L’urbanisation ne se limite pas à l’extension d’une seule ville dans un pays. En fait, on peut considérer les villes d’un pays comme un portefeuille d’actifs qui se distinguent les uns des autres par notamment leur taille, leur emplacement et la densité de leur peuplement. Les petites villes, par exemple, facilitent les économies d’échelle internes, comme l’accueil d’une grande entreprise qui transforme des produits agricoles locaux. Les villes secondaires parvenues au stade intermédiaire d’urbanisation facilitent les économies de localisation en favorisant des liaisons entre des entreprises intervenant dans le même secteur. Les grandes villes se situant à un stade avancé d’urbanisation facilitent les économies d’urbanisation grâce à une base économique diversifiée qui favorise l’innovation.
La Revue de l’Urbanisation intitulée “ Pour une Urbanisation Diversifiée” s’inspire du cas de la Côte d’Ivoire pour proposer une typologie des villes pour soutenir la transformation économique du pays: connecteurs globaux, connecteurs régionaux et connecteurs locaux. Chaque type de villes requiert une approche différenciée en matière de planification, connectivité, d’écologisation et de financement des besoins en infrastructure.
Abidjan, San-Pédro et Yamoussoukro sont les connecteurs globaux naturels de la Côte d’Ivoire. La région du Grand Abidjan est prédominante, avec environ 20 % de la population totale, 80 % des emplois formels et 90 % des entreprises formelles. C’est une zone urbaine avancée qui se heurte aux mêmes défis que les régions métropolitaines à travers le monde. Le port de San-Pedro — entièrement construit dans le cadre du premier plan de développement — est la principale porte de sortie des produits agricoles destinés à l’exportation ; il était censé être relié par voie ferrée au cœur de la zone minière de l’ouest (Man et ses environs). Yamoussoukro est la capitale depuis les années 1980, bien que l’administration publique nationale reste encore basée à Abidjan. La ville abrite l’une des écoles polytechniques les plus réputées d’Afrique francophone, ce qui pourrait établir un pont entre des entreprises nationales et étrangères de technologie dans le cas où l’infrastructure des technologies de l’information et de la communication (TIC) venait à être portée à l’échelle des normes internationales.
Les connecteurs régionaux de la Côte d’Ivoire sont reliés à la région de l’Afrique de l’Ouest par cinq corridors. Le corridor nord relie Abidjan à Ouagadougou par une liaison routière et ferroviaire qui passe par Bouaké (deuxième ville du pays), Korhogo (capitale de la région septentrionale, comptant près de 200 000 habitants) et Ferkessédougou (une ville secondaire de 75 000 habitants). À l’est, la Côte d’Ivoire est reliée à Lagos (Nigéria) par une route qui traverse Aboisso et Noé du côté ivoirien et trois capitales de l’Afrique de l’Ouest (Accra au Ghana, Lomé au Togo et Cotonou au Bénin). Toujours à l’est, une autre liaison avec le Ghana (passant par Koumassi et Tamale) traverse Adzopé, Abengourou et Bondoukou. Abidjan est reliée à Nzérékoré en Guinée par une route qui traverse Yamoussoukro, Daloa et Man, dont chacune compte plus de 150 000 habitants et se trouve dans une région riche en ressources agricoles, minérales ou touristiques. À l’ouest, une autre liaison vers Monrovia au Libéria traverse Grand-Lahou, Sassandra, San-Pedro et Tabou le long du golfe de Guinée. Si nous tenons compte du seuil de 100 000 habitants, les villes secondaires suivantes situées le long de trois corridors régionaux constituent les principaux connecteurs régionaux : Adzopé et Abengourou (corridor de l’est), Bouaké et Korhogo (corridor du nord) et Daloa et Man (couloir de l’ouest).
