La tarification du carbone fait partie des outils les plus efficaces dont disposent les responsables publics pour décarboner l’économie. Pourtant, ces instruments ne concernent actuellement qu’un quart des émissions mondiales et, outre cette couverture insuffisante, le prix du carbone reste trop bas.
Pour libérer le plein potentiel de la tarification du carbone et faire en sorte qu’elle permette de réduire fortement les émissions, il faut non seulement définir une orientation stratégique claire, mais aussi surmonter les difficultés de l’économie politique. Il s’agit d’un équilibre délicat où sont souvent en jeu les préoccupations locales, les intérêts sectoriels, les capacités institutionnelles et le paysage politique en général.
Pour libérer le plein potentiel de la tarification du carbone et faire en sorte qu’elle permette de réduire fortement les émissions, il faut non seulement définir une orientation stratégique claire, mais aussi surmonter les difficultés de l’économie politique. Il s’agit d’un équilibre délicat où sont souvent en jeu les préoccupations locales, les intérêts sectoriels, les capacités institutionnelles et le paysage politique en général.
Les pays en développement présentent des difficultés politiques spécifiques en la matière, dont notamment le risque que la tarification du carbone entraîne des préjudices sur la situation des groupes vulnérables. Cependant, il existe désormais une mine d’expériences qui montrent comment, dans divers pays ou collectivités territoriales, il est possible d’éviter ces écueils grâce à des interventions stratégiques et des politiques bien conçues.
- Une large adhésion : les politiques de tarification du carbone bénéficiant d’un soutien large et solide dans divers secteurs de l’économie sont à la fois politiquement plus acceptables et stables ; elles pourront se pérenniser et gagner en ambition même en cas d’alternance politique.
- Un dialogue réel avec les parties prenantes : une véritable collaboration avec les parties prenantes, qui s’attache à prendre en compte l’avis des différents groupes concernés, aboutit souvent à un ensemble de mesures bien conçu.
- Des champions dédiés : bien que la présence de défenseurs influents ne soit pas indispensable à la réussite des politiques, ces derniers peuvent être des agents de communication puissants et faire en sorte que la tarification du carbone reste au centre de l’attention même si les priorités du moment changent. Les champions qui exercent des fonctions gouvernementales sont souvent les plus efficaces.
- Des moments propices : une fois établie la nécessité d’une tarification du carbone, il n’y a généralement pas de moment défini pour l’adoption d’une telle politique ; on observe au contraire que les pays ont souvent tiré parti de moments propices, y compris en période de crise économique.
- Un écosystème de politiques : la faisabilité d’une mesure de tarification du carbone est d’autant plus forte qu’elle s’accompagne de politiques et d’actions complémentaires qui permettent de mettre en place des systèmes de soutien. S’il est en phase avec la tarification du carbone, cet écosystème peut contribuer à en garantir l’efficacité.
- Une démarche par itération : les phases pilotes fournissent des informations qui permettent d’améliorer et affiner une politique avant son lancement, mais ce n’est qu’un début. Pour réussir, un système de tarification du carbone doit évaluer régulièrement ses performances au regard des objectifs et des besoins d’amélioration, en procédant notamment à des ajustements quant à sa portée, sa couverture et son ambition.
- Un climat de confiance : les entités soumises à des réglementations ont souvent du mal à s’adapter à de nouvelles mesures, mais en agissant de manière vigoureuse auprès de ces entités — par la communication, le renforcement des capacités ou des mesures punitives en cas de non-respect de la réglementation —, les autorités renforcent la confiance dans le système.
Le rapport Balancing Act: The pursuit of Ambitious Carbon Pricing in Developing Countries (a) examine ces aspects et d’autres encore à l’aide de plusieurs études de cas issues de pays en développement. Produit et diffusé dans le cadre du programme de connaissances du Partenariat pour la mise en place de marchés du carbone (PMI) (Banque mondiale), ce rapport s’inscrit dans notre volonté de rendre accessibles à tous les connaissances acquises sur l’économie politique de la tarification du carbone. Notre souhait est qu’il soit utile aux décideurs politiques et à leurs conseillers qui, dans l’ensemble du monde en développement, sont en quête d’informations et de solutions pour mener de l’avant leurs propres projets de tarification du carbone.
Le contenu de ce billet sert de préface au rapport Balancing Act : The pursuit of Ambitious Carbon Pricing in Developing Countries (a). Ce rapport a été publié à l’occasion de l’édition 2024 de la conférence Innovate4Climate 2024 (a), évènement phare de la Banque mondiale dédié à l’action climatique et consacré cette année aux marchés et au prix du carbone.
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