Plus de 40 % des Congolais tirent leurs revenus de l’agriculture. Cependant, nombreux sont ceux qui peinent à prospérer en raison de pratiques agricoles traditionnelles ne leur permettant pas d'améliorer la productivité et de générer des revenus suffisants pour répondre aux besoins des ménages et briser le cycle de la pauvreté.
Cette piètre performance est principalement due à l’absence d’options de financement abordables et à la réticence des institutions financières - comme les institutions de microfinance et les banques commerciales - à investir dans le secteur agricole. En effet, ces institutions perçoivent des risques opérationnels et financiers élevés, du fait de la faible capacité technique des agriculteurs, des impacts du changement climatique, ainsi que de la faiblesse des mécanismes de gouvernance liés à la sécurité foncière. L’absence de mécanismes de financement abordables entrave considérablement la transformation de la chaîne de valeur agricole et l’amélioration des moyens de subsistance des agriculteurs. Pour offrir une alternative, le Projet de développement de l’agriculture commerciale (PDAC), financé par la Banque mondiale en République du Congo, a mis en place un mécanisme de financement de contrepartie pour les microprojets agricoles. Cette initiative, conjuguée à la remise en état des routes de desserte, a apporté un soutien considérable aux petits exploitants agricoles et a permis un « coup de pouce » pour améliorer les moyens de subsistance de milliers de ménages vivant de l’agriculture.
Un « coup de pouce » aux effets significatifs sur les moyens de subsistance
Entre 2019 et 2023, 1 130 groupements de petits exploitants agricoles, représentant 13 180 bénéficiaires, ont reçu environ 14 116 francs CFA (23,5 dollars) à titre de « subvention de contrepartie » du projet PDAC, avec une contribution de contrepartie de 5 % (soit environ 705,80 francs CFA ou 1,17 dollar). Les groupes autochtones ont reçu une « subvention de contrepartie » sans condition de contribution financière de leur part.
Les investissements du PDAC ont eu de nombreux effets positifs :
- L’augmentation de la superficie des exploitations de 3 ha à 30 ha en moyenne dans les savanes et de 0,5 ha à 5 ha en zone forestière, grâce à l’utilisation systématique des tracteurs pour le labour, le semis et les traitements phytosanitaires ;
- La disponibilité de légumes sur les marchés tout au long de l’année, et l'augmentation significative des rendements du manioc et du maïs, grâce à l’utilisation de plants améliorés et d’engrais ;
- Le renforcement de l’élevage avicole, qui a permis de produire 14,5 millions d’œufs, contribuant ainsi à l’arrêt des importations d’œufs dans le pays ;
- Le PDAC a également remis en état et entretenu 1 634 km de routes de desserte, y compris des voies navigables. Cela a permis de réduire la durée et les coûts des trajets, avec notamment une réduction de 37,5 % des frais de déplacement sur la route de desserte de Pamba à Odzaka Oko (département de la Cuvette) et de 38 % sur les voies navigables le long des rivières Libenga, Motaba (département de la Likouala) et Ndeko (département de la Cuvette). Ces améliorations ont également permis de réduire les pertes post-récolte pour de nombreuses denrées.
Affiner les critères d'éligibilité des microprojets au financement de contrepartie
La forte demande de produits agricoles a généré des revenus financiers substantiels permettant aux bénéficiaires de diversifier et de maintenir leurs investissements. Actuellement, plus de 80 % des 1 130 groupes bénéficiaires assurent la pérennité de leur activité. Par ailleurs, 10 à 15 % des groupes ont fait faillite en raison d’une mauvaise organisation interne, d’un manque de compétences et d’une mauvaise gestion financière. Le PDAC a donc renforcé les capacités de plusieurs organismes pour promouvoir l’apprentissage entre pairs et une gestion efficace des affaires.
Assurer la durabilité et la diversification des investissements des petits exploitants agricoles exige d’accroître les investissements des institutions de microfinance dans le secteur agricole et d’utiliser des critères d’éligibilité rigoureux pour sélectionner les micro-projets susceptibles de réussite. Ces critères incluent le respect par le groupe des normes de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA), la preuve d'une expérience pertinente, et les capacités techniques et managériales du dirigeant du groupe.
En outre, pour garantir les bénéfices durables du « coup de pouce », le gouvernement doit disposer des capacités techniques, financières et institutionnelles nécessaires pour entretenir les routes de desserte et les voies navigables améliorées après la fin du projet.
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