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Comment expliquer la bonne tenue des flux d’IDE vers les pays européens émergents ?

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Onze des pays les moins prospères de l’Union européenne (Bulgarie, Croatie , Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Roumanie, République slovaque, République tchèque et Slovénie – EU11) continuent d’attirer les investissements directs étrangers (IDE). En 2012, la République tchèque, l’Estonie et la Slovaquie ont bénéficié de niveaux d’IDE analogues à ceux qu’elles enregistraient avant la crise. La Pologne et la Bulgarie ont même affiché une importante hausse des IDE en 2012.

Étant donné les liens financiers et commerciaux étroits qui unissent l’UE-11 au reste de l’Europe, ainsi que l’actuelle récession à double creux dans la zone euro, pourquoi l’UE-11 continue-t-elle d’attirer les IDE ?

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Premièrement, depuis le début de la crise, l’UE-11 affiche une croissance économique systématiquement supérieure à celle du reste de l’Union européenne (UE). En 2012, alors même que la zone euro était en pleine récession, l’activité économique a progressé de 1 % dans l’UE-11. Le taux de croissance de 3,5 % enregistré par l’UE-11 en 2011 représente le double de celui des autres pays de l’UE.

Deuxièmement, la volatilité des marchés financiers et les perspectives de croissance incertaines incitent les pays européens à assainir leurs finances publiques. Les pays de l’UE-11 obtiennent d’assez bons résultats en la matière, ce qui renforce la confiance des marchés à leur égard. Le ratio de la dette publique sur le PIB y est inférieur à 50 %, ce qui n’est pas le cas des autres pays de l’UE, où ce ratio dépassait 92 % fin 2012. De même, les déficits budgétaires y sont plus faibles que dans le reste de l’UE. Malgré des enveloppes budgétaires serrées, la plupart de ces pays poursuivent leurs ambitieux programmes d’investissements publics. Cette prudence budgétaire est récompensée par les investisseurs, qui, depuis le début de la crise, prêtent beaucoup d’attention aux niveaux de la dette et du déficit publics. En conséquence, en 2012, plus de la moitié des pays de l’UE-11 ont accédé aux marchés financiers, lesquels sont à leurs plus bas historiques.

Troisièmement, au cours de l’année dernière, les pays de l’UE-11 ont fait montre d’une capacité à diversifier et à cibler leurs exportations en direction des économies en croissance. Même si les autres membres de l’UE demeurent des partenaires commerciaux essentiels pour cette région, les exportations de la Bulgarie, de la République tchèque, de la Slovaquie, de la Slovénie et de la Pologne vers des pays hors zone UE (comme la Chine, les États-Unis, la Russie ou la Turquie) ont également fortement progressé en 2012.

Enfin, et surtout, un environnement d’affaires de plus en plus favorable contribue à attirer les investisseurs. Les pays de l’UE-11 ont en effet nettement amélioré la qualité de leur environnement d’affaires. Ils ont notamment déployé des efforts considérables pour aligner leur réglementation et leurs institutions sur les pratiques les plus efficientes observées dans l’ensemble de l’UE. Tous les pays de l’UE-11 ont réalisé de grandes avancées sur la voie de la réforme de leur réglementation relative aux entreprises, et désormais l’Estonie se trouve même au même niveau que tous les autres membres plus anciens de l’UE. En outre, d’après le classement mondial Doing Business de 2012, la Pologne est le pays qui a le plus progressé.

Mais, dans un environnement externe instable, l’heure est au ralentissement de l’activité économique ralentit et l’UE-11 devra redoubler d’efforts pour continuer d’attirer les IDE. Il ne lui sera pas facile de maintenir voire d’accroître les flux d’IDE. En 2012, quatre des onze pays concernés ont subi une seconde récession. De plus, la région reste minée par la persistance d’un chômage élevé, avec des taux avoisinant ceux enregistrés au plus fort de la crise, et le chômage de longue durée et des jeunes est en hausse. En outre, la croissance du crédit au secteur privé n’a pas renoué avec ses niveaux d’avant la crise et les prêts improductifs hérités du passé continuent de peser sur plusieurs pays de l’UE-11.

Face à ces problèmes, les pays de l’UE-11 doivent donner la priorité aux réformes dans toute la région. Par exemple, la réforme des marchés des produits et du travail jouera un rôle crucial dans l’amélioration de la productivité et de la compétitivité de ces pays. Ces derniers doivent aussi mettre l’accent sur les réformes susceptibles de simplifier encore la réglementation des entreprises, de renforcer l’efficacité des services publics et de protéger les actionnaires minoritaires contre le détournement des actifs des entreprises à des fins d’enrichissement personnel. Enfin, en proposant des incitations à la mobilité de la main-d’œuvre, en adaptant les systèmes de protection sociale aux évolutions démographiques et en harmonisant la réglementation entre les différents pays, on allégera le fardeau du vieillissement de la population dans la région tout en améliorant considérablement la convergence des revenus avec le reste de l’UE.

Ces mesures peuvent contribuer à permettre à ces 11 pays de continuer à faire fi des tendances économiques délétères qui affectent actuellement leurs voisins européens.

Pour de plus amples informations sur les IDE dans les pays de l’UE-11, veuillez consulter le dernier rapport économique de la Banque mondiale consacré à cette région (a).

La Croatie devrait rejoindre l’UE en juillet 2013.


Auteurs

Gallina Andronova Vincelette

Country Director for the European Union, Europe and Central Asia

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