Au Togo comme partout dans le monde, dès le début de la crise sanitaire du coronavirus (COVID-19), dans un souci constant de respect des mesures barrières, le numérique a apporté des solutions pour assurer la continuité de l’administration publique , faciliter le paiement des impôts et fournir une assistance financière temporaire aux ménages les plus vulnérables. Parmi les réponses sociales, le programme NOVISSI a propulsé le Togo sur le devant de la scène. Cette initiative pour un revenu de solidarité a en effet rencontré un écho important à travers l’Afrique. Son succès découle moins du montant transféré aux personnes bénéficiaires que du service numérique déployé pour répondre à ce besoin social urgent. Le coup d’essai est une réussite et fait des émules dans de nombreux pays africains.
Ce programme qui soutient les travailleurs du secteur informel affectés par les mesures de confinement est entièrement mis en œuvre de manière digitale, ce qui permet un transfert rapide, transparent et traçable des ressources financières aux bénéficiaires. L’enregistrement s’effectue par le biais d'un système mobile utilisant des codes rapides et les virements d’argent du gouvernement à la personne sont effectués par des comptes d’argent mobile.
Alors que les dernières perspectives économiques révèlent l’impact important de la crise sanitaire mondiale sur l’activité économique au Togo, miser sur la transformation numérique permettrait de renforcer la résilience de l’économie, d’améliorer la compétitivité et d’accroître l’innovation, la productivité et la création d’emplois. Selon les estimations du Groupe de la Banque Mondiale, un accès universel et abordable à Internet augmentera de 2 points de pourcentage par an la croissance du PIB en Afrique et stimulerait l’offre d'emploi, quel que soit le niveau d'éducation, entre 6,9 % et 13 % .
Par ailleurs, l’adoption et l’usage des technologies numériques amélioreraient l’efficience et la qualité des services publics, et renforcerait la transparence et la responsabilité. Or, actuellement, le taux de pénétration du haut débit mobile est de 20 %, plaçant le Togo au 28e rang en Afrique subsaharienne tandis que la 3G et la 4G ne couvrent respectivement que 65 % et 10 % de la population. Par ailleurs, le pays figure parmi les pays africains où la connexion internet est la plus chère. À titre d’exemple, le coût facturé aux utilisateurs togolais de portables pour les données est deux fois plus élevé que dans des pays comme le Rwanda et trois à sept fois plus élevé qu’en Tunisie, au Maroc ou au Botswana. La question des compétences est tout aussi importante, notamment pour le développement de l’entrepreneuriat numérique et pour faciliter l’usage généralisé des solutions digitales aussi bien au niveau de l’administration publique (santé, éducation, gouvernance, impôts, etc.) que dans le secteur privé (finance, commerce, etc.).
L’enquête du Groupe de la Banque mondiale sur l’impact de la crise de COVID-19 sur le secteur privé, réalisée en juin 2020, révèle qu’à peine 2,8 % de la population active travaille à distance depuis le début de la pandémie et que seulement 8,6 % des entreprises utilisent les plateformes numériques pour leurs ventes.
Il est donc temps de lever les principaux obstacles au développement de l’économie numérique au Togo. Notamment, en comblant le manque d’infrastructure grâce à des investissements dans le développement du réseau haut débit sur l’ensemble du territoire.
Pour y parvenir et exploiter pleinement le potentiel du numérique au Togo, trois priorités s’imposent. Tout d’abord, l’amélioration de la couverture et de la fiabilité d’un réseau internet abordable nécessite un renforcement de la concurrence aussi bien au niveau de l’offre de services qu’au niveau des infrastructures. Ensuite, il est indispensable de développer le capital humain en intégrant à tous les niveaux du système éducatif une formation aux outils et aux métiers du numérique. Enfin, encourager l’entrepreneuriat numérique est nécessaire pour stimuler l’innovation et fournir des solutions adaptées aux problématiques locales dans des domaines aussi variés que les services financiers (argent et banque mobiles), les énergies renouvelables, l’éducation (e-learning) et la santé (télédiagnostic). Cela passe par un soutien aux start-ups en matière de formation, d’appui financier adapté et de création d’opportunités de marché, y compris par le biais de la commande publique.
Si l’influence transformatrice du numérique n’est plus à démontrer, la pandémie de COVID-19 rappelle la nécessité d’accélérer la digitalisation des services afin d’exploiter l’immense potentiel de l’économie numérique. Transformons cette période inédite et difficile en opportunité technologique !
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