Publié en 2010, le rapport inaugural de la collection « Africa Development Forum » intitulé Infrastructures africaines : une transformation impérative, est le fruit d’un concours de circonstances inhabituel : rarement les donateurs auront mobilisé autant de fonds pour assurer la collecte de données primaires et la conduite de travaux analytiques sur les infrastructures ; rarement la direction de la Banque mondiale aura affecté autant de moyens humains sur autant d’années à l’étude de ces questions ; et rarement un projet visant à réunir des informations sur les infrastructures aura réuni un tel éventail de parties prenantes, y compris les grandes instances régionales d’Afrique. Le facteur déclenchant est à rechercher dans l’engagement politique pris au plus haut niveau en faveur des infrastructures en Afrique, à l’occasion du sommet du G8 de Gleneagles, en 2005, sur la base du rapport pour l’Afrique de la commission Blair.
Le projet a véritablement pris son envol lorsque les principales conclusions de ce rapport — à savoir que le coût des services d’infrastructure africains est deux fois plus élevé qu’ailleurs ; que la médiocrité des équipements ampute chaque année le taux de croissance de 2 % et réduit de 40 % la productivité des entreprises ; et que l’intégration régionale est la clé de la baisse des coûts infrastructurels — ont été portées à l’attention des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine lors de leur sommet d’Addis-Abeba de 2009, par le biais d’une vidéo de cinq minutes diffusée en même temps pour le public sur des écrans géants installés sur la place principale de la capitale éthiopienne (cette présentation t est encore accessible sur YouTube).
D’autant que les chaînes de télévision et de radio africaines ont pris le relais, ainsi que quantité de médias écrits dans le monde entier. L’ouvrage a permis aux journalistes africains de couvrir la question des infrastructures avec des éléments étayés. Il continue de faire partie des références incontournables en Afrique et suscite encore de multiples contacts de la part de lecteurs aux quatre coins de la planète.
L’analyse s’appuie sur un vaste corpus de résultats et a donné lieu à des rapports thématiques sur quatre grands secteurs — les TIC (a), l’énergie (a), les transports (a) et l’eau (a) — ainsi qu’à 15 documents de référence, 21 documents de travail, 28 rapports nationaux, cinq rapports infrarégionaux et une base de données accessibles en ligne couvrant plus de 1 000 indicateurs, sans oublier un atlas des infrastructures couvrant pratiquement tout le continent. Tous ces documents sont consultables sur le site : www.infrastructureafrica.org (a).
Quel a été l’impact de ces travaux ? Le rapport a contribué à accroître la visibilité du défi des infrastructures en Afrique et, ce faisant, à susciter des apports financiers grandissants. Il a entre autres attiré l’attention sur la situation désastreuse du secteur de l’énergie, dont personne n’avait encore véritablement pris la mesure. Comme l’observe une étude récente de Brookings (a), « les financements provenant des trois principales sources externes de fonds en faveur des infrastructures en Afrique subsaharienne ont été multipliés par trois entre 2004 et 2012, sans pratiquement aucun signe de ralentissement des investissements pendant la récession mondiale… C’est le secteur de l’énergie qui a bénéficié le plus de cette accélération des investissements étrangers depuis 2009, attirant aujourd’hui 45 % de tous les apports extérieurs. » Le rapport Infrastructures africaine : une transformation impérative a par ailleurs inspiré le Programme pour le développement des infrastructures en Afrique de l’Union africaine, qui trace la feuille de route pour parachever l’intégration régionale à l’horizon 2040.
S’il y a eu ici et là des efforts de suivi, aucun n’est parfaitement d’actualité. La Banque africaine de développement avait accepté la charge de perpétuer la collecte de données pour le projet dans la durée. Par ailleurs, un certain nombre d’acteurs se sont lancés dans des projets circonscrits de mise à jour des informations, dont par exemple un récent travail de Brookings sur l’évolution des financements (a) et plusieurs études à paraître du Pôle mondial d’expertise en Énergie et industries extractives de la Banque mondiale sur des projets indépendants d’énergie, la privatisation des services publics ou les échanges énergétiques régionaux.
Cinq ans plus tard et après une période d’intenses changements et autres initiatives, une révision du rapport serait plus que bienvenue. Et il n’y a pas de temps à perdre si l’on veut présenter un document exhaustif pour le 10e anniversaire de ce travail…
Graphique 1 : Un aide-mémoire des principaux messages du rapport
Graphique 2 : La couverture médiatique de l’ouvrage dans la presse anglophone et francophone
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