En cette Journée mondiale de l’eau, le Private Infrastructure Development Group (PIDG) (a) se réjouit de la réussite d’un projet (a) entrepris à Kigali pour améliorer l’approvisionnement en eau.
La grande usine de traitement, qui devrait être livrée en 2020, produira 40 mégalitres d’eau potable par jour, soit un tiers de l’approvisionnement total de la capitale du Rwanda. L’eau prélevée dans la rivière Nyabarongo sera traitée avant d’alimenter jusqu’à 500 000 usagers (particuliers, professionnels et industriels). Le projet de Kigali est un jalon important puisqu’il a donné lieu à l'un des premiers partenariats public-privé (PPP) conclus dans le secteur de l’eau en Afrique subsaharienne.
Trois membres du PIDG — à savoir l’Emerging Africa Infrastructure Fund (EAIF) (a), le Fonds d’assistance technique (TAF) (a) et le DevCo (a) — ont contribué au financement du projet à différents stades de son développement. L’EAIF, qui avait déjà apporté son soutien à deux projets innovants au Rwanda (Gigawatt Solar [a] et Kivu Watt [a]), était idéalement placé pour monter un financement à long terme au profit du promoteur Metito (a), fournisseur mondial de solutions pour la gestion de l’eau disposant de 60 ans d’expérience dans le développement et la gestion d’infrastructures hydrauliques dans les pays émergents.
L’atteinte de l’Objectif de développement durable (ODD) no 6, à savoir garantir un accès universel à l’eau potable, passera nécessairement par la réalisation de nombreux autres projets de ce type dans les pays à faible revenu d’Afrique subsaharienne et d’Asie .
Voici les enseignements clés à tirer de la réussite du projet de Kigali et dont on pourra s’inspirer pour d’autres projets.
Un financement mixte bien coordonné
Le projet a bénéficié d’un dispositif de financement mixte bien coordonné. L’EAIF s’est chargé d’organiser le financement de la station de traitement, soit 61 millions de dollars, en octroyant un prêt conjoint de 40 millions de dollars étalé sur 18 ans avec la Banque africaine de développement (BAD). L’EAIF a également levé des investissements auprès d’autres membres du PIDG afin de donner l’impulsion à un projet de développement qui n’aurait peut-être pas vu le jour autrement. L’appui financier fourni par le DevCo, mécanisme de conseil spécialisé en PPP de la Société financière internationale (IFC), a ainsi permis de structurer l’opération et son appel d’offres. Le TAF a par ailleurs débloqué un financement de 6,5 millions de dollars décisif pour atteindre le seuil de viabilité, réduire les coûts initiaux et permettre aux pouvoirs publics d’accroître le nombre de personnes reliées à un système d’adduction d’eau fiable sans hausse des tarifs — au terme de la première phase, le projet devrait bénéficier à 150 000 usagers. Grâce à ce soutien coordonné, le promoteur Metito et les autorités rwandaises ont pu disposer de l’assurance et de la sécurité nécessaires pour se lancer dans un projet novateur et abordable pour toutes les parties concernées, y compris les utilisateurs finaux.
Priorité à l’efficacité
Dans sa conception initiale, le projet comprenait la réalisation d’infrastructures de distribution indispensables pour qu’il puisse atteindre son plein impact (stations de pompage, réservoirs, conduites d’eau…). Au cours de la phase de développement, il est apparu qu’il serait plus efficace de confier une partie de ces infrastructures à la régie municipale. Metito et les autorités rwandaises ont alors passé un accord séparant la construction des équipements de production des infrastructures de distribution et confiant cette tranche de travaux à la WASAC (a), la compagnie des eaux du Rwanda, dans le cadre d’une enveloppe de financement distincte fournie par le Rwanda et la BAD. Le choix d’une approche globale pour la production et la distribution de l’eau et la recherche de solutions de financement pragmatiques ont ainsi permis de préserver des composantes clés qui profiteront aux utilisateurs des communautés voisines.
Le rôle crucial de la communication
Ce constat peut sembler simpliste, mais, de fait, la bonne communication entre toutes les parties prenantes a joué un rôle essentiel dans la réussite du PPP. Les réunions régulières conduites dans le pays entre les autorités, les prêteurs et le promoteur du projet ont garanti un processus inclusif et consultatif permanent qui a permis de mener à bien des négociations par nature délicates. Grâce à la solidité de l’équipe sur le terrain, les différents acteurs ont pu anticiper et aplanir les difficultés en consultation avec le promoteur et les pouvoirs publics.
Montrer ce qui est réalisable
En matière d’eau et d’assainissement, nous sommes encore loin d’atteindre les niveaux de financements commerciaux nécessaires pour répondre aux besoins là où ils sont les plus grands. À l’instar du PIDG, les institutions multilatérales de financement jouent un rôle précurseur dans la réduction des risques : elles montrent ce qui est réalisable et encouragent le secteur privé à investir dans des projets similaires aux côtés de partenaires publics.
J’espère que les leçons tirées du projet de Kigali aideront les pays à se rapprocher toujours plus de l’ODD n° 6 et que chaque Journée mondiale de l’eau sera l’occasion de célébrer de nouveaux progrès.
Vous trouverez de plus amples détails sur le projet ici (a).
N.B. Le contenu de ce billet ne reflète pas nécessairement l’opinion du Groupe de la Banque mondiale, de son Conseil des administrateurs, de son personnel ou des pays qu’il représente. Le Groupe de la Banque mondiale ne garantit pas l'exactitude des données, des constatations ou des analyses présentées ici.
Emilio Cattaneo est directeur exécutif de l’Emerging Africa Infrastructure Fund (EAIF) (a). L’EAIF figure parmi les membres du Private Infrastructure Development Group (PIDG) (a), une organisation multidonateurs composée également de sept pays membres (Allemagne, Australie, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède et Suisse) et de la Société financière internationale (Groupe de la Banque mondiale) par le biais du DevCo, son mécanisme de conseil spécialisé en PPP.
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