Malgré de riches ressources naturelles et une population dynamique, le progrès économique a été lent au Cameroun avec un revenu par habitant qui aujourd’hui est inférieur à celui des années 80. Quelles sont les raisons ? Une gouvernance déficiente, les conflits et l'insécurité, ainsi que le changement climatique ont épuisé les ressources publiques et élevé le risque de surendettement du pays. Avec un taux d'épargne et des niveaux d'investissement bien inférieurs à ceux des pays structurellement similaires comme la Côte d’Ivoire ou le Ghana, le Cameroun peine à financer son propre développement. Mais tout espoir n'est pas perdu !
Imaginez un Cameroun où le gouvernement collecte suffisamment d'impôts pour construire de nouvelles écoles et des routes, améliorer l’éclairage public ou encore fournir des soins de santé de qualité. La réalité est malheureusement différente. Avec un ratio impôts sur PIB de seulement 11,3 %, le Cameroun est à la traîne par rapport à ses pairs régionaux comme la Côte d’Ivoire ou le Sénégal. Plus alarmant encore, 73 % des recettes fiscales non pétrolières du pays proviennent de seulement 0,5 % des entreprises. Il est clair que le potentiel inexploité est immense.
La Revue des finances publiques (RFP) de la Banque mondiale appelle à une réforme budgétaire complète, en mettant à profit les efforts actuels du gouvernement. En élargissant l'assiette fiscale, améliorant la conformité et en réduisant les exonérations excessives, le Cameroun pourrait accroître la justice et l'équité de son système fiscal et augmenter ses recettes jusqu'à 6 % du PIB, et ainsi assurer le financement durable de ses services publics.
Dépenser mieux : faire en sorte que chaque franc CFA compte
Générer plus de revenus ne suffit pas. Le Cameroun doit également mieux gérer ses dépenses. Une trop grande partie du budget est dirigée vers des dépenses inefficaces et improductives, au lieu de l’être vers l'investissement dans le capital humain, les infrastructures ou d'autres priorités stratégiques. Des lacunes dans l’exécution budgétaire ont conduit à des dépenses excessives, non contrôlées par des mécanismes appropriés. En conséquence, le pays est exposé à un risque élevé de surendettement, les arriérés de paiement intérieurs représentant à eux seuls 4 % en moyenne du PIB.
Mais cette situation est porteuse d’opportunités : en réorientant les ressources vers des investissements à fort impact et en rationalisant les processus d’exécution budgétaire, le Cameroun pourrait économiser jusqu'à 3 % de son PIB chaque année, ce qui pourrait financer le développement à long terme et améliorer les conditions de vie dans tout le pays.
Investir dans les ressources humaines : le plus grand atout du Cameroun
Au cœur du chemin du Cameroun vers la prospérité se trouve sa population. Alors que le capital humain est le moteur de toute économie florissante, les dépenses publiques du Cameroun dans l'éducation et la santé restent beaucoup trop faibles. Les dépenses consacrées à ces secteurs vitaux représentent moins de 5 % du PIB, ce qui oblige les citoyens à payer de leur poche plus de 70 % de leurs dépenses de santé – l'un des taux les plus élevés au monde – et expose les familles défavorisées à un lourd fardeau de dépenses liées à l'éducation. Les filets de protection sociale sont presque inexistants, représentant seulement 0,16 % du PIB.
Pour briser le cycle de la pauvreté, la Revue des finances publiques exhorte le Cameroun à augmenter les investissements dans le capital humain, en particulier dans les régions les plus pauvres, et à améliorer l'efficacité des services publics. En assurant un accès équitable à une éducation et à des soins de santé de qualité, le pays peut constituer une main-d'œuvre capable de stimuler une croissance durable et ainsi répondre à ses aspirations de développement contenues dans la Vision 2035.
Autonomisation des communautés locales : pour une décentralisation budgétaire effective
Pour que de véritables progrès soient réalisés en matière de développement, les collectivités territoriales décentralisées doivent gagner en autonomie. La décentralisation budgétaire est clé, mais à l'heure actuelle, ces dernières ne reçoivent que 3 % du budget national. Par conséquent, elles n'ont pas les ressources financières et matérielles nécessaires pour fournir efficacement des services adaptés aux besoins réels de la population.
Le renforcement des systèmes budgétaires locaux, la réduction de la bureaucratie, la rationalisation des fonds alloués aux collectivités territoriales décentralisées et le renforcement des capacités peuvent insuffler un changement. Il est essentiel de donner aux communautés locales les moyens de prendre le contrôle de leur propre développement pour créer un Cameroun plus inclusif et plus prospère.
Le chemin vers la Vision 2035
Pour atteindre son objectif de devenir une économie à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, le pays doit s'engager dans un audacieux parcours de transformation budgétaire. Le chemin à parcourir est difficile, mais il en vaut la peine. En faisant les bons choix, le Cameroun peut transformer les défis budgétaires d'aujourd'hui en opportunités de demain, ouvrant ainsi la voie à un avenir meilleur et plus équitable.
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