Renforcer la résilience financière des éleveurs au Mali face à la sécheresse

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Selon la Note sur la situation économique du Mali en 2023 de la Banque mondiale intitulée « Renforcement de la résilience financière des éleveurs face à la sécheresse », l'économie malienne a montré des signes de résilience malgré les sanctions de la CEDEAO, l'inflation alimentaire élevée et les infestations parasitaires qui ont affecté la production de coton. La croissance du PIB est estimée à 1,8 %, soutenue par la reprise de l'agriculture vivrière et la résilience de l'or et des télécommunications. L'inflation annuelle moyenne a augmenté pour atteindre 9,7 % en 2022, principalement en raison de l'augmentation du coût des denrées alimentaires.

La croissance économique reste insuffisante pour réduire la pauvreté

Selon les estimations, le taux de pauvreté au Mali a fortement augmenté, passant de 15,9 % en 2021 à 19,1 % en 2022, en raison de la croissance négative du PIB par habitant (-0,9 % par habitant) et de l'inflation alimentaire élevée (13,9 % en 2022) , affectant de manière disproportionnée les ménages les plus défavorisés qui allouent une part relativement plus importante de leur budget aux dépenses alimentaires. Le rapport souligne que la réponse politique du gouvernement pour atténuer les impacts de l'inflation alimentaire et énergétique sur les ménages a entraîné un rééchelonnement du processus de consolidation budgétaire.

Les perspectives pour 2023 sont soumises à des risques liés au calendrier électoral et au resserrement des conditions financières

Des retards supplémentaires dans le processus électoral pourraient déclencher de nouvelles séries de sanctions de la CEDEAO. L'augmentation du coût du financement sur le marché régional, étant donné les besoins élevés de financement intérieur brut du Mali, est l’autre risque important apparu au cours des 12 derniers mois. Le resserrement de la politique monétaire s'est traduit par une hausse des rendements des bons du Trésor à 6 -12 mois et des obligations du Trésor à 5 ans pour les pays de l'UEMOA. Les risques de liquidité et de refinancement ainsi que les difficultés des finances publiques qui en découlent, pourraient peser sur l'économie au sens large et sur la société, en réduisant les dépenses sociales et les investissements, et en accentuant potentiellement l'accumulation des arriérés.

Figure 1 : Croissance du PIB, contributions de l'offre et taux de pauvreté

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Figure 1 : Croissance du PIB, contributions de l'offre et taux de pauvreté
Source : Simulations du personnel de la Banque mondiale

Des pertes économiques importantes, une volatilité de la croissance et une augmentation significative de la pauvreté sont attendues à la suite de chocs liés au changement climatique au Mali

Le Mali a déjà été sévèrement exposé à des sécheresses récurrentes, à des inondations et à des invasions de criquets pèlerins avec des répercussions économiques et sociales majeures.  Entre 1970 et 2020, le pays a subi pas moins de 40 chocs majeurs. La sécheresse, par exemple, aurait touché environ 400 000 personnes par an et réduit les revenus agricoles liés aux cultures de 9,5 millions de dollars par an.

Selon le rapport 2022 de la Banque mondiale sur le changement climatique et le développement (CCDR), la région du Sahel est l'une des plus vulnérables au changement climatique. En effet, la plupart des scénarios climatiques prévoient une hausse des températures dans la région, tandis que les précipitations devraient devenir plus irrégulières. Le rapport CCDR estime que le PIB annuel du Mali pourrait être réduit de 10,7 % en raison du changement climatique d'ici 2050 si aucune mesure d'adaptation n'est prise. L'élevage (15% du PIB au Mali) est très vulnérable aux chocs climatiques. 

Le financement et l'assurance des risques de catastrophes (DRFI) fournissent des mécanismes qui peuvent être utilisés pour réduire les impacts socio-économiques négatifs des chocs climatiques tels que les sécheresses

Les mécanismes de DRFI visent à accroître la résilience financière des pays, des ménages et des agriculteurs face au climat, en fournissant un financement ciblé et opportun en réponse à un choc ou en prévision d'un tel choc.  L’arsenal des outils DRFI comprend des instruments basés sur le marché (par exemple, des régimes d'assurance, des obligations et des swaps de catastrophe), un financement contingent (par exemple, un crédit) et des outils budgétaires (par exemple, un fonds de réserve dédié ou un budget d'urgence). Dans un contexte d'augmentation des risques liés au climat dans le secteur agricole, une étude de faisabilité a été menée dans les pays du Sahel afin d'évaluer la faisabilité d'une solution régionale de financement et d'assurance des risques de catastrophes basée sur un indice (IBDRFI).

L'IBDRFI utilise des observations par satellite pour anticiper la disponibilité du fourrage pour les activités d'élevage et fournir un soutien opportun aux éleveurs en cas de sécheresse majeure. Le rapport indique qu'environ 15 % de la superficie du Mali se prête à des solutions IBDRFI pour les éleveurs, tandis que 10 % supplémentaires le pourraient moyennant une analyse plus approfondie, ce qui représente plus de 60 % du cheptel national.


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