L’éducation est le socle de bons emplois et le moyen le plus sûr de sortir de la pauvreté. Nous savons qu’une bonne éducation permet aux élèves d’acquérir des compétences fondamentales — lecture, écriture, calcul et aptitudes socio-émotionnelles — qui sont capitales dans le travail et dans la vie quotidienne. Elles aident les enfants d’aujourd’hui à devenir les travailleurs productifs de demain et permettent aux individus de se reconvertir ou d’acquérir de nouvelles qualifications.
Investir dans l’éducation est aussi un impératif économique, pour la prospérité individuelle et pour la croissance économique en général. Il est démontré qu’un niveau d’éducation avancé conduit à de meilleurs emplois (a), procure des revenus plus élevés (a) et favorise une croissance économique plus rapide (a). Les personnes ayant suivi des études supérieures obtiennent systématiquement des emplois de meilleure qualité et chaque année d’études supplémentaire augmente les revenus futurs d’une personne d’environ 10 % (a). Enfin, le niveau de capital humain, qui englobe l’éducation et la santé, explique la moitié de la différence de revenu par habitant entre les pays.
Pourtant, l’accès à de bonnes études reste hors de portée pour beaucoup trop de personnes.
Une crise des compétences qui s’amplifie
Actuellement, une crise des compétences de plus en plus grave sévit dans le monde. Près de 40 % des enfants âgés de 3 à 6 ans ne bénéficient pas d’un enseignement préscolaire (a), alors que ces années sont décisives pour le développement des compétences cognitives et émotionnelles qui sont à la base de l’apprentissage tout au long de la vie. Et pour ceux qui sont scolarisés, les résultats obtenus sont toujours aussi décevants : 70 % des enfants dans les pays à revenu faible et intermédiaire sont incapables de lire et de comprendre un court texte simple à l’âge de dix ans (a).
Les conséquences ne se limitent pas aux années d’école. Le monde du travail est au bord d’un bouleversement majeur, car les progrès rapides de la technologie modifient la nature des emplois et exigent de nouvelles aptitudes numériques et cognitives. On estime que, d’ici 2030, 60 % des travailleurs devront se reconvertir pour répondre à la demande d’un marché de l’emploi en pleine évolution (a).
Cette situation s’accompagne de changements démographiques et technologiques significatifs. Ainsi, la population jeune en Afrique devrait augmenter de 40 % d’ici 2050 (a), par conséquent des investissements judicieux dans l’éducation sont une priorité absolue.
Un plan d’action ambitieux
Face à ces défis, le Groupe de la Banque mondiale a élaboré un plan ambitieux qui vise à transformer les systèmes éducatifs et à doter les individus des compétences dont ils ont besoin, non seulement pour survivre, mais aussi pour se réaliser pleinement.
Ce plan, qui s’articule autour de la nécessité d’accélérer les mesures de renforcement des apprentissages précoces et l’acquisition de compétences professionnelles, repose sur les quatre piliers suivants.
Tout d’abord, renforcer les apprentissages dans la petite enfance (a) afin d’établir des bases solides. Ensuite, maintenir la scolarisation des enfants et s’assurer qu’ils apprennent vraiment grâce notamment à un meilleur soutien aux enseignants, à des technologies d’apprentissage adaptatives et à des mesures incitatives pour motiver les élèves. Puis, à mesure de la progression dans le parcours scolaire, développer des compétences utiles pour l’emploi, en particulier en nouant des partenariats avec le secteur privé pour proposer des formations pratiques et des programmes d’études adaptés aux besoins du marché du travail. Enfin, mettre les compétences acquises à profit en améliorant l’accès aux services d’insertion professionnelle, en encourageant l’entrepreneuriat et en proposant des programmes de reconversion pour les adultes. En résumé, l’objectif est de préparer les jeunes à entrer sur le marché du travail avec les connaissances et les compétences nécessaires pour réussir. Notre ambition est de garantir que chaque individu dispose de l’éducation, des aptitudes et des chances nécessaires pour accéder à un emploi valorisant et réaliser pleinement son potentiel.
Néanmoins, nous ne pouvons pas y parvenir seuls.
