En tant que président du comité de pilotage du Projet d’Appui aux Investissements dans le secteur de la santé au Cameroun, j’ai été agréablement surpris par le caractère innovant de l’approche « financement basé sur la performance » ainsi que par son impact transformateur.
Le financement basé sur la performance est une approche de développement qui, comme son nom l’indique, attribue des financements aux hôpitaux et autres centres de santé en fonction de la façon dont les patients sont pris en charge. Dans le cadre de nos efforts visant à étendre l’accès aux soins de base aux populations au niveau local au Cameroun, ce modèle a vite démontré qu’il pouvait entraîner un changement profond et systémique, et ce plus particulièrement dans un pays qui souffre d’une faiblesse endémique dans les services de soin et de santé au niveau institutionnel.
Introduit dans un premier temps au niveau local, le financement basé sur la performance a prouvé qu’il ne s’agissait pas simplement d’une expérience pilote réussie mais d’un véritable vecteur de changement, et ce malgré le scepticisme à l’égard de la démarche qui consiste à mettre l’accent sur les résultats.
Tout d’abord, ceci nous a permis de mieux comprendre et analyser le secteur de la santé dans les communautés concernées par le projet. L’idée selon laquelle le personnel de la santé disposait d’une autonomie et de ressources pour mettre en œuvre des solutions pratiques face aux défis locaux a produit des résultats sans précédents et une réaction positive des communautés bénéficiaires du programme. Ceci est en partie dû à la réaction rapide et l’engagement de tous les acteurs. Et, croyez-moi, mettre en place le PBF a requis une certaine audace de la part de tous ces acteurs !
Par exemple, dans de nombreux centres de santé et hôpitaux, nous avons pu constater des améliorations considérables dans l’utilisation des services de santé maternels et infantiles. Notons aussi que la qualité des services de santé a augmenté de façon substantielle, en moyenne de 60%, tout comme le nombre de patients satisfaits en hausse de 30%.
Ces améliorations ont été possible grâce au fait que le PBF apportait des solutions pratiques locales aux problèmes structurels du système de santé que le niveau central peine à résoudre, tels que l’approvisionnement continu en médicaments, la gestion rationnelle des ressources humaines, la prise en charge des populations les plus démunies ou éloignées des centres de soins.
Le financement basé sur la performance a non seulement justifié sa pertinence mais mieux encore démontré son utilité, le secteur de la santé étant plus que jamais sommé de faire ses preuves après des années de résultats linéaires.
Et nous sommes sur le point d’y arriver ! Du fait des résultats enregistrés, le projet s’étendra des quatre régions méridionales actuelles (Littoral, Nord-Ouest, Sud-Ouest et Est) vers les trois régions septentrionales (l’Extrême-Nord, Le Nord et l’Adamaoua).
Un volet communautaire du PBF sera introduit dans ces régions (les plus pauvres du pays) pour s’attaquer au problème du faible recours aux soins de santé. Si les défis restent importants, ce programme constitue la première étape d’un plan qui consiste à étendre cette pratique à l’échelle du pays tout entier.
Nous sommes heureux d’y travailler avec nos partenaires de la Banque mondiale ainsi que les autres institutions qui apportent un soutien technique et financier.
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