Au mois d’avril dernier, lors d'une conférence du Département britannique pour le développement international (DFID) sur les objectifs de développement pour le Millénaire, j'ai soutenu que l'Afrique était en mesure d'atteindre les ODM, peut-être pas d'ici 2015, mais du moins peu de temps après. Voici pourquoi :
1. Bien que la majorité des pays africains soient en retard pour la plupart des ODM, l'Afrique est sans doute, depuis le milieu des années 1990, le continent qui a accompli les progrès les plus importants en vue de leur réalisation.
Le taux de pauvreté a diminué d'environ 1 % par an. Certains signes montrent qu'après avoir stagné un certain temps, la mortalité infantile en Afrique commence à chuter. Des pays comme le Rwanda, l'Éthiopie, la Gambie et le Malawi ont vu leur taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans diminuer de 25 à 40 % au cours de la dernière décennie.
En ce qui concerne le taux d'achèvement des études primaires, si vous prenez l'année 1999 comme point de départ, les progrès les plus rapides ont été accomplis en Afrique et en Asie du Sud. Même si cela est dû au fait que ces deux régions avaient les taux d'achèvement des études primaires les plus bas, il est important de noter que, contrairement aux périodes précédentes, le taux de croissance en Afrique est le plus élevé.
2. Depuis le milieu des années 1990, les progrès accomplis par l'Afrique en vue d'atteindre les ODM sont dus à la croissance économique et à l'amélioration de la fourniture de services.
La croissance économique s'est accélérée après 1995. Elle a été soutenue pendant une décennie et s'est encore accélérée jusqu'au début de la crise économique mondiale de 2008. Non seulement la croissance économique moyenne de l'Afrique était d'environ 5 % par an pendant cette période (pour atteindre 6,2 % en 2007), mais elle a aussi été relativement partagée.
22 pays africains non exportateurs de pétrole ont bénéficié d'une croissance annuelle moyenne supérieure à 4 % de 1998 à 2008. La croissance, pour sa part, était due à la combinaison de l'accroissement des ressources externes (aide, annulation de la dette, envois de fonds et apports de capitaux privés), de l'augmentation des prix des produits de base, d'une économie mondiale en expansion, et de l'amélioration des politiques économiques.
En second lieu, certains pays africains ont pris conscience que l'argent seul ne permettrait pas d'atteindre les ODM et ont mis en place des programmes pour améliorer la fourniture des services de base. Le programme du Rwanda « paying-for-performance » (rémunérations en fonction de la performance), qui a augmenté les incitations afin d'encourager les professionnels de la santé à fournir des services, a contribué à améliorer considérablement les indicateurs de santé du pays, comme le montre la comparaison entre les infrastructures médicales qui étaient engagées dans le programme et celles qui ne l'étaient pas.
3. Alors que l'Afrique a probablement été le continent le plus durement touché par la crise économique mondiale, la réponse des dirigeants africains a permis d'en atténuer les répercussions et a préparé le terrain pour que le continent bénéficie de la reprise mondiale.
En plus d'avoir à faire face à une chute brutale de la croissance (de 5 % en 2008 à 1,7 % en 2009), plongeant 7 à 10 millions d'Africains supplémentaires dans la pauvreté et entraînant la mort de 30 000 à 50 000 autres jeunes enfants de moins d'un an, les dirigeants africains ont été confrontés au fait que les bénéfices des réformes économiques qu'ils poursuivaient depuis une décennie ont soudain diminué.
Plutôt que de ralentir ou de revoir ces réformes, ils ont, dans l'ensemble, continué à poursuivre des politiques économiques prudentes pendant la crise. Les pays qui avaient un espace fiscal (grâce à des politiques prudentes avant la crise), tels que la Tanzanie et la Zambie, ont eu des déficits fiscaux modérés ; ceux qui n'en avaient pas, tels que le Ghana, ont enregistré des déficits fiscaux. Certains pays ont accéléré leurs réformes. En conséquence, la croissance économique devrait atteindre environ 4 % cette année, ce qui reste encore en deçà des niveaux antérieurs à la crise, mais représente un redressement plus rapide que ceux que l'Afrique a connus lors des crises précédentes.
En mettant tous ces points bout à bout, j'en conclus qu'avec un important effort de la part des gouvernements africains, de la société civile, du secteur privé et de la communauté internationale, l'Afrique peut atteindre les objectifs de développement pour le Millénaire, si ce n'est d'ici 2015, alors peu de temps après.
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