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Qu’est-ce qui coûte 260 milliards de dollars par an à la planète ?

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De nos jours, l’accès à un téléphone portable est plus répandu que l’accès à des sanitaires. Au rythme actuel, on manquera à près d’un demi-milliard de personnes près la cible des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) relative à l’assainissement. Quant à la cible relative à l’eau potable, même si elle a été atteinte dès l’année dernière, on compte encore près d’un milliard de personnes dans le monde qui sont privées d’accès à une source d’eau potable améliorée.

Les experts de l’eau et de l’assainissement n’ignorent rien de ces statistiques, pas plus que la communauté du développement en général. Mais ce que l’on appréhende sans doute moins bien, c’est le coût économique de cette crise de l’eau et de l’assainissement.

Pour les pays en développement, le manque d’assainissement et d’approvisionnement en eau entraîne des pertes annuelles avoisinant 260 milliards de dollars (a), soit 1,5 % de leur PIB. La réalisation simultanée des OMD en matière d’eau et d’assainissement représenterait un gain supérieur à 60 milliards de dollars par an sachant que, pour un dollar investi, des interventions conjointes sur ces deux plans rapportent 4,3 dollars.

L’essentiel des gains réalisés (plus de 70 %) tient au temps économisé dans les déplacements pour atteindre les installations sanitaires et les équipements d'alimentation en eau, ainsi que dans l’attente une fois arrivé à destination. Ces chiffres plaident fortement pour des investissements dans des services d’eau et d’assainissement, par opposition à des interventions telles que les programmes de vaccination qui ne sont axées que sur la santé. D’autres bénéfices sont observables mais difficilement quantifiables soit parce que l’absence de données sous-jacentes interdit toute estimation soit parce qu’il est difficile de convertir certains effets en équivalents monétaires. On peut citer notamment l’amélioration de la qualité de l’eau dans les lacs, les cours d’eau et sur le littoral, le gain net de terres rendues utilisables (grâce à la collecte des excréments humains), la hausse de la valeur foncière des biens et l’augmentation des rentrées touristiques. Concernant ce dernier point, l’étude de l’Initiative pour l’économie de l’assainissement (Economics of Sanitation Initiative, ESI) consacrée à l’Asie du Sud estime les pertes touristiques au Cambodge, en Indonésie, aux Philippines et au Viet Nam à environ 350 millions de dollars par an.

Étant donné ces bienfaits incontestables et l’importance des retours sur investissement, les dirigeants doivent se mobiliser, à l’échelle des pays et de la planète, pour assurer le financement de la réalisation des OMD : 115 milliards de dollars pour l’assainissement et 30 milliards de dollars pour l’adduction d’eau (dans les pays qui n’ont pas encore atteint cet OMD). La communauté internationale doit aussi veiller à axer ses efforts sur les pays qui en ont le plus besoin et, dans ces pays, sur les populations les plus démunies.

Outre qu’elle modifie la donne en termes de réduction de la malnutrition, d’amélioration de la santé des enfants et d’accès à l’eau potable et de qualité de vie pour les populations marginalisées, la disponibilité d’installations améliorées d’alimentation en eau et d’assainissement a un impact sur le niveau de pauvreté. Ce qui fait de l’investissement dans ces équipements une variable cruciale pour installer un développement socio-économique équitable et durable. Pour cela, l’eau potable et l’assainissement doivent être au cœur des discussions sur les objectifs et les cibles post-2015. Nous devons être plus ambitieux que nous ne l’avons été jusqu’ici. Nous devons inciter les pouvoirs publics à voir plus loin que le seul raccordement des ménages. Il faut mesurer la qualité de l’eau potable, réduire les rejets des eaux non traitées et des eaux usées dans la nature et promouvoir l’hygiène dans les lieux publics (les écoles et les dispensaires par exemple).

Prenez part à notre discussion en ligne jeudi 14 février 2013 à 9h00, heure de Washington. Une séance de questions/réponses en direct sera organisée à cette occasion. (a)


Auteurs

Guy Hutton

Senior Advisor, UNICEF WASH Section

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