamment l’informatisation et l’automatisation des procédures.

Malgré l’informatisation, la corruption de même que la sous-évaluation endémique de la valeur des biens importés restent généralisés car les douanes connaissent bien souvent des dysfonctionnements graves. "Se regarder dans le miroir -- le contrôle de l'exécution du service dans les douanes camerounaises" est un document (bilingue) qui présente la modernisation engagée dans les douanes camerounaises depuis 2006 et notamment l’originalité de la démarche qui est d’avoir très tôt placé le contrôle de l’exécution du service comme élément clef de la réforme engagée afin de : (i) de créer de l’information objective sur les pratiques constatées sur le terrain, (ii) de différencier entre agents et opérateurs privés ceux qui avaient des pratiques anormales.

Plus que les mesures techniques en elles-mêmes, il s’agit ici de montrer comment des mesures techniques, à savoir la définition et dissémination d’indicateurs autour de quelques principes, a contribué à l’amélioration des recettes et de l’éthique. Entièrement rédigé par des agents des douanes camerounaises sous la direction de Mme le Directeur Général, ce document montre en filigrane que tant que l’asymétrie d’information entre la Direction Générale des Douanes et ses agents (au port et à la frontière) reste si forte, un investissement classique dans des moyens informatiques ne peut avoir qu’un impact assez limité pour une différenciation efficace des opérateurs et des agents. Cette expérience, qui tranche avec une majeure partie des projets d’aide aux réformes des douanes, pourrait être assez aisément transposée dans d’autres pays d’Afrique subsaharienne.


Authors

Gael Raballand

Practice Manager, Governance Global Practice in West Africa

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