Les petites villes de Côte d’Ivoire pourraient être des pôles générateurs d’économies d’échelle pour l’agro-industrie. Tandis que les régions du sud-ouest contribuent fortement à la production et à l’exportation de cultures de rente, les zones de savane peuvent aider à intensifier la production de vivres et de céréales pour approvisionner les centres urbains nationaux et régionaux. Sur le long terme, avec le déplacement de la boucle du cacao des régions orientales et centrales vers le sud (avec le port de San Pedro en point de mire), le changement climatique et la conjoncture économique internationale pourraient une fois de plus déplacer le cœur de ces zones de production de cultures de rente. Compte tenu de l’accroissement des disparités régionales en Côte d’Ivoire, de bonnes connexions entre l’arrière-pays agricole des villes secondaires et les capitales régionales stratégiques peuvent aider les petits exploitants à se moderniser dans les filières agroindustrielles.
Une urbanisation bien gérée peut accélérer l’accession de la Côte d’Ivoire au statut de pays à revenu intermédiaire. Avec une population urbaine représentant la moitié de la population totale du pays en 2014, le revenu national brut (RNB) par tête de la Côte d’Ivoire est de 1 450 dollars (graphique 1). La Géorgie, le Guatemala et l’Indonésie, trois pays appartenant à des continents différents et ayant un taux d’urbanisation proche de celui de la Côte d’Ivoire, affichent un RNB par tête de 3 570 dollars, 3 340 dollars et 3 580 dollars, respectivement. Un tel écart de RNB par tête signifie que les moteurs sous-jacents de l’urbanisation ne sont pas totalement mis à contribution en Côte d’Ivoire. Une meilleure gestion de l’urbanisation peut favoriser des activités qui génèrent des rendements plus élevés sur le plan de la croissance économique et de la création d’emplois à travers l’expansion du secteur manufacturier (graphique 2).
Pour diversifier l’urbanisation, les décideurs ivoiriens doivent agir de toute urgence sur quatre fronts :
La Revue de l’Urbanisation intitulée “ Pour une Urbanisation Diversifiée” s’inspire du cas de la Côte d’Ivoire pour proposer une typologie des villes pour soutenir la transformation économique du pays: connecteurs globaux, connecteurs régionaux et connecteurs locaux. Chaque type de villes requiert une approche différenciée en matière de planification, connectivité, d’écologisation et de financement des besoins en infrastructure.
Abidjan, San-Pédro et Yamoussoukro sont les connecteurs globaux naturels de la Côte d’Ivoire. La région du Grand Abidjan est prédominante, avec environ 20 % de la population totale, 80 % des emplois formels et 90 % des entreprises formelles. C’est une zone urbaine avancée qui se heurte aux mêmes défis que les régions métropolitaines à travers le monde. Le port de San-Pedro — entièrement construit dans le cadre du premier plan de développement — est la principale porte de sortie des produits agricoles destinés à l’exportation ; il était censé être relié par voie ferrée au cœur de la zone minière de l’ouest (Man et ses environs). Yamoussoukro est la capitale depuis les années 1980, bien que l’administration publique nationale reste encore basée à Abidjan. La ville abrite l’une des écoles polytechniques les plus réputées d’Afrique francophone, ce qui pourrait établir un pont entre des entreprises nationales et étrangères de technologie dans le cas où l’infrastructure des technologies de l’information et de la communication (TIC) venait à être portée à l’échelle des normes internationales.
Les connecteurs régionaux de la Côte d’Ivoire sont reliés à la région de l’Afrique de l’Ouest par cinq corridors. Le corridor nord relie Abidjan à Ouagadougou par une liaison routière et ferroviaire qui passe par Bouaké (deuxième ville du pays), Korhogo (capitale de la région septentrionale, comptant près de 200 000 habitants) et Ferkessédougou (une ville secondaire de 75 000 habitants). À l’est, la Côte d’Ivoire est reliée à Lagos (Nigéria) par une route qui traverse Aboisso et Noé du côté ivoirien et trois capitales de l’Afrique de l’Ouest (Accra au Ghana, Lomé au Togo et Cotonou au Bénin). Toujours à l’est, une autre liaison avec le Ghana (passant par Koumassi et Tamale) traverse Adzopé, Abengourou et Bondoukou. Abidjan est reliée à Nzérékoré en Guinée par une route qui traverse Yamoussoukro, Daloa et Man, dont chacune compte plus de 150 000 habitants et se trouve dans une région riche en ressources agricoles, minérales ou touristiques. À l’ouest, une autre liaison vers Monrovia au Libéria traverse Grand-Lahou, Sassandra, San-Pedro et Tabou le long du golfe de Guinée. Si nous tenons compte du seuil de 100 000 habitants, les villes secondaires suivantes situées le long de trois corridors régionaux constituent les principaux connecteurs régionaux : Adzopé et Abengourou (corridor de l’est), Bouaké et Korhogo (corridor du nord) et Daloa et Man (couloir de l’ouest).
