Aider le Mali à se relever

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Banque mondiale - Aider le Mali à se relever
Makhtar Diop, en compagnie de Tiéna Coulibaly, le ministre des finances malien.

 

Ici, au Mali, alors que les troupes françaises et maliennes traquent les groupes djihadistes dans les massifs montagneux qui se déploient le long des frontières, il est partout question de la « feuille de route »         qui doit établir un calendrier électoral et  remettre sur pied cet État du Sahel touché par trois crises en 2012.

Le vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique s’est récemment rendu à Bamako afin de prendre la mesure des conséquences des événements dévastateurs de ces douze derniers mois sur la population malienne. À cette occasion, Makhtar Diop a assuré le pays du soutien total de la Banque mondiale et annoncé l’octroi de nouveaux financements dans l’agriculture, l’éducation, la santé et la protection sociale, et en laissant présager bien davantage pour les mois à venir.

J’étais déjà allé deux fois au Mali avant ce voyage, et la ville de Bamako m’est apparue semblable à elle-même, avec Ses embouteillages pare-chocs contre pare-chocs sur le premier pont traversant le fleuve Niger et ses centaines de petites échoppes allant du vendeur de fruits, de légumes ou de plantes au réparateur de motocyclettes. Les touristes, qui auparavant se comptaient par milliers à Tombouctou, ont en revanche disparu, et le secteur du bâtiment, qui a toujours joué un rôle majeur dans l’économie de la ville, est à l’arrêt à cause de la crise que connaît le pays. Quand on verra les entreprises de BTP recommencer à couler du béton et les touristes revenir, on pourra en déduire que la ville de 1,3 million d’habitants aura renoué avec la confiance économique, tout comme, espérons-le, le reste du pays — je remarque en passant que les enfants de l’école proche du bureau-pays de la Banque mondiale ne cessent guère pour autant de jouer et chahuter joyeusement pendant la récréation de l’après-midi…

Avant même d’entamer sa série d’entretiens avec les ministres, le Premier ministre et le Président par intérim, M. Diop a tenu à rencontrer le personnel de la Banque mondiale au Mali. Il a exprimé sa fierté devant le travail accompli sans relâche par les membres du bureau-pays, tout au long du coup d’État et de l’occupation djihadiste dans le Nord, afin de rester au service des milliers de Maliens dont les vies étaient bouleversées par la situation d’urgence et d’aider à répondre à leurs besoins quotidiens. Selon M. Diop, la communauté internationale du développement et les Maliens eux-mêmes ont pu constater les compétences dont a fait preuve le personnel de la Banque pour maintenir, malgré tout, le cap fixé, cet engagement indéfectible faisant de la Banque mondiale un partenaire crédible pour les pays du Sahel et d’Afrique aux prises avec l’insécurité.

Avant d’annoncer la nouvelle au gouvernement et à la presse, M. Diop a confié au personnel de la Banque, serré dans la plus grande salle du petit bureau de Bamako, que 180 millions de dollars allaient être mobilisés au cours des trois mois à venir pour de nouvelles opérations orientées sur l’éducation de base, l’agriculture, les filets de protection sociale et l’appui budgétaire, avant le lancement de projets dans d’autres secteurs prioritaires. La Banque mondiale étant le principal partenaire de développement du Mali, cette visite importante aura donc été l’occasion de remercier en personne le personnel du bureau-pays mais aussi d’aider le directeur des opérations pour le Mali, Ousmane Diagana, à donner le coup d’envoi des consultations qui seront conduites auprès du gouvernement et du public dans la perspective de l’élaboration d’une nouvelle note de stratégie intérimaire. Ce document déterminera les travaux de la Banque mondiale au Mali au cours des deux prochaines années, lesquels auront également des retombées sur toute la région du Sahel.  

Les conditions d’une reconstruction pacifique au Mali sont en effet étroitement liées à celles qui assureront au Sahel et à l’Afrique de l’Ouest un avenir plus solide. Alors que 20 % seulement de la population malienne bénéficie d’un accès régulier à l’électricité, il faut souligner la pertinence d’une approche régionale qui viserait à accroître la production d’énergie, verte et renouvelable, en exploitant l’important potentiel hydroélectrique que recèlent la Guinée voisine ainsi que, plus au sud, le Cameroun et la RDC. Une telle approche pourrait en effet transformer la production alimentaire mais aussi l’emploi et la vitalité économique d’une région frappée par la sécheresse, la malnutrition et le manque de travail pour des jeunes qui, dans certains pays du Sahel, représentent de nos jours 50 % de la population.

Dans un pays comme le Mali, cette transformation doit également s’attacher à rapprocher le Nord du Sud. Les trois régions du Nord, Gao, Kidal et Tombouctou, ne représentent que 8 % de la population malienne. Avant que la crise n’éclate il y a un an, le nord du pays contribuait à seulement 9,5 % du PIB national. Au nord du Mali, 170 000 habitants ont fui les djihadistes vers des pays voisins et suivent de près les informations télévisées pour avoir des nouvelles de leur pays et de leur famille restée au pays. 

Lors de ses rencontres avec les partenaires de développement du Mali et les hauts dirigeants du pays, M. Diop a souvent entendu que le rétablissement et l’élargissement de l’accès aux services publics de santé, de nutrition, d’éducation, d’agriculture et d’énergie pour les populations du Nord devaient être la pierre angulaire d’une stratégie nationale vouée à retisser les liens entre les villes et le Nord rural.

Diango Cissoko, Premier ministre du Mali et serviteur de l’État expérimenté, s’est montré très reconnaissant du soutien constant de la Banque mondiale à son pays. À l’instar de Tiéna Coulibaly, ancien combattant et ministre des Finances, il se réjouit tout particulièrement de ce que l’institution investisse dans les trois mois à venir 180 millions de dollars dans de nouveaux financements pour le développement, et presque autant par la suite.

Tout à fait conscient de la nécessité de rétablir l’État malien dans le Nord comme condition de la reprise nationale, le Premier ministre a montré un grand intérêt à l’égard des informations fournies par M. Diop sur les nouveaux appuis que la note de stratégie intérimaire sera susceptible d’apporter. Les consultations publiques à ce sujet débuteront au cours des prochains jours.

Lors d’une réunion avec Dioncounda Traoré, Président malien par intérim, Makhtar Diop a confirmé que la Banque mondiale allait participer à une rencontre internationale des bailleurs de fonds du Mali, qui se tiendra à Bruxelles en avril. Il a souligné que cette participation soulignait l’engagement de son institution envers la réussite du sommet, ainsi qu’envers son étroite collaboration avec le Mali alors que le pays s’efforce de tirer profit du répit actuel pour se relever de la pire crise politique et sécuritaire qu’il ait eu à affronter depuis son indépendance en 1960.

Presque tous en  conviennent : la reprise ne sera guère facile ni automatique.

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Auteurs

Phil Hay

Communication Adviser, Development Economics, World Bank

Pierre de Senarclens
15 avril 2013

En 2012, l'assistance de la Banque mondiale était de 53,000000 $, donc quasiment rien. Aujourd'hui, il faudrait, selon vous, investir dans l'éducation de base, l'agriculture et les filets de protection sociale. Bien sûr, mais il faudrait surtout investir dans les infrastructures permettant un véritable développement, comme on le sait depuis 50 ans. Tout cela n'est pas sérieux et votre propagande pro domo est totalement illusoire.