Promouvoir une recherche innovante pour lutter contre les violences sexistes

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WBG/SVRI Development Marketplace 2018 winner Equal Playing Field is helping boys and girls in Papua New Guinea build social and soft skills to participate in advocacy campaigns to end gender inequality and violence against women and girls. © Equal Playing Field
Equal Playing Field figure parmi les lauréats du concours Development Marketplace 2018 organisé par le Groupe de la Banque mondiale et la SVRI. Cette organisation implantée en Papouasie-Nouvelle-Guinée aide garçons et filles à acquérir les compétences sociales et personnelles nécessaires pour participer à des campagnes de sensibilisation contre les inégalités entre les sexes et les violences faites aux femmes. © Equal Playing Field

Les violences de genre sont un fléau qui frappe une femme sur trois dans le monde . Infanticides, mutilations sexuelles, coups et blessures, viols, agressions sexuelles, harcèlements et menaces, traite et prostitution forcée : la liste est longue des violences sexuelles et sexistes auxquelles sont exposées les filles et les femmes, dans leur foyer, dans la rue, à l’école, au travail, dans les transports, les champs ou les camps de réfugiés, en temps de paix comme en période de conflit ou de crise.

La lutte contre les violences faites aux femmes passe par l’information : les États et ceux qui mettent en œuvre les programmes doivent savoir quelles sont les solutions les plus efficaces. Il est indispensable de constituer une base de connaissances plus solide et plus large pour orienter judicieusement les investissements, les politiques et les pratiques de prévention et de riposte.

Le concours Development Marketplace pour l’innovation dans la prévention et la lutte contre les violences faites aux femmes (a) répond précisément à ce besoin. Cette initiative, financée par le Groupe de la Banque mondiale et la Sexual Violence Research Initiative (SVRI) (a), a déjà alloué en trois ans plus de 3,4 millions de dollars à 30 projets de recherche dans 25 pays à revenu faible ou intermédiaire et répartis dans le monde entier.

Certes, on observe des progrès en matière de criminalisation des violences domestiques, mais cela ne suffit pas : permettre aux filles et aux femmes de mener une existence exempte de violences passe par la loi, mais aussi par l’amélioration des services, l’évolution des normes sociales et la réduction des facteurs de risque. 

Parmi les centaines de propositions que nous recevons chaque année, nous nous attachons à sélectionner les travaux qui apporteront une contribution scientifique à ce champ d’étude en exploitant les connaissances disponibles pour combler des lacunes. Nous recherchons des projets qui proposent une méthode innovante, développent les capacités dans les pays à revenu faible ou intermédiaire et contribuent à la collaboration entre chercheurs, professionnels du terrain et décideurs.

À l’occasion de la campagne « 16 jours d’activisme » contre la violence faite aux femmes, il nous semble opportun de mettre en lumière l’action de quelques lauréats récents :

  • Au Bangladesh, un projet de recherche a permis de montrer que le fait d’assortir les programmes de transferts monétaires ou de distribution de vivres d’une campagne de communication pour le changement de comportement promouvant l’autonomisation des femmes et la lutte contre leur isolement entraînait une réduction significative des violences conjugales même après la fin des transferts (a). 
  • Au Liban, leurs conditions de vie éprouvantes poussent les jeunes réfugiées syriennes vers un mariage précoce. ​ Parmi les facteurs nombreux et complexes qui sont à l’origine de ces unions (a), figurent la pauvreté et l’absence d’offre éducative, mais aussi les problèmes de harcèlement et de violence de genre. Or, il ressort d’une expérience menée auprès d’un groupe d’hommes et de femmes que les deux sexes ont des opinions divergentes quant aux principales causes des mariages précoces, ce qui tend à indiquer que des stratégies sexuellement différenciées seraient plus efficaces pour lutter contre cette pratique préjudiciable. 
  • Deux projets de recherche au Kenya et en Ouganda ont mis en évidence le rôle déterminant des schémas de virilité et de masculinité dans la violence. L’étude kenyane a confirmé l’existence d’une corrélation directe entre les violences faites aux femmes et la consommation d’alcool chez les hommes (a), sachant que celle-ci est elle-même liée à des troubles psychologiques et des problèmes psychosociaux. Ces travaux ont ainsi permis de montrer l’intérêt et la nécessité d’explorer l’utilité d’interventions axées sur la santé mentale pour enrayer cet engrenage. En Ouganda, les chercheurs ont observé comment des hommes victimes de maltraitance durant leur enfance devenaient violents à l’âge adulte, et comment, pour certains hommes, la violence apparaît comme une exigence sociale. Les résultats de cette étude ont donné lieu au lancement d’un programme pilote destiné à accroître la participation des hommes dans la prévention des violences.
 