Les petites villes de Côte d’Ivoire pourraient être des pôles générateurs d’économies d’échelle pour l’agro-industrie. Tandis que les régions du sud-ouest contribuent fortement à la production et à l’exportation de cultures de rente, les zones de savane peuvent aider à intensifier la production de vivres et de céréales pour approvisionner les centres urbains nationaux et régionaux. Sur le long terme, avec le déplacement de la boucle du cacao des régions orientales et centrales vers le sud (avec le port de San Pedro en point de mire), le changement climatique et la conjoncture économique internationale pourraient une fois de plus déplacer le cœur de ces zones de production de cultures de rente. Compte tenu de l’accroissement des disparités régionales en Côte d’Ivoire, de bonnes connexions entre l’arrière-pays agricole des villes secondaires et les capitales régionales stratégiques peuvent aider les petits exploitants à se moderniser dans les filières agroindustrielles.
Une urbanisation bien gérée peut accélérer l’accession de la Côte d’Ivoire au statut de pays à revenu intermédiaire. Avec une population urbaine représentant la moitié de la population totale du pays en 2014, le revenu national brut (RNB) par tête de la Côte d’Ivoire est de 1 450 dollars (graphique 1). La Géorgie, le Guatemala et l’Indonésie, trois pays appartenant à des continents différents et ayant un taux d’urbanisation proche de celui de la Côte d’Ivoire, affichent un RNB par tête de 3 570 dollars, 3 340 dollars et 3 580 dollars, respectivement. Un tel écart de RNB par tête signifie que les moteurs sous-jacents de l’urbanisation ne sont pas totalement mis à contribution en Côte d’Ivoire. Une meilleure gestion de l’urbanisation peut favoriser des activités qui génèrent des rendements plus élevés sur le plan de la croissance économique et de la création d’emplois à travers l’expansion du secteur manufacturier (graphique 2).
Grahique 1 L’économie de la Côte d’Ivoire affiche des performances insuffisantes sur le plan de l’urbanisation... |
Graphique 2: … bien que le secteur manufacturier soit mieux corrélé à l’urbanisation |
Source: Indicateurs du développement dans le monde ; calculs des services de la Banque mondiale
Remarque : CIV = Côte d’Ivoire ; GEO = Géorgie ; GTM = Guatemala ; IDN = Indonésie
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Source : Indicateurs du développement dans le monde ; calculs des services de la Banque mondiale
Remarque : CIV = Côte d’Ivoire ; ASS = Afrique subsaharienne ; Autres = Tous les autres pays hors ASS
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Pour diversifier l’urbanisation, les décideurs ivoiriens doivent agir de toute urgence sur quatre fronts :
- La planification — tracer la voie à suivre par les villes en définissant les conditions de l’urbanisation, en particulier les politiques d’affectation des terres urbaines, en favorisant le développement de marchés du logement, et en développant les équipements et services publics de base.
- La connectivité — rendre les marchés d’une ville accessibles (main-d’œuvre, biens et services) à d’autres villes et à d’autres quartiers de la ville, ainsi qu’aux marchés d’exportation.
- L’écologisation — améliorer l’habitabilité des villes en réduisant la pollution et les émissions et en préservant les rares ressources environnementales et financières.
- Le financement — trouver des sources de financement des grandes dépenses d’investissement nécessaires pour fournir les équipements et services requis à mesure que les villes croissent et que l’urbanisation prend de la vitesse.
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