Le système de santé de Madagascar est mis à rude épreuve par la pandémie de Coronavirus (Covid-19) et les écoles sont fermées jusqu'à nouvel ordre. Par conséquent, la santé, l'éducation et le bien-être général de la population malgache sont de plus en plus menacés. Alors que la pandémie frappe chaque jour davantage de pays, le Groupe de la Banque mondiale et d'autres organisations s'efforcent d'apporter un soutien immédiat aux pays afin de mettre rapidement des ressources à disposition de ceux qui sont en première ligne du combat contre le coronavirus.
S’agissant de Madagascar, nous venons d'approuver, au terme de plusieurs mois de discussion, un financement à l’appui des politiques publiques de développement d'un montant de 100 millions de dollars. Ce type de financement, plus connu sous son acronyme en anglais, DPF, apporte un soutien budgétaire général aux pays qui s'engagent dans des réformes. À Madagascar, celles-ci s'articulent autour de trois grands axes : des ressources humaines mieux formées dans les secteurs de l'éducation et de la santé, des ressources financières plus transparentes et prévisibles et, des garanties juridiques plus solides pour protéger les femmes et les enfants.
La lutte contre la pandémie de Covid-19 ne faisait pas partie des objectifs explicitement visés par cette opération. Néanmoins, celle-ci pourra permettre d'endiguer les régressions probables en matière de santé et d'éducation dans le pays et de protéger les personnes les plus vulnérables. Voici comment :
- En élargissant les filets de protection sociale afin de couvrir un plus grand nombre de personnes parmi les plus pauvres et de soutenir ainsi celles qui subiront de plein fouet un ralentissement de l'économie. L'une des principales réformes vise à étendre la couverture des filets sociaux du pays, en utilisant l'argent public (jusqu'à ce jour, ces programmes étaient financés par la Banque mondiale).On estime à 30 000 le nombre de familles supplémentaires qui seront protégées grâce au nouveau financement de la Banque mondiale.
- En facilitant le versement de fonds aux établissements de première ligne pour aider les cliniques sous-équipées à assurer des soins essentiels. Comme l'a récemment souligné le Fonds monétaire international, l'augmentation des dépenses de santé permettra de sauver des vies. Les 3 000 cliniques de Madagascar disposent rarement de ressources suffisantes pour assurer un fonctionnement de base, bien que des fonds leur soient réservés dans le budget national. Le financement de la Banque mondiale appuie les réformes du secteur de la santé afin d'éliminer les goulets d'étranglement dans la transmission des fonds, de sorte que les établissements de première ligne disposent du budget nécessaire à leur fonctionnement.
- En renforçant la protection juridique contre les violences faites aux femmes. Il est prouvé qu'en période de crise, comme à la suite de l'ouragan Katrina aux États-Unis ou du séisme de Christchurch en Nouvelle-Zélande, les violences faites aux femmes augmentent (a). À cet égard, la nouvelle loi malgache contre les violences sexistes, adoptée en décembre 2019, offre une protection accrue aux femmes et aux enfants.
- En décaissant rapidement l'aide budgétaire pour compenser les chocs macroéconomiques par un financement anticyclique. L'augmentation des ressources publiques permettra de continuer à fournir des services essentiels pendant la crise et d'acheter des produits d'urgence (tests de dépistage du coronavirus, respirateurs et autres fournitures).
Comme indiqué plus haut, cette opération n'a pas été conçue pour répondre à la crise actuelle, mais elle offre la flexibilité nécessaire pour soutenir Madagascar pendant la pandémie. Alors, comment de futures opérations de ce type pourraient-elles contribuer à limiter l'impact d'une pandémie sur le capital humain ? Voici quelques pistes de réflexion :
- Des plans d'intervention en cas de pandémie sectoriels ou globaux. Les gouvernements du monde entier mettent en place des plans de lutte contre la pandémie, axés sur des politiques de dépistage, de gestion des cas, de quarantaine et d'autres mesures de sécurité publique. L'adoption et le déclenchement de ces plans pourraient faire partie des réformes soutenues par des DPF.
- Des politiques qui étendent les filets de protection sociale pour accroître leur efficacité en cas de choc, notamment grâce à des programmes d'alimentation scolaire. À Madagascar, par exemple, les filets de sécurité seront un outil essentiel pour protéger les familles confrontées aux conséquences du coronavirus. Pour de nombreux enfants, l'école est synonyme non seulement d’accès aux apprentissages, mais aussi d’apports nutritionnels. Il serait donc salutaire d'adopter des politiques de maintien ou d'extension de l'alimentation scolaire, comme ce qui se fait actuellement au Ghana (a).
- Des cadres réglementaires pour la prestation de services éducatifs lorsque les écoles sont fermées. Dans les contextes plus développés, cela pourrait passer par la négociation de services de données gratuits avec les sociétés de télécommunication, ou le libre accès à certains sites internet offrant des contenus pédagogiques. C'est notamment ce qui a été recommandé pour des pays d'Europe et d'Asie centrale (a). Pour les pays disposant de moins de ressources technologiques, il pourrait s'agir de mesures telles que de nouveaux programmes d'enseignement à la radio ou la diffusion de contenus éducatifs par la télévision nationale.
- De nouveaux programmes destinés aux parents dans leur rôle d'enseignants de substitution. Ces programmes pourraient être diffusés par SMS ou WhatsApp et fournir des consignes ou des conseils hebdomadaires (structurés par âge ou par niveau scolaire) sur ce que les parents peuvent faire afin d'aider leurs enfants à poursuivre leur apprentissage. Des programmes simples de ce type ont eu des effets positifs considérables (a) sur le temps passé à la lecture à la maison.
Les effets de la pandémie seront étendus et profonds, mais leur durée dépendra de notre capacité à protéger la santé, l'éducation et les compétences des individus. La situation que nous connaissons aujourd’hui est intrinsèquement incertaine, mais une chose est claire : les DPF constitueront une part importante de la réponse du Groupe de la Banque mondiale à la crise du coronavirus. Au fur et à mesure de la conception de ces opérations, nous continuerons d'aider nos clients à investir dans leurs populations, afin que ce défi mondial ne devienne pas une crise du capital humain pour les générations à venir.
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