Région MENA : développer l’enseignement de l’informatique en arabe

Lorsqu’en 2020, les établissements scolaires ont commencé à fermer leurs portes à cause de la pandémie de COVID-19, la communauté éducative a été contrainte de réagir vite et d’investir les plateformes numériques. La crise sanitaire a obligé les enseignants, les gestionnaires, les parents, les élèves et la société tout entière à repenser l’expérience de l’apprentissage.

Elle a également rendu plus urgent le besoin de changer non seulement la manière dont les enfants apprennent, grâce à des outils numériques et une connectivité adaptée, mais également les matières enseignées. Nous avons vu à quel point il était important que chacun ait accès à des outils d’apprentissage en ligne et des modèles capables de se substituer aux cours magistraux traditionnels, pour une expérience faite d’interactions et de collaboration dans laquelle l’enseignant accompagne un parcours d’apprentissage personnalisé.

Même lorsque les établissements offrent un enseignement aux compétences numériques (ils sont nombreux dans ce cas), ils s’attachent plus à l’utilisation de la technologie qu’à la création de nouveaux outils. L’école doit proposer un cursus adapté à l’avenir, au lieu de recycler le passé. C’est la raison pour laquelle, dans le monde numérique actuel, il faut introduire l’enseignement de l’informatique dans les programmes d’études, pour aider les élèves à mieux décrypter leur environnement. Plus de 70 pays dans le monde ont déjà, à des degrés variés, ajouté l’informatique en primaire, dans le secondaire ou aux deux niveaux.

Selon des données de l’Institut de statistique de l’UNESCO pour 2019, 84 millions d’enfants et d’adolescents dans les pays arabophones sont scolarisés en primaire et dans le secondaire. Si elle a perturbé tous d’entre eux, la fermeture des établissements provoquée par la pandémie a également permis à des millions d’élèves ayant un accès en ligne chez eux de se perfectionner en informatique. Elle a aussi incité les responsables de l’éducation à s’intéresser à ce domaine.

D’où la volonté de la Banque mondiale d’accompagner l’introduction d’un programme d’informatique en arabe pour les élèves et les enseignants de la région, confié à Edraak (a), une des premières plateformes d’apprentissage en ligne du monde arabe, et à l’organisation sans but lucratif Code.org (a), dont la mission est d’élargir l’accès à l’enseignement de l’informatique dans le monde.

Le projet s’est inspiré des cours en ligne autonomes conçus par Code.org, qui font appel aux techniques du gaming pour enseigner l’informatique de manière créative et didactique. En plus de traduire le programme de Code.org sur les fondamentaux de l’informatique, le