Pourquoi la Banque mondiale soutient la Côte d’Ivoire ?

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5 milliards de dollars USD (soit 2500 milliards F CFA),  sur les 15,4 milliards promis par la communauté internationale le 17 Mai 2016 à Paris à l’issue de la première journée du Groupe Consultatif sur la Côte d’ivoire. Telle est la somme que le Groupe de la Banque mondiale (IDA, IFC, MIGA) va engager pour financer le  second Plan National de Développement (PND)  ivoirien couvrant la période  2016-2020.  Il s’agit du double de la somme engagée au cours de la période précédente (2012-2016), preuve, s’il en faut, que la Banque mondiale est plus que jamais déterminée à accompagner le pays sur la voie de l’émergence.  Ce nouveau cadre de partenariat entre notre institution et la Côte d’Ivoire marque un tournant important. Adieu les projets d’urgence visant à reconstruire le pays suite à la crise post-électorale de 2010-2011. Place à des projets multisectoriels, structurants, innovants et alignés sur cinq objectifs stratégiques :

  1. Améliorer la productivité dans le secteur de l’agriculture, moteur de la croissance ivoirienne et développer  l’agrobusiness
  2.  Bâtir des infrastructures modernes et promouvoir un  accès universel et abordable à l’énergie et à l'eau.
  3. Renforcer la bonne gouvernance économique et la lutte contre la corruption afin d’améliorer le climat des affaires
  4. Bâtir le capital humain pour soutenir le développement économique et la cohésion sociale, à travers notamment  une offre améliorée des services d’éducation  de  protection sociale et de santé.
  5. Miser sur l’intégration régionale, le pays disposant de tous les atouts pour devenir la locomotive de la sous-région
Le choix de ces piliers n’a pas été fait au hasard. Il est le fruit d’un diagnostic profond et sans complaisance ( Lire le rapport diagnostic systématique pays- SCD sur la Côte d’Ivoire
 
des contraintes qui pèsent sur le développement d’un pays qui alignait les meilleurs taux de croissance dans la sous-région pendant les vingt premières années de son indépendance, avant de commencer une longue et douloureuse descente à partir des années 80 jusqu’à la crise post-électorale d’octobre 2010.

Il faut le dire : sans détours mais avec la conviction que les bons amis doivent toujours se dire la vérité. La Côte d’Ivoire a certes convaincu ses partenaires sur l’extraordinaire santé économique d’un pays à peine sorti d’une longue crise multiforme : Avec un PIB qui croît  autour de 10% par an  (l’une des meilleures performances du continent africain, la région tournant au ralenti), la Côte d'Ivoire a retrouvé son souffle.

En revanche, et c’est tout le défi de l’après Paris, les autorités doivent très rapidement se remettre au travail pour parachever le chantier des réformes indispensables à l’émergence du pays en 2020. Et résoudre le défi numéro un : diversifier les sources de croissance concentrées sur quelques secteurs à forte dimension capitalistique. Nul ne peut contester le fait que cette croissance à deux chiffres doit être maintenue car elle est indispensable pour contenir les flux démographiques.  Mais cette croissance doit être plus inclusive afin de    réduire significativement  le taux de  pauvreté (46 % en 2014). Si le pays peut s’enorgueillir d’être le premier producteur au monde de cacao, ce dernier  représentant près de 40 % des exportations de marchandises, la Côte d’Ivoire doit donc faire de la diversification économique sa priorité. Quoiqu’impressionnante, i la croissance reste fragile, tant le pays reste exposé  à des  chocs aussi bien internes qu’externes.  Autre défi, et non des moindres, la lancinante question de l’emploi des jeunes et surtout l’accès à des emplois de qualité ( Lire notre  rapport: La force de l’éléphant : pour que la croissance ivoirienne génère plus d’emplois de qualité, qui traite également du lien intrinsèque entre bonne gouvernance et climat des affaires).

Une chose est sûre : si la Côte d’Ivoire a su convaincre les investisseurs publics et privés de l’accompagner dans son cheminement vers l’émergence c’est qu’elle  dispose de tous les atouts pour réussir. D’autres pays ont surmonté des défis similaires. Ceux qui ont réussi sont ceux qui sont parvenus à créer des emplois dignes de ce nom (suffisamment rémunérateurs et productifs) pour leur population, notamment les jeunes et les femmes. L’avenir de la Côte d’Ivoire passe par la transformation structurelle de l’économie c’est-à-dire par  de gains de productivité dans  les activités traditionnelles, en particulier dans l’agriculture  qui continue de faire vivre la majorité de la population, mais aussi par la création d’emplois dans des activités modernes plus productives, comme l’industrie de transformation de produits agricoles et les services de santé ou d’éducation.

Ce pays constitue l’un des  maillons forts au sein de l’espace CEDEAO et nous sommes convaincus que chaque franc CFA ou dollar américain investi en Côte d’Ivoire aura des retombées positives sur les 23 millions d’Ivoiriens mais aussi sur le reste de la région. L’avenir sourit à la Côte d’Ivoire.  
 

Auteurs

Pierre Laporte

Responsable pays pour la Banque mondiale, en charge de la Côte d'Ivoire, du Bénin, du Burkina Faso, de la Guinée et du Togo

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