Pas de données publiques ? Pas de problème ! Voici 5 solutions employées par les entrepreneurs dans les pays en développement

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Nouvelles méthodes pour collecter des données (en anglais)

Les données en libre accès (open data) créent des opportunités à de multiples niveaux : améliorer l'efficacité et l'efficience de l'action gouvernementale, renforcer la participation des citoyens à la vie de l'État et leur permettre de jouer un plus grand rôle au sein des collectivités locales, fournir aux activistes des données probantes pour appuyer leurs revendications, aider les entrepreneurs à commercialiser de nouveaux produits et services, et nous permettre à tous de prendre de meilleures décisions au quotidien

Sur le plan de l'entrepreneuriat, l'équipe responsable du libre accès aux données financières de la Banque mondiale a étudié la valeur commerciale de l'open data et cherché des manières d'aider les entrepreneurs à en tirer parti. Ces objectifs sont réalisables grâce à l'action des États qui ont suscité l'innovation autour des données publiques en prenant l'initiative de mettre celles-ci en libre accès. Mais que se passe-t-il lorsque les États n'ont pas encore ouvert l'accès aux données publiques ? Les entrepreneurs peuvent-ils tirer parti des données ouvertes là où elles n'existent pas ?

Il semblerait bien que oui ! Toutefois, les opportunités pourraient résider davantage dans la collecte et la diffusion des données que dans leur simple exploitation. 

À Lagos, l'open data contribue à lutter contre les embouteillages

1. Éliminer les embouteillages entre les arrêts d'autobus

Au Nigéria, la plateforme Traffic Talk de Tsaboin tire parti du crowdsourcing pour collecter des informations auprès des automobilistes (comme le système Waze) concernant les conditions de circulation autour des arrêts d'autobus de Lagos. Avec Traffic Talk, les utilisateurs peuvent consulter leur propre « historique » (lequel se compose des arrêts d'autobus et des autres individus auxquels un utilisateur est abonné) ou obtenir une mise à jour globale (toutes les informations de circulation pour tous les arrêts d'autobus). En l'absence de données publiques officielles, « la foule » fournit des informations qui aident chacun à prendre des décisions « plus intelligentes » en matière de circulation. Tsaboin propose également une API gratuite qui permet à d'autres personnes de créer des applications innovantes en réutilisant les données de circulation collectées. Voilà ce qu'on peut appeler de l'open data !

Tráiler de Prossess

2. Aider les autorités et le secteur privé à mieux organiser les transports

Toujours au Nigéria, Prossess constitue un deuxième exemple de ce phénomène. Cette start-up spécialisée dans l'élaboration de systèmes de mesure du trafic automobile basés sur des capteurs aide les autorités à mieux appréhender les mouvements de circulation sur certains axes routiers. Les données brutes de circulation ainsi que des analyses et des mises en perspective Big Data peuvent ensuite être téléchargées. Bien qu'il ne soit pas totalement certain que ces informations resteront en libre accès, l'approche de Prossess témoigne du fait qu'il existe d'immenses opportunités dans le domaine de la collecte de données.
 
À l'autre bout du monde, l'Amérique latine offre deux exemples issus d'un concours d'applications régional, Desarrollando America Latina (es), avec à la clé un programme d'accélération d'une durée de trois mois dans le cadre de SocialLab (es) (sur site à Santiago ou via le Web). Ayni et Dromos, deux des trois projets ayant bénéficié du programme sur site, sont originaires d'Équateur, un pays dépourvu de programme gouvernemental de données en libre accès. (Toute l'histoire : Sandra a fait partie des membres du jury [es]).


Image fournie par Ayni

3. Sauver la planète et participer à l'économie du partage

La plateforme Ayni (es) met en relation les personnes désirant recycler des produits électroniques et celles qui recherchent de tels produits (ou des pièces détachées). Selon son fondateur, Luis Bajaña, l'idée d'Ayni est née en consultant des données publiques sur les déchets électroniques générés par les produits de haute technologie. Conscient du fait que l'Équateur ne dispose d'aucun programme de recyclage municipal des déchets électroniques, il a cherché comment éviter que ces déchets ne finissent en décharge. Il a trouvé des informations publiées par la société MCC (Microelectronics and Computer Technology Corporation) et l'Institut national de statistique et de recensement d'Équateur (INEC) (es), et en a fait des données ouvertes (es). La plateforme Ayni exploite (et présente) ces données pour informer ses utilisateurs sur l'impact du recyclage (et du non-recyclage), en comparant la pollution de l'eau engendrée par la mise en décharge à la consommation d'eau d'une famille équatorienne moyenne.

Open data supports walkability in Quito

4. Tirer parti du Big Data pour favoriser le développement de villes piétonnes

Les fondateurs de Dromos se sont inspirés du concept de « villes piétonnes », selon lequel plus il est facile et pratique de se déplacer à pied, plus les gens le font. Ils ont également pris conscience du fait que l'open data et le Big Data peuvent grandement aider les urbanistes à mieux cibler les investissements dans les infrastructures susceptibles de favoriser les déplacements piétons. L'application aide les utilisateurs à trouver l'itinéraire le plus économique pour aller d'un point A à un point B. Comme dans les exemples du Nigéria, c'est en collectant et en diffusant elle-même les données que l'équipe de Dromos crée des opportunités dans le domaine de l'open data.


Image fournie par Crimebot

5. Collaborer avec les services de police locaux pour lutter contre la criminalité

Enfin, le tout nouveau projet Crimebot, qui a récemment remporté le grand prix du concours Digital Jam 3, contribue à la lutte contre la criminalité en exploitant des renseignements envoyés de façon anonyme par des citoyens. Cette application mobile enregistre et valide les activités criminelles signalées par les utilisateurs, fournit des alertes en temps réel, et propose des cartes relatives à la sécurité. Elle exploite également les données officielles fournies par la police, et l'équipe de Crimebot prévoit de publier ses données en libre accès, gratuitement ! (Toute l'histoire : Francesco a joué un rôle de conseiller auprès de cette équipe.)

Si ces exemples ne prennent pas leur source dans des données publiques en libre accès, ils montrent sans aucun doute comment les entrepreneurs et le secteur privé peuvent également contribuer à développer l'écosystème de l'open data. Le concept de philanthropie des données, c'est-à-dire l'utilisation de données recueillies par de grandes organisations privées au profit du développement social, n'est pas nouveau… Mais ne pourrait-on pas repenser ce concept comme une source d'opportunités commerciales pour la prochaine génération d'entrepreneurs à succès du monde entier ?

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