Publié sur Voix Arabes

Transparence, responsabilisation et participation en Iraq : par où commencer ?

ImagePays riche en ressources, l’Iraq doit relever un défi non négligeable : les autorités doivent utiliser ces ressources à bon escient de manière à favoriser le développement et la croissance. Or, les rentes procurées par les ressources ont aussi tendance à freiner considérablement l’élan des réformes et la motivation. Conjugués à une sécurité précaire, ces problèmes semblent ne jamais devoir finir.


C’est dans ce contexte que, les 16 et 17 novembre derniers, s’est tenu à Beyrouth un atelier consacré à la question « Transparence, responsabilisation et participation en Iraq ». L’objectif était d’aider les autorités, la société civile et le secteur privé iraquiens à s’attaquer à cette problématique et à aboutir à un consensus sur le meilleur moyen d’aller de l’avant.

Cet atelier compte parmi les premières initiatives que nous avons déployées pour réunir un large éventail de parties prenantes et les inciter à débattre de questions très délicates. Les participants y ont exposé les nombreux problèmes rencontrés sur le plan de la prestation des services, de la participation de la société civile, de la réforme des institutions et de la création d’emplois. Ils ont été invités à privilégier l’angle de la gouvernance et à dépasser le simple stade des discussions pour élaborer des solutions à court et moyen terme. En fin de compte, tous ont reconnu qu’une bonne gouvernance passe par un effort collectif et que les pouvoirs publics, la société civile comme le secteur privé ont un rôle primordial à jouer pour conduire le pays à la réussite dans ce domaine, ce qui a constitué le point de consensus le plus important de cette réunion. 

Depuis quatre décennies, dans le monde entier, un paradoxe menace les économies riches en ressources : les pays où les ressources naturelles abondent s’en sortent généralement moins bien que ceux où elles sont plus rares, en termes de développement économique et de bonne gouvernance. D’un autre côté, des pays tels que la Norvège, le Botswana ou le Ghana sont parvenus à surmonter ces obstacles et à faire avancer leur développement socioéconomique. Pour l’Iraq, toute la difficulté consistera à exploiter sa richesse et à la transformer en opportunités de développement. Pour ce faire, il devra se doter de systèmes d’intégrité viables, reposant sur des mécanismes de transparence, de responsabilisation et de participation.  

Le renforcement des institutions (légitimité, capacités et responsabilité) doit constituer un élément essentiel de toute stratégie de bonne gouvernance en Iraq. En effet, favoriser la légitimité des institutions dans les États fragiles peut permettre d’apporter des solutions pérennes au problème de la violence et de jeter les bases d’une croissance et d’un développement durables. En améliorant les outils par lesquels les pouvoirs publics rendent des comptes et les citoyens peuvent faire entendre leur voix, par exemple via la transparence, la liberté d’expression, l’indépendance des médias, les mécanismes de partage du pouvoir, les actions de plaidoyer de la société civile, le pluralisme politique et l’orientation sur les résultats, on réunit les ingrédients essentiels à une croissance équitable et durable. Si l’ampleur de ces réformes dépendra du contexte, il est primordial de commencer par instaurer l’espace politique permettant aux citoyens d’exprimer leurs revendications de renforcement de la transparence et de la supervision.

Comme l’a déclaré avec éloquence l’un de nos orateurs, Paul Collier, « la sécurité et la responsabilité sont deux biens publics qui rendent le développement économique possible. Pour les citoyens iraquiens, la responsabilisation du gouvernement articulée sur des principes de transparence et de participation pourrait être davantage qu’un luxe accessoire, car elle pourrait améliorer considérablement les chances de développement. » Les obstacles à surmonter sont immenses, mais, si le Printemps arabe nous a appris une chose, c’est que le malaise social est un catalyseur du changement. Il faut avant tout créer un espace pour le dialogue. Tirons le meilleur parti de ce mécontentement en le transformant en engagements constructifs tels que celui-ci. Et pour commencer, il faut écouter, telle est la leçon que nous en avons tirée.

 


Auteurs

Guenter Heidenhof

Responsable Secteur public et gouvernance

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