Un voyage à travers la région du Maghreb

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En repensant aux quatre années que j'ai passées au Maghreb et à Malte en tant que directrice de ce département de la Banque mondiale, j'aimerais partager quelques réflexions sur mon travail là-bas.

Après une expérience fascinante et enrichissante en Afrique subsaharienne, que ce soit au Tchad, au Cameroun, en RDC ou au Nigéria, je savais que j'allais découvrir un univers totalement nouveau au Maghreb. On pense souvent de cette région qu'elle est homogène, avec des pays partageant une langue, une religion et une culture communes. J'étais loin de me douter à quel point ces « similitudes » étaient un leurre. Le Maghreb est une véritable mosaïque de contextes variés et les pays ont des besoins et des trajectoires de développement différents. Lorsque j'ai pris mes fonctions il y a quatre ans, la Tunisie s'engageait sur la voie de la transition politique après les années d'instabilité qui avaient suivi la révolution de 2011. L'Algérie s'éloignait lentement d'un modèle économique basé sur le pétrole, le Maroc appliquait méthodiquement ses réformes constitutionnelles de 2011, tandis que l'avenir de la Libye restait incertain. Malte, l'un des pays les plus performants de l'UE, cherchait à maintenir ses liens avec les pays du Maghreb, ce que la Banque mondiale facilitait dans la pratique.

Nombreux sont les projets phares et les initiatives réussies qui me viennent à l'esprit. Au Maroc, nous avons mené une série d'opérations structurelles visant à mettre en œuvre le plan de croissance verte du pays, à renforcer son cadre de gouvernance, à améliorer le secteur agricole et à concevoir un modèle d'urbanisation pour donner l'exemple d'une gestion municipale réussie. Il s'agissait aussi de mettre en place des systèmes de gestion des risques de catastrophe et de créer les fondements d'une modernisation du système de protection sociale en instaurant un registre social permettant de multiplier au moins par deux le volume d'aide sociale pour les plus pauvres. Alors que je quitte le pays, je suis heureuse d'avoir été en mesure d'établir un nouveau cadre de partenariat-pays qui fixe une feuille de route ambitieuse pour les six prochaines années, conformément au principe de « pertinence et impact » pour lequel je milite depuis longtemps.

En Algérie, où le contexte économique et politique évolue, j'ai le sentiment que nous allons dans la bonne direction. Ces dernières années, dans le cadre de nos services de conseil, nous avons renforcé notre collaboration autour des objectifs de transformation économique et sociale du pays et stimulé une croissance inclusive ainsi que la création d'emplois grâce aux investissements dans le capital humain, les infrastructures et les nouvelles technologies.

En Tunisie, j'ai été impressionnée par le degré de résilience et de conscience politique de la population. Au fil des années, les diverses forces vives du pays ont su démontrer leur maturité et leur ambition de réussir la révolution du jasmin. J'étais déterminée à aider le gouvernement tunisien à stabiliser le contexte macro-économique national, en levant les obstacles à la libre concurrence pour exploiter tout le potentiel du secteur privé et, ainsi, favoriser la création d'emplois. Tout au long de mon mandat, j'ai pu démontrer que la Banque mondiale venait en appui de solutions sensées et bien conçues, élaborées de manière consensuelle par les différents groupes d'intérêt.

En Libye, malgré un contexte sécuritaire et politique instable, nous avons réussi à fournir une assistance technique pour renforcer les capacités statistiques et faire en sorte que les données sur le développement de la Libye continuent d'être collectées pour suivre et détecter les lacunes et les besoins en la matière. Nous avons également engagé le « dialogue économique » sur la Libye, une initiative visant à discuter des priorités du pays avec un groupe d'acteurs représentant tous les secteurs de la société. Cela nous a permis d'élaborer une nouvelle stratégie d'engagement qui définit les contours du soutien de la Banque mondiale à la Libye pour les trois prochaines années.

À Malte, nous avons aidé le gouvernement à organiser un dialogue de haut niveau « 5+5 » sur les moyens de stimuler les investissements en Afrique du Nord. Cet événement s'est déroulé lors de l'ECOFIN, quand Malte assurait la présidence du Conseil de l'Union européenne en 2017. Nous avons également participé à l'examen de certaines politiques du pays, comme la réglementation des affaires ou la protection sociale. En somme, un partenariat solide.

La jeunesse talentueuse, dynamique et innovante est l'un des grands atouts du Maghreb et les exemples de sa créativité et de son avant-gardisme abondent : ainsi, le Maroc a lancé un système national de paiement numérique, et de jeunes entrepreneurs algériens inventent de nouvelles façons de mieux participer aux chaînes logistiques grâce à l'innovation ouverte. Pour intégrer ces initiatives dans un écosystème entrepreneurial dynamique, la région a lancé le Maghreb Start-up Network, une plateforme d'échanges qui vise à créer davantage d'opportunités d'affaires, à rationaliser le cadre juridique des start-up et à améliorer les systèmes de paiement pour aider les jeunes du Maghreb à réaliser leur potentiel économique. Je suis fière d'avoir participé à la création de ce réseau. Dans toute la région, l'autonomisation des jeunes a toujours été mon mot d'ordre et l'un des axes forts de mon mandat. Leur dynamisme et leurs ambitions m'ont inspirée de bien des façons et ont renforcé ma motivation à faire davantage pour les jeunes du Maghreb et d'ailleurs.

 

Marie

 

Alors que je vais partir vers le Sud pour devenir directrice-pays pour l'Afrique du Sud, la Namibie, le Lesotho, le Botswana et Eswatini, j'emporte avec moi de magnifiques souvenirs d'une région dynamique, enthousiaste et qui possède tant de potentiel et de ressources. Je suis convaincue qu'il y aura de nombreuses possibilités de collaboration Sud-Sud entre l'Afrique australe et le Maghreb. Enfin, je voudrais remercier sincèrement tous les collègues, responsables gouvernementaux, acteurs de la société civile et du secteur privé, amis et populations du Maghreb pour cette expérience si enrichissante, tant au niveau personnel que professionnel.

Au revoir à toutes et tous, jusqu'à ce que nos chemins se croisent à nouveau...

Auteurs

Marie Francoise -Nelly

Directrice-pays de la Banque mondiale pour l'Afrique du Sud, la Namibie, le Lesotho, le Botswana et Eswatini

KAYA AMINA
09 septembre 2021

Merci pour les débats et attendons impatiemment.

AMINA KAYA
09 septembre 2021

Le renforcement de capacités des femmes et jeunes est un atout pour le développement durable

SALIHY
09 septembre 2021

Bonjour; directrice
Je crois que vous avez remplacé la Malte par la Mauritanie, avec ces culture similaires qui partaient redondantes pour les Maghrébins, la Mauritanie vous ouvre ces portes, soyer la bienvenue.
Cordialement