#L’AfriqueAgit pour l’éducation : L’avenir des enfants d’Afrique de l’Ouest et centrale se construit aujourd’hui à l’école

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Le Sahel de demain se construit à l?école aujourd?hui Le Sahel de demain se construit à l’école aujourd’hui

« Efficace bouclier contre l’extrémisme et l’obscurantisme, l’éducation est ce qui impacte le plus positivement la lutte contre la pauvreté et les inégalités, qui renforce le tissu social en éduquant à la citoyenneté et qui impulse le développement socio-économique durable, concourant ainsi à la stabilité et la sécurité des États, » a déclaré le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani, qui accueillait le Sommet sur l’éducation au Sahel à Nouakchott le 5 décembre 2021.

À cette occasion, les dirigeants de Mauritanie, du Niger, du Mali, du Burkina Faso et du Tchad ont ratifié une déclaration qui fera date, appelant à la création d’une coalition sahélienne visant à mettre l’éducation au centre de leurs stratégies de développement et transformer ainsi l’avenir de chaque enfant et de chaque jeune au Sahel.  

Le Livre blanc pour l’éducation au Sahel lancé par la Banque mondiale à l’occasion du sommet montre que, malgré les progrès réalisés dans l’accès à l’éducation, les enfants sahéliens restent laissés pour compte. Entre 2005 et 2018, les taux d’inscription dans la région ont presque doublé pour l’éducation primaire et triplé dans le secondaire. Pourtant, près de neuf élèves sur dix n’atteignent pas les niveaux attendus en lecture et en écriture, à la fin du primaire. Ce constat est notamment dû au fait que deux élèves sahéliens sur cinq n’achèvent pas leur éducation primaire et que les filles, en particulier, sont exposées à l’abandon scolaire. En outre, les défis au développement d’un système éducatif inclusif et performant se trouvent encore renforcés par les crises combinées de la COVID-19, des conflits et du changement climatique. Ces fléaux réunis viennent peser sur le bien-être socio-émotionnel de millions d’apprenants.

Le Sahel, prêt à étendre les innovations en matière d’éducation à base communautaire

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Le Sahel, prêt à étendre les innovations en matière d’éducation à base communautaire
@ Banque mondiale//Dorte Verner

Il reste beaucoup à faire, et c’est la raison d’être de la Déclaration de Nouakchott. Chaque année, plus d’écoles et d’enseignants sont nécessaires pour répondre à la croissance démographique rapide. Les économies, en pleine évolution et de plus en plus connectées, ont également besoin de compétences et de cursus adaptés aux réalités de terrain. Par ailleurs les fermetures d’écoles, qu’elles soient dues à la pandémie de COVID-19 ou aux menaces à la sécurité, sont venues aggraver les inégalités existantes.

Au cours des dernières décennies, les sociétés du Sahel ont su développer leur résilience et innover grâce à des solutions à base communautaire, souvent conduites par les parents et les communautés. En 1989, le ministère de l’Éducation mauritanien a ainsi confié la responsabilité de la construction des écoles aux associations de parents. En l’espace d’un an, près de 1 000 salles de classe de qualité ont été bâties, ce qui représentait plus de quatre fois l’objectif initial. Un programme similaire a vu le jour au Burkina Faso, ciblant les filles et les zones rurales. Il a permis de réaliser des progrès sensibles en matière d’accès à l’éducation secondaire, tant pour les filles que pour les garçons. Cette approche s’est révélée bénéfique pour tous les enfants, quelle que soit leur origine.

Les solutions à base communautaire permettent aussi de faire un meilleur usage des infrastructures scolaires existantes. Au Sénégal, le Projet d’amélioration de la qualité et de l’équité dans l’éducation de base, financé par l’Association internationale de développement (IDA) de la Banque mondiale, a aidé les écoles coraniques, communément appelées daaras, à offrir à leurs élèves les compétences de base. Au total, quelque 14 000 élèves de 100 daaras ont déjà bénéficié du projet initial, qui est en cours d’extension et devrait atteindre 36 000 élèves.

Leçons de l’Afrique de l’Ouest et centrale

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Projet pour l’autonomisation des filles et le dividende démographique au Sahel (SWEDD)
@ Banque mondiale/ Stephan Gladieu

Ces dernières années, des pays comme le Ghana ou la Sierra Leone ont introduit des politiques ambitieuses tournées vers les acquis de l’apprentissage. Au Nigéria, l’État d’Edo a lancé une réforme globale de son système s’appuyant sur les technologies numériques ainsi que les sciences de l’apprentissage, afin d’améliorer les modes d’enseignement et d’apprentissage. Les approches multisectorielles, notamment le Projet pour l’autonomisation des filles et le dividende démographique au Sahel (SWEDD), qui couvre neuf pays de la région, aident à maintenir les filles au sein du système scolaire, à travers l’engagement avec les leaders religieux et les communautés, en offrant des espaces sûrs et des transports pour les filles.

Dans le prolongement de son Livre blanc pour l’éducation au Sahel, la Banque mondiale prépare une nouvelle Stratégie régionale pour l’éducation en Afrique de l’Ouest et centrale, qui comprendra une feuille de route d’interventions en vue de s’attaquer à la crise de l’apprentissage au niveau de l’éducation de base, de promouvoir l’éducation des filles et d’offrir une seconde chance aux jeunes adultes analphabètes qui ont décroché du système scolaire ou n’ont jamais été scolarisés. La stratégie bénéficie des apports d’un large éventail d’experts et de parties prenantes, consultés à travers la région. 

À l’heure de la réunion d’engagement des donateurs pour la 20è reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement (IDA), qui se tient cette semaine, l’éducation et le capital humain occuperont une place centrale parmi les objectifs. Il s’agit pour la région de rattraper les pertes en matière d’apprentissage dues à la COVID-19 et de garantir des espaces éducatifs de meilleure qualité et plus sûrs, en particulier pour les filles. Étant donné l’engagement fort exprimé par les plus hautes autorités et l’importance de l’éducation pour soutenir et cultiver les générations à venir, il est temps d’aider les pays à mettre en œuvre ces réformes prioritaires, afin de mieux répondre aux besoins des enfants et des jeunes adultes d’Afrique de l’Ouest et centrale !

 

Ce billet fait partie d'une série de publications consacrées aux solutions visant à garantir une reprise résiliente après la pandémie de COVID-19 dans les pays les plus pauvres du monde. Pour les informations les plus récentes, suivez @WBG_IDA et #IDAworks. 


Auteurs

Ousmane Diagana

Vice-président, Afrique de l’Ouest et centrale, Afrique

Mamta Murthi

Vice-présidente de la Banque mondiale pour le Développement humain

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