Répondre aux besoins de financement à long terme grâce aux marchés financiers locaux

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La finance alimente la croissance et le développement économiques. Mais les sources traditionnelles de financement — finances publiques, aide au développement ou emprunts bancaires — ne suffiront évidemment pas pour concrétiser les Objectifs de développement durable.

Pays développés et pays en développement se tournent donc vers les marchés financiers pour solliciter d’autres sources et attirer les ressources , les investissements et l’expertise du secteur privé.

Pour la communauté internationale du développement, l’une des grandes priorités consiste à mobiliser suffisamment de capitaux privés pour permettre aux pays émergents de couvrir leurs besoins stratégiques, comme l’amélioration des infrastructures.

Selon nos estimations et à condition d’exploiter tout le potentiel des marchés financiers locaux, les financements privés dans les infrastructures pourraient plus que doubler.  

Le Groupe de la Banque mondiale s’engage à mobiliser toute son expertise afin d’accroître le recours aux marchés de capitaux pour financer les investissements. Nous devons impérativement aider les pays à renforcer le marché de la dette publique pour mettre fin à l’extrême pauvreté et promouvoir une prospérité partagée.

À l’occasion d’un événement organisé pendant les Réunions de printemps, le mois dernier (a), des responsables politiques et des représentants du secteur public se sont penchés sur les opportunités et les défis liés au développement des marchés financiers locaux.

La semaine dernière, nous avons tenu notre conférence annuelle consacrée aux marchés des titres d’État (a), réservée à de hauts responsables de pays avancés et émergents, des investisseurs d’envergure internationale et locale et d’autres acteurs des marchés obligataires en monnaie locale.

La mise en place de marchés de la dette publique profonds et liquides est la clé d’un financement public efficace et du développement des marchés de titres à revenu fixe, capables d’étayer la croissance économique.

Les participants ont partagé leurs expériences pour renforcer les marchés des emprunts publics, sachant que les marchés obligataires et financiers de leurs pays respectifs n’en sont pas aux mêmes stades de développement. Ces échanges viendront alimenter les travaux de la Banque mondiale sur le renforcement des marchés de la dette publique, en plein essor depuis quelques années.

Les pays sollicitent le soutien de la Banque mondiale dans trois grands domaines :

  • diversification des systèmes financiers nationaux ;
  • développement des marchés de titres à revenu fixe afin de financer les infrastructures et le logement ;
  • constitution d’une solide base nationale d’investisseurs institutionnels, fonds de pension et compagnies d’assurance compris.
Conscients de ces priorités, nous adaptons notre assistance aux besoins nationaux tout en prônant des approches novatrices à l’échelle mondiale afin de concevoir des produits capables d’améliorer l’accès à des marchés financiers locaux plus profonds.

Dans certains cas, nous nous attachons surtout à renforcer l’interconnexion entre les infrastructures locales et les systèmes internationaux de compensation et de règlement. Ailleurs, nous mettons l’accent sur des programmes complets de développement du marché financier — mise en pension de titres (repo), conception d’une stratégie pour l’établissement de références, diversification de la base des investisseurs, déploiement d’une infrastructure de marchés secondaires pour améliorer les liquidités et la découverte des prix.

Dans les pays à faible revenu et les pays bénéficiaires de l’aide de l’IDA, où le potentiel des marchés pour combler les besoins financiers du secteur privé est limité, nous nous concentrons sur les marchés de titres de la dette publique.

À l’échelle mondiale, nous cherchons à innover avec, récemment, le lancement au Kenya d’un programme de placement de titres au détail via les technologies mobiles ou la création à titre pilote, engagée avec le trésor public brésilien, d’un fonds indiciel coté (ETF) piloté par les émetteurs. Grâce à une structure originale d’ETF avec des obligations d’État, conçue en concertation avec les chefs de file du secteur pour conforter la viabilité de ces fonds indiciels dans les pays émergents, cette initiative soutient le développement des marchés obligataires en monnaie locale. La Banque mondiale a participé à la structuration du produit dans le respect des normes minimales. Le gouvernement quant à lui fait appel à un gestionnaire de portefeuille privé pour gérer le fonds indiciel en exploitant la marque créée par la Banque mondiale, l’I-D ETF (Issuer-driven ETF).

Nous œuvrons également à la promotion d’un dialogue international et à la diffusion des connaissances. C’est ainsi que nous avons publié une série de documents de référence traitant de la conception de plans d’émissions de titres publics, des systèmes de spécialistes en valeurs du Trésor (opérateurs primaires), des plateformes de courtage électronique, des rachats de dette et conversions, des dispositifs de prêt de titres ou encore des marchés de mise en pension (repo).

Nous sommes donc totalement mobilisés pour aider les pays à rendre leurs marchés de titres publics plus profonds, liquides et résilients. Nous recourons pour cela à nos services de conseil traditionnels et nous renforçons notre présence au niveau de la conception et du lancement de produits susceptibles de stimuler le développement des marchés financiers — dans l’espoir que notre implication permette de mobiliser des ressources et des expertises privées supplémentaires.

Le moment est venu pour toutes les parties prenantes de faire preuve d’innovation pour soutenir le développement financier dans les économies émergentes.


Photo: Gerardo Pesantez / Banque mondiale
 

Auteurs

Ceyla Pazarbasioglu

Vice-présidente chargée de la croissance équitable, de la finance et des institutions, Groupe de la Banque mondiale