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Récolter les fruits de la prospérité grâce à l'innovation et la technologie dans l'agriculture

Hombres manejan un tractor cargado de fardos de paja en el norte de Senegal. La producción local de arroz creció vertiginosamente tras la instalación de un nuevo sistema de riego. Hombres manejan un tractor cargado de fardos de paja en el norte de Senegal. La producción local de arroz creció vertiginosamente tras la instalación de un nuevo sistema de riego.

Récolter les fruits de la prospérité tirés de l'innovation agricole : c’est l'histoire du progrès de l'humanité depuis les origines. Dans un rapport intitulé Harvesting Prosperity: Technology and Productivity Growth in Agriculture (a), nous soutenons qu'il est, aujourd'hui comme hier, tout aussi primordial d'accroître la productivité agricole. Voici quelques données à l'appui de cette affirmation :

À l'échelle mondiale, la majorité des hausses de la production sont clairement attribuables à l'augmentation de la productivité totale des facteurs plutôt qu'à une utilisation accrue des terres ou des intrants. C'est de plus en plus vrai aussi pour les pays en développement. Toutefois, ces progrès ont été inégaux d'une région du monde à l'autre, et la croissance de la productivité a été particulièrement faible dans certaines des régions les plus pauvres, à savoir l'Asie du Sud et l'Afrique subsaharienne.

Il est de ce fait primordial de bien comprendre les déterminants de l'augmentation de la productivité. Une école de pensée considère que le secteur des petites exploitations rurales utilise inefficacement les ressources, freine le développement et, par conséquent, qu'il ne peut évoluer vers des emplois plus productifs en raison du dysfonctionnement des marchés des facteurs de production. Notre rapport montre que les bénéfices découlant de la réaffectation des terres et de la main-d'œuvre sont probablement plus faibles qu'on ne le pense souvent, mais que les investissements dans la production et la diffusion du savoir peuvent générer des gains considérables. Il montre que l'écart de productivité moyenne du travail entre l'agriculture et l'industrie — un indicateur de distorsion répandu quoique conceptuellement imparfait — disparaît dans les faits une fois corrigé du temps de travail réel. La théorie suggère que, pour que la mesure soit efficace, les productivités marginales devraient être placées sur un pied d'égalité et, en Inde, le rapport démontre que le meilleur indicateur disponible (les salaires) est étonnamment similaire dans les deux secteurs. De même, des travaux récents donnent à penser qu'il n'y a pas de grands bénéfices à retirer de l'éclatement des grandes exploitations ou de la concentration des plus petites. La productivité peut facilement augmenter dans les deux cas.

Par ailleurs, les gains potentiels de l'investissement dans la production et la diffusion du savoir semblent prometteurs. Par exemple, les estimations des taux de rendement de la recherche et développement en agriculture se situent habituellement entre 30 et 40 %, un rapport plus élevé que de nombre d'autres investissements. Néanmoins, la part de la R&D dans le PIB agricole est 6 fois plus importante dans les pays avancés que dans les pays en développement et elle y est 50 fois plus élevée par travailleur. Les dépenses effectives dans ce domaine ont augmenté en Chine et dans certaines parties de l'Asie, mais elles diminuent dans la moitié des pays africains, et ce au moment même où ils font face à des difficultés sur les fronts de la pauvreté, de la sécurité alimentaire et de l'adaptation au changement climatique.

Il faut donc s'efforcer de chercher comment les pays pourraient combler cet écart de R&D, mais aussi de faciliter l'adoption de nouvelles technologies par les agriculteurs. Tout d'abord, outre une meilleure affectation des ressources publiques consacrées au secteur, l'émergence mondiale de fournisseurs privés de R&D offre la possibilité de renforcer les efforts nationaux dans ce domaine. Cela requiert toutefois la création d'un environnement favorable et encourageant pour ces acteurs.

Ensuite, des études récentes sur le poids des préjugés envers l'agriculture, les incertitudes, les écarts d'information, la faiblesse du capital humain, l'accès limité aux marchés des produits, à l'assurance et aux marchés financiers révèlent de multiples difficultés que les gouvernements devront affronter plus ou moins simultanément pour faciliter l'adoption des nouvelles technologies dans le secteur agricole.

Enfin, les chaînes de valeur mondiales offrent à la fois un moyen d'élargir les marchés et, par rapport aux interventions gouvernementales directes, une autre solution pour remédier de manière coordonnée aux défaillances du marché. Quand toutes les conditions sont remplies, ces filières procurent l'accès au crédit, aux assurances et aux marchés de produit pour les agriculteurs qui en sont partie prenante. Mais là encore, il faut un environnement favorable qui assure la rentabilité de l'entreprise chef de file de la chaîne, ainsi qu'un système juridique capable de faire respecter les dispositions des contrats entre les entreprises. Par exemple, si l'entreprise chef de file fournit des engrais et du crédit, elle voudra être sûre que le produit final lui sera effectivement vendu.

Par conséquent, il est plus urgent que jamais d’agir pour augmenter la productivité agricole et accroître la résilience aux chocs des personnes pauvres en milieu rural.  Fort heureusement, les gouvernements pourront s'appuyer sur les nouveaux acteurs et instruments du secteur privé, à condition qu'ils adoptent les réformes nécessaires.

Note : Le rapport Harvesting Prosperity: Technology and Productivity in Agriculture est le quatrième volume d'une série d'études entreprises dans le cadre du Projet de la Banque mondiale sur la productivité (a). Ces travaux analysent le « paradoxe de la productivité » que constitue le ralentissement persistant de la croissance de la productivité en dépit des progrès technologiques.

 augmentation de la productivité agricole

 


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