Le concours Development Marketplace (a) est l’une des rares initiatives mondiales de financement dédié à la recherche sur les violences de genre dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Son ambition va cependant au-delà de la volonté de financer des chercheurs novateurs.
Image caption: Autre lauréate du concours Development Marketplace 2018 organisé par le Groupe de la Banque mondiale et la SVRI, Equal Access International cherche à combler les lacunes de connaissances sur la prégnance des normes de genre dans les milieux défavorisés au Népal. © Nirmal Rijal/Equal Access International
Avec cette initiative, nous nous employons aussi à favoriser une coopération transversale. Comme en témoigne ce commentaire d’un lauréat : « Cette subvention a véritablement permis de renforcer les liens de collaboration entre des chercheurs américains et thaïlandais, mais aussi des acteurs de terrain dans le pays. Chaque partenaire apporte une capacité formidable et le désir d’apprendre de l’autre. »

Les travaux qu’elle finance permettent à la Banque mondiale d’orienter ses propres interventions. En Thaïlande, en Égypte et au Pakistan, les lauréats ont présenté les fruits de leur recherche aux équipes-pays  ​. De même, au Népal, les chercheurs participent à la formation des personnels de l’institution, tandis qu’en Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Banque envisage d’étendre un programme de recherche particulièrement innovant.

Synonyme de notoriété accrue, ces récompenses permettent en outre aux chercheurs d’accéder aux décideurs et d’influer sur les politiques publiques, mais aussi de lever plus de financements. Deux équipes sont ainsi parvenues à mobiliser 115 000 dollars et 2 millions de dollars supplémentaires chacune.

La SVRI et la Banque mondiale s’attachent aussi à renforcer les capacités des bénéficiaires des subventions en revoyant leurs projets et en perfectionnant leur méthodologie et leurs outils ​. Chaque année, elles réunissent également toutes les équipes lauréates pour une semaine de formation, de réseautage et de collaboration. Les échanges entre les gagnants d’hier et d’aujourd’hui se poursuivront lors la 6e conférence mondiale de la SVRI sur les violences contre les femmes (a), qui se tiendra au Cap au octobre prochain.

Le dialogue promet d’être riche et fructueux compte tenu de la diversité des lauréats : parmi les 11 candidatures retenues cette année, on trouve une équipe travaillant avec des élèves en Papouasie-Nouvelle-Guinée (a), des chercheurs œuvrant à la réduction des violences au sein de couples de jeunes mariés en Jordanie (a), un groupe étudiant l’impact d’un dispositif de pédibus sur les violences scolaires en Afrique du Sud (a), ou encore une équipe cherchant à réduire les violences dans les relations amoureuses adolescentes au Honduras (a).

Rendez-vous au mois d’avril 2019, à l’occasion des Réunions de printemps du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), pour l’annonce de notre quatrième groupe de lauréats .  Parce que l’espoir d’un monde sans violences contre les filles et les femmes passe par l’innovation.​

 

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Auteurs

Diana J. Arango

Sr. Gender-Based Violence and Development Specialist, World Bank Group

Elizabeth Dartnall

Research Manager for the Sexual Violence Research Initiative

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