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Les retombées de la Conférence de Durban ? Partie II

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Les négociateurs des 194 délégations nationales n'ont pas volé leur salaire à Durban. Toutefois, sur les 20 000 personnes qui ont assisté à la conférence, bien plus de la moitié n'était pas des négociateurs. Que faisaient-ils donc là ? Certains étaient venus pour rendre compte, d'autres pour protester, mais la plupart étaient occupés à partager les meilleures pratiques, à passer des contrats, à présenter de nouvelles technologies et des constats récents, et à presser les négociateurs à passer à l'acte. Il y avait là des centaines d'entreprises spécialisées en technologie, des financiers, des ONG, des universitaires, des spécialistes du développement et des représentants des gouvernements.

Le message qu'ils cherchaient à transmettre, c'est qu'à l'extérieur les choses bougent toujours davantage et avec toujours plus de dynamisme. L'action entreprise n'en restera pas là, mais pour atteindre le niveau nécessaire, il faudra que les gouvernements et les négociateurs mettent en place un cadre réglementaire transparent, prévisible et cohérent.

Les priorités du Groupe de la Banque mondiale

C'est fondamentalement le même message que l'équipe du Groupe de la Banque mondiale a présenté à Durban, car le Groupe souhaite donner forme aux programmes d'action des 130 pays qui lui ont demandé d'appuyer prioritairement leurs activités liées au changement climatique. Voici quelques-unes des campagnes du Groupe qui ont suscité un vif intérêt :

L'électrification en Afrique

L'an dernier, plus de 250 milliards de dollars ont été investis de par le monde dans les énergies renouvelables, dont plus de la moitié dans des pays en développement, ce qui représente une multiplication par cinq en six ans seulement. Il faut maintenant tripler la hauteur des investissements pour parvenir au but. Cependant, 65 % des ménages d'Afrique n'ont toujours pas l'électricité. La menace que constitue le changement climatique doit contribuer à accélérer et non à entraver leur accès à l'électricité, ce qui implique de leur donner accès aux financements de l'action climatique.

Durban a coïncidé avec le lancement de grands projets d'électrification fondés sur les énergies renouvelables, tant dans le nord (Projet d’Ouarzazate au Maroc) que dans le sud du continent (Stratégie de l'Afrique du Sud pour les énergies renouvelables). Ces deux projets sont appuyés par le Fonds pour les technologies propres, l'un des fonds d'investissement climatiques. D'autres pays du continent, tels que le Kenya et le Mali ont présenté des plans ambitieux en faveur des énergies renouvelables.

Les petits exploitants, acteurs et pas seulement victimes Les agriculteurs comptent parmi les plus touchés par le changement climatique, mais ils ont aussi un rôle essentiel à jouer pour résoudre le problème. Le carbone qui est si préjudiciable en haute atmosphère, est des plus bénéfiques lorsqu'il est piégé dans les sols ou les végétaux d’où il contribue à augmenter les rendements et à les préserver des chocs climatiques. En Afrique tout particulièrement, l'augmentation des investissements aurait de triples retombées sur l'agriculture : l'amélioration des rendements et de la sécurité alimentaire, une meilleure résistance des cultures, et un piégeage accru du carbone. Avec la collaboration de l'Union africaine et de l'Afrique du Sud, nous avons réuni les défenseurs de cette révolution agricole : Kofi Annan, le président sud-africain Jacob Zuma, le Premier ministre de l'Éthiopie, Meles Zenawi, Sri Mulyani Indrawati, Jean Ping, Eric Solheim, Mary Robinson, Sheila Susulo et d'autres encore, pour lancer un nouveau programme-cadre pour la mise en œuvre d'une agriculture intelligente face au climat en Afrique.

Relier les marchés du carbone

Même si un calme plat est tombé sur les marchés du carbone depuis environ un an en raison du fléchissement de la demande et de la confiance, ils reprendront de plus belle quand le monde s'attellera sérieusement à la question de l'adaptation. La raison est simple : les marchés du carbone permettent de résoudre le problème à meilleur coût, en contribuant au transfert de fonds et de technologies vers les pays en développement. Dans l'intervalle, on voit dans le monde entier des pays qui adoptent leurs propres instruments de marché qui pourraient à terme constituer la trame d'un réseau mondialisé. Vingt-cinq pays sont désormais membres du Partenariat pour le développement des marchés du carbone, un programme de 80 millions de dollars visant au renforcement des capacités et au partage des expériences. Durban était l'enceinte idéale pour des pays tels que la Chine, l'Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud, l'Australie et les pays de l'UE qui ont pu partager ce qu'ils avaient appris de l'adoption de mécanismes fondés sur le jeu des marchés, et inciter d'autre pays à leur emboîter le pas.

Priorité aux petits États insulaires, et pas seulement pour l’adaptation

Nul n'ignore qu'il faut aider les PEID à s'adapter aux changements climatiques, et de fabuleux programmes sont d'ores et déjà en cours, même s'ils n'ont nulle part l'envergure requise. Toutefois, ces pays veulent aussi faire partie de la solution en ayant accès aux technologies fondées sur l'énergie renouvelable, ce qui aura également pour effet de favoriser leur adaptation. Certains PEID consacrent de 10 à 20 % de leur PIB aux importations d'énergie, et nombre d'entre eux paient le KWh entre 20 et 50 cents. À Durban, nous avons pu faire le point des progrès enregistrés dans ce domaine, et avons accueilli un nouveau donateur, le Japon, dans le programme Banque mondiale/PNUD qui vise à mobiliser des financements en vue de l'accès aux énergies renouvelables, en collaboration avec l'AOSIS, ce qui contribuera à dégager des ressources pour investir dans l'action d'adaptation et d'autres priorités.

Liberté d'accès aux données en vue de la prise de décision Il existe dans le monde pléthore de données sur le changement climatique, mais elles sont globalement peu accessibles, d'une précision variable, et souvent présentées de manière peu conviviale pour les décideurs. Il y a un an de cela, Bob Zoellick, le Président de la Banque mondiale, a annoncé que nos vastes archives de données sur le développement seraient gratuitement ouvertes à tous, y compris l'ensemble des données brutes. Durant les mois qui ont précédé la Conférence de Durban, nous avons massivement investi pour offrir le même traitement en ce qui concerne les données sur le climat. Nous avons inauguré ce nouveau portail à Durban (ainsi qu'un « Concours applications » dont l’objet est de fournir aux décideurs des applications conviviales utilisables dans leurs fonctions) ; nous engagerons une action intensive auprès de nos pays clients et de nos partenaires pour faciliter l'utilisation du portail, notamment ses fonctions d'élaboration de projections en vue de l'élaboration de programmes pour l'adoption de politiques de développement sobres en carbone et à l'abri des chocs climatiques. Allez voir par vous-même.

Et bien sûr… La finance et le Fonds vert. Mais ce sera pour la prochaine fois...


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