Travailler avec le secteur privé
Le secteur privé a un rôle essentiel à jouer dans la préparation des jeunes aux emplois d’aujourd’hui et de demain. Par l’intermédiaire de la Société financière internationale (IFC) — son institution dédiée au secteur privé — le Groupe de la Banque mondiale amplifiera son impact en finançant des approches innovantes destinées à renforcer l’enseignement supérieur et à créer de nouvelles possibilités de formation et d’apprentissage tout au long de la vie pour les jeunes et les adultes.
Cela implique notamment d’investir dans des technologies éducatives (a) qui élargissent l’accès à l’apprentissage et améliorent les acquis, et de collaborer avec les établissements d’enseignement supérieur afin de renforcer l’employabilité. Cela suppose aussi de nouer des partenariats avec le secteur privé afin de concevoir des programmes de formation dynamiques permettant d’acquérir les compétences adéquates au moment opportun. De tels programmes s’appuient notamment sur des stages pratiques en milieu professionnel, des dispositifs de certification avancés garantissant la reconnaissance et la transférabilité des compétences, et une progression de carrière facilitée.
Généraliser les solutions efficaces
Dans ce contexte, le Groupe de la Banque mondiale devra aussi recenser, perfectionner et reproduire les programmes et les interventions qui ont fait leurs preuves. Ainsi, au Bangladesh, un projet (a) a permis de former et d’orienter professionnellement 280 000 jeunes vers des emplois salariés. Le programme de Centres d’excellence africains pour l’enseignement supérieur (CEA) est un autre exemple : conçu pour combler le déficit critique de compétences en Afrique dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM), de l’agriculture, de la santé, de l’environnement et de l’éducation, ce programme a créé 81 centres d’excellence dans 50 universités de 20 pays, ce qui a considérablement renforcé les capacités du continent en matière d’enseignement supérieur et de recherche appliquée, tout en améliorant la qualité et la pertinence de l’éducation et des formations. Ce programme couronné de succès vient de fêter son dixième anniversaire. Par ailleurs, au Chili, IFC a collaboré avec Santo Tomás (a), l’un des principaux établissements d’enseignement privé du pays, afin de mettre en place un cadre sur mesure de services d’orientation professionnelle pour ses étudiants dans les domaines universitaire, technique et professionnel, entre autres choses. Ces initiatives ont contribué à améliorer l’accès à l’enseignement supérieur au Chili, à augmenter les taux d’obtention de diplôme et d’employabilité, et à élargir les débouchés offerts aux femmes, aux personnes issues de milieux défavorisés et aux parents qui travaillent.
Le suivi des progrès et le financement basé sur les résultats contribueront également à s’intéresser davantage à la recherche de résultats qu’aux moyens. Pour ce faire, il sera essentiel d’investir dans la collecte de données. L’exploitation des technologies numériques et de l’intelligence artificielle est également une piste incontournable, car elles proposent des outils susceptibles d’élargir l’accès à l’éducation, d’améliorer l’enseignement et l’apprentissage, et de suivre et d’évaluer les performances. Il sera en outre essentiel de soutenir les activités de formation numérique à grande échelle, y compris pour l’éducation aux médias.
Notre plan met l’accent sur les interventions rapides qui ont démontré leur efficacité, sur la créativité pour relever de nouveaux défis et sur la priorité accordée aux individus et à leur potentiel.
Le Groupe de la Banque mondiale entend agir sur une grande échelle en tant qu’institution intégrée, en tirant parti de son expertise multisectorielle, de ses financements innovants et de ses solutions fondées sur des données probantes. Différents leviers pourront être actionnés, notamment l’appui aux réformes de gouvernance, des investissements à long terme et de nouveaux outils pour mobiliser des ressources en faveur de programmes de développement, à l’image de la récente conversion de dette en Côte d’Ivoire qui a dégagé des fonds pour améliorer l’éducation dans tout le pays. Nous préparons actuellement un programme de mise en œuvre pour concrétiser toutes ces mesures et nous vous communiquerons plus de détails dès sa finalisation.
La préparation à l’emploi commence tôt et nécessite un apprentissage tout au long de la vie. Avec nos partenaires, nous pouvons et devons concevoir des solutions plus intelligentes et élargir l’accès à une éducation de qualité pour bâtir un avenir meilleur et plus équitable.
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