Des données internationalement comparables sur les acquis des élèves ouvrent la voie à une réforme de l’enseignement en Afrique

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En Afrique, la plupart des parents vous diront que l’éducation de leurs enfants est l’investissement le plus important qu’ils puissent faire. Au cours de la dernière décennie, l’accès à l’école a considérablement progressé, et, aujourd’hui, dans des pays comme le Bénin, le Cameroun, le Rwanda et la Zambie, le taux net de scolarisation au cycle primaire est supérieur à 90 %. Cependant, à l’échelle du continent africain, le taux d’achèvement de l’école primaire et le taux d’alphabétisation des jeunes restent bien trop faibles.

L’Afrique est loin d’être la seule région à se demander comment concrétiser les espoirs mis dans l’éducation et faire en sorte que celle-ci soit effectivement une voie de sortie de la pauvreté. En effet, il est urgent que tous les pays du monde s’emploient à améliorer la qualité de l’éducation : ce but fait désormais partie des nouveaux Objectifs de développement durable qui ont été adoptés en 2015 par les Nations Unies.
 
Pour commencer, il est impératif de pouvoir mesurer de façon rigoureuse la qualité de l’éducation. Dans ce domaine également, les avancées sont considérables. L’Afrique francophone s’y est notamment attelée et dispose désormais de données internationalement comparables sur les acquis à l’école primaire grâce à des tests auxquels ont été récemment soumis les élèves de deuxième année et de cinquième année.
 
Ces résultats, qui proviennent du PASEC (Programme d’analyse des systèmes éducatifs en Afrique subsaharienne francophone), montrent l’ampleur du problème : 71 % des élèves de deuxième année n’ont pas un niveau de français suffisant, et environ 59 % des élèves de sixième année présentent de graves lacunes en mathématiques. Ces données sont publiées à un moment charnière pour l’Afrique.
 
Le nombre d’enfants qui entrent à l’école et de jeunes en âge de travailler ne cesse d’augmenter. En prenant la pleine mesure du problème de la qualité de l’éducation et en suivant sur la durée les progrès vers l’objectif des « apprentissages pour tous », on évitera à des millions de jeunes d’être pris au piège du sous-emploi et de la pauvreté.
 
Les résultats du PASEC indiquent qu’il faut en premier lieu se pencher sur les conditions d’acquisition de connaissances dans les classes qui accueillent les enfants les plus pauvres. On observe dans chaque pays des différences de niveau entre les enfants des familles les plus aisées et les enfants des familles les plus démunies. Ainsi, au Bénin, au Cameroun et au Togo, les écarts de niveau de maîtrise de la langue sont significatifs et constants entre les élèves de cinquième année dont les parents savent lire, écrire et compter et ceux dont les parents sont analphabètes.
 
Les dix pays qui ont participé en 2014 à la série de tests du PASEC doivent être félicités pour les efforts qu’ils ont consentis en vue de sonder leurs systèmes éducatifs, repérer les problèmes de qualité et y remédier. Il s’agit du Bénin, du Burkina Faso, du Burundi, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, du Niger, de la République du Congo, du Sénégal, du Tchad et du Togo. Ces pays disposent à présent de données internationalement comparables qui peuvent les aider à nourrir le dialogue sur les politiques publiques, à promouvoir une réforme de leur système d’enseignement et à encourager la coopération internationale en matière d’apprentissage.
 
Nombre de pays accordent aujourd’hui la priorité à l’amélioration de la qualité de leur système d’enseignement. Les données telles que celles provenant du PASEC peuvent être cruciales pour repérer les lacunes, pour mesurer les progrès et pour faire avancer les réformes. Des pays tels que la Jordanie et la Tunisie s’appuient sur des données internationales pour évaluer et orienter les récentes réformes des programmes scolaires et de la formation des enseignants. De son côté, la Gambie évaluent  les acquis pour améliorer l’enseignement des mathématiques et des sciences, ainsi que les compétences et le déploiement des enseignants.
 
Si les premières données internationalement comparables sur la scolarisation dans le primaire (qui ont été collectées à la suite de la déclaration en faveur de l’Éducation pour tous) ont permis de mieux cerner le problème de l’accès à l’école, les résultats du PASEC mettent aujourd’hui en évidence le problème de la qualité de l’enseignement dans les pays d’Afrique subsaharienne francophones. À l’avenir, à mesure que les données du PASEC s’étofferont, il sera plus facile d’observer l’impact des réformes et des investissements.
 
La Banque mondiale apporte un appui technique aux pays qui participent au PASEC dans le cadre d’une initiative plus vaste qui vise à améliorer la qualité de l’éducation sur l’ensemble du continent africain. Cette campagne régionale consiste à évaluer ce que savent les enseignants, documenter ce qu’ils font en classe, et à conditionner les financements à la réalisation d’objectifs bien précis, comme le fait actuellement le projet Big Results Now in Education en Tanzanie. Dans le cadre de cette initiative, des objectifs spécifiques pour améliorer les résultats des élèves en mathématiques et en sciences ont été fixés et des analyses destinées à recueillir de nouvelles données sur les stratégies efficaces ont été lancées.
 
Quand la scolarité n’est pas de qualité, on ne peut pas parler pas d’éducation au vrai sens du terme. Nos enfants doivent bénéficier d’une scolarité de qualité si nous voulons assurer leur avenir et celui de leur communauté, et si nous voulons que l’Afrique dispose des talents et des compétences scientifiques et techniques dont les économies ont besoin au XXIe siècle.


Auteurs

Makhtar Diop

Directeur général et vice-président exécutif d’IFC

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