Durant les années 1980s et les débuts 1990s, beaucoup de pays africains ont entrepris des réformes afin de développer leur secteur financier. Les secteurs financiers dans les pays africains demeurent toutefois parmi les moins développés de la planète. En Afrique, le développement financier dans la zone CFA est encore plus limité. Pourquoi ? Dhaneshwar Ghura, Kangni Kpodar et moi-même examinons précisément cette question.
Les institutions financières opèrent avec une information incomplète. Les entrepreneurs cherchant un financement ont plus d’informations sur leur projet que les banques. Des projets qui diffèrent quant à leur chance de succès ne peuvent être différenciés par les banques. Les banques doivent collecter plus d’information ou exiger des garanties pour ne financer que les projets les plus prometteurs. Dans un tel environnement, la gouvernance, les droits de propriété, ou l’information sur les risques bancaires peuvent jouer un rôle de premier plan.
Nous considérons un échantillon de 40 pays sur la période 1992 à 2006 et trouvons que l’écart de développement financier entre la zone CFA et les autres pays d’Afrique peut s’expliquer par des différences dans la qualité des institutions, notamment la disponibilité des informations sur les risques créditeurs et la protection et une bonne définition des droits de propriété, facteurs sur lesquels les décideurs peuvent avoir une influence. Si la libéralisation du secteur financier et la stabilité macroéconomique sont certes nécessaires, elles ne sont pas pour autant des conditions suffisantes.
Que peuvent donc faire les pays de la zone franc ? Ils peuvent développer l’information sur les risques créditeurs et renforcer les droits des créanciers.
Ces efforts sont néanmoins complexes. La couverture des centrales de risques existantes devrait être élargie et inclure autant d’information que possible sur le profile des créditeurs. Ce développement devrait se réaliser cependant tout en respectant la sphère privée et en protégeant d’une manière appropriée la confidentialité des informations. Renforcer le droit des créanciers requiert des changements législatifs relatifs au remboursement des prêts et à la réalisation des garanties.
La réalisation des garanties dépend à son tour sur un enregistrement approprié des droits de propriété et du développement d’un cadastre dans les villes ainsi que dans les campagnes. Finalement, une réforme des cours de justice est nécessaire pour améliorer l’application du cadre légal.
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