Le secteur privé, moteur du développement de la région du Sahel

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Même dans les régions les plus difficiles du monde, l’investissement et la croissance demeurent possibles. Et de toutes les régions ayant le plus besoin de développement, le Sahel figure en haut de la liste.

Vaste territoire allant de l’Atlantique au Lac Tchad et couvrant le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, la Mauritanie, et le Niger, le Sahel regorge d’une variété extraordinaire de cultures et de paysages à couper le souffle.

Cependant, c’est aussi une région largement frappée par la pauvreté, une démographie très dynamique, le changement climatique, les crises alimentaires, l’instabilité et une recrudescence de conflits coûteux en vies humaine et ayant fait déplacer des centaines de milliers de personnes. La combinaison de tous ces défis a créé une situation de fragilité sans précédent.

Pas plus tard que la semaine dernière, les Nations Unies ont, une fois de plus, tiré la sonnette d’alarme sur la recrudescence des conflits dans la région et les menaces que cette situation fait peser sur les autres pays de l’Afrique de l’Ouest.

Certes, il n’y a pas de réponses toutes faites aux défis auxquels est confronté le Sahel, mais toute solution au profit des 80 millions d’habitants de la région doit impérativement prendre en compte l’implication du secteur privé et sa contribution vitale en termes de création d’emploi, d’inclusion et de croissance économique. Le Sahel a besoin d’opportunités et d’espoir pour retrouver la stabilité et la prospérité.

Le Forum pour le financement du développement, une rencontre annuelle qui réunit experts du secteur privé et public dans l’objectif de réfléchir aux moyens à déployer pour renforcer les économies et améliorer les conditions de vie des populations, s’est tenu au début du mois à Abidjan (Côte d’Ivoire). Cette plateforme de rencontre constitue une importante opportunité pour le Sahel.

L’édition 2019 a permis d’examiner les défis liés au développement en Afrique de l’Ouest et dans la région du Sahel, et de réfléchir aux solutions à apporter. Les discussions ont notamment porté sur l’agrobusiness et la sécurité alimentaire, les infrastructures numériques, et le transport, trois secteurs clés pour créer des opportunités pour les populations dans une région où il est difficile mais pas impossible d’investir.

Au Mali, par exemple, la Société financière internationale (IFC), filiale du Groupe de la Banque mondiale dédiée au développement du secteur privé, a récemment investi 2,5 millions d’euros dans Mali Shi, une entreprise de transformation de noix de karité établie près de Bamako. Ce financement permettra à l’entreprise de construire la première usine moderne de production de beurre de karité et aussi d’accroître les revenus de 120 000 producteurs d’amandes de karité, dont la majorité sont des femmes.

Récemment, IFC a aussi aidé le Niger à mobiliser 74 millions de dollars pour son port sec à Dosso, un projet d’infrastructure stratégique pour le pays. IFC fournit également un appui financier et une assistance technique au Burkina Faso pour aider ses producteurs de coton à faire face à une pluviométrie de plus en plus imprévisible et à améliorer leur production.

Hormis le secteur agricole, les entrepreneurs représentent l’épine dorsale de l’économie de la région du Sahel. Cependant, ils font face à de nombreux obstacles en termes d’accès au financement pour soutenir leur croissance. Les grandes banques commerciales ne couvrent qu’une partie des besoins de financement des petites et moyennes entreprises. Face à cette situation, IFC s’est assignée comme mission d’apporter les solutions adaptées pour sortir les deux parties de l’impasse.

Ainsi, nous avons mis en place un programme de garantie des petits prêts, soutenu par le guichet de l’Association internationale de développement (IDA) dédié au secteur privé. Ce programme garantit, en effet, 50 % des crédits octroyés par les banques aux petites entreprises. Dans ce sens, IFC a investi 40 millions d’euros dans le réseau de la Banque atlantique, une filiale du groupe ABI (détenu par le groupe bancaire marocain Banque centrale populaire), afin de l’aider à octroyer des crédits aux entrepreneurs (es) dans huit pays d’Afrique de l’Ouest. Soulignons que ce financement vient en complément d’un autre mécanisme de partage des risques pour les Petites et moyennes entreprises (PME), doté de 37 millions de dollars, que nous avons mis en place avec le groupe Bank of Africa une année auparavant, et qui couvre plusieurs pays dans la région du Sahel (Burkina Faso, Togo, Mali, Niger et Sénégal).

Les projets de l’IFC dans la région comprennent également un investissement de 2 millions de dollars dans la Caisse régionale de refinancement hypothécaire (CRRH), un établissement spécialisé dans le refinancement hypothécaire, dans le but de faciliter à l’accès au logement en Afrique de l’Ouest. À travers son partenariat avec la CRRH, IFC a pu mobiliser près de 20 millions de dollars avec des maturités de 12 à 15 ans.

Nous sommes, certes, conscients que ces différents projets, à eux seuls, ne transformeront pas du jour au lendemain la région, mais ils illustrent la volonté d’IFC (et aussi des acteurs du développement local dans un sens plus large) d’intensifier les efforts afin de sortir cette région à fort potentiel de croissance - et en manque d’investissement - de sa situation actuelle.

Pour sa part, ces dix dernières années, IFC a investi, plus de 3 milliards de dollars dans des pays fragiles en Afrique et entend intensifier cet appui.

L’émergence d’un secteur privé fort est vitale pour la région du Sahel parce que cela est synonyme de création d’emplois, de nouvelles opportunités et d’espoir pour les populations locales, notamment les jeunes, leur permettant ainsi de contribuer aux efforts de construction et de stabilisation de leurs pays.

 


Auteurs

Aliou Maiga

IFC’s Regional Director for West and Central Africa

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