Pour élever un enfant en bonne santé, il faut tout un système sanitaire, ou encore toute une nation. Et ceci est bien véridique ici en Amérique latine (a) ou ailleurs dans le monde.
Tel est le grand message d'une petite vidéo que la Banque a récemment lancée, mettant en vedette un dessin animé d’un petit nouveau-né de sexe féminin nommé Maya. Dans cette vidéo, la petite Maya pleure à profusion, de nombreuses fois, mais ses larmes ne sont pas la triste conséquence d'une maladie ou d’un malaise, mais plutôt d’un bébé bien à l’aise. Les larmes de Maya sont des larmes de joie, car Maya est un bébé en bonne santé. Maya a sa propre page sur Facebook où vous pouvez suivre son développement vers l’âge adulte.
Avons-nous vraiment besoin qu’un dessin animé nous affirme que les systèmes sanitaires sont d’une grande importance ? En principe, non. Des spécialistes dans de nombreux domaines ont reconnu depuis longtemps que seul un système de santé bien conçu peut assurer que des services adéquats et une protection financière soient disponibles pour tous tout au long du cycle de vie.
Fonctionner d’une manière fragmentaire mène tout simplement à rater trop de besoins et d'opportunités, et peut être même aboutir à des activités faisant double emploi ou étant contradictoires.
Mais en pratique, la notion du «renforcement du système sanitaire» s'est avérée difficile à vendre au public. Durant la dernière décennie, l’investissement mondial dans la lutte contre les maladies a pris de l’ampleur. Ce qui a suscité un nouvel élan vers la cause de la santé mondiale.
Pourtant, jusqu'à présent, seule une petite part de l'argent ou de l'attention a été réservée à la mise en place de systèmes sanitaires plus adéquats. Pourquoi? Une des raisons est une question de simples métriques. Il est difficile de compter le nombre de décès ou de maladies que vous pouvez conjurer par une simple amélioration du système sanitaire. En revanche, investir dans des intrants ou des maladies spécifiques semble promettre des résultats plus clairs et plus calculables.
Cependant, l'expérience de la dernière décennie a prouvé que même les placements les plus étroitement réalisés dépendent d'un système de santé solide et bien soutenu pour atteindre ou maintenir leur potentiel. D’autre part, les systèmes bien conçus s’avéreront plus importants dans les années à venir, vu que les pays sont de plus en plus confrontés aux maladies non transmissibles, pour lesquelles les intrants spécifiques sont rarement pertinents.
Une autre raison, je pense, c’est le marketing. En tant que marque, le mot «système» laisse certes à désirer. Cela semble abscons, pas de visage humain, et pourra même rappeler aux gens que leurs ordinateurs sont défectueux. Donc, si les cordons de la bourse se connectent aux fibres du cœur, il n'est pas étonnant que le mot «systèmes» n'ait pas inspiré les gens de la même façon que les campagnes fleuries de compassion. (Pour rappeler que la marque est très importante, pensez à ce qui s'est passé quand la «légine australe» est devenue le «loup de mer chilien.")
Pourtant, quelques systèmes ont plus d'impact positif sur l’homme que les systèmes sanitaires. Cela devient évident, par exemple, à chaque fois que:
- Un système de surveillance sensible aide à détecter une épidémie naissante à son état d’embryon ;
- Une bonne couverture d'assurance protège contre une baisse des soins médicaux au cours d'un marasme économique ;
- Des incitations claires ayant pour but de motiver les employés du système sanitaire à délivrer aux clients le meilleur d’eux-mêmes ;
- Une bonne gestion de la santé réduit les taux de tabagisme, alcoolisme, et d'abus de sel.
Maya est notre façon de mettre un visage humain à un système de santé. Son voyage heureux de la conception à la naissance saine est venu à propos, car des dizaines de services et des fonctions différentes ont travaillé ensemble, en synergie parfaite. Elle nous rappelle que le système sanitaire va au-delà de ses propres parties intégrantes.
Il s’agit ici des règles et des relations qui font que ces pièces occupent leurs places et travaillent à l'unisson, avec des résultats réels et durables. C'est pourquoi au cours de la dernière décennie, la Banque mondiale n’a cessé de réorienter son soutien à la santé, en Amérique latine et aux Caraïbes, vers le renforcement des systèmes sanitaires à travers des approches qui produisent des résultats.
Nous soutenons des programmes qui appartiennent aux pays et qui sont mis en œuvre par les pays (non pas des projets de la Banque mondiale) dans des domaines tels que:
- Disponibilité d’une couverture d’assurance pour les démunis, renforcement de la responsabilisation des prestataires de services;
- Renforcement des systèmes de santé publics pour promouvoir des comportements plus sains;
- Intégration des systèmes de soins du niveau primaire au tertiaire.
Une approche axée sur les résultats sera liée au flux de fonds pour des réalisations spécifiques dans les domaines suivants: couverture, qualité, services ainsi que toute autre étape importante. Durant l’examen de ces résultats, des évaluations rigoureuses ont permis de prouver la puissance multiplicative du renforcement des systèmes.
Par exemple, en Argentine, une nouvelle approche de la responsabilisation a augmenté considérablement le nombre et la qualité des visites prénatales dans les provinces pauvres. En conséquence, les nourrissons dans les provinces participantes ont une meilleure chance de survie avec un bon poids et une meilleure santé à la naissance. Tout ceci grâce a un nouveau système incitatif qui anticipe que les bonnes choses arrivent au bon moment comme c’est le cas pour Maya.
Nous ne pourrons jamais avoir les instruments nécessaires pour mesurer l’impact exact de chaque amélioration du système de santé (même si des efforts sont déjà déployés pour améliorer notre précision, comme l’a mentionné dans son blog (a) mon collègue Cristian Baeza). Cependant, l'expérience de l’Argentine (a) ainsi que de nombreux autres pays a démontré que bien que Maya ne soit qu’un simple dessin animé, les résultats qu'elle représente sont tout sauf fictifs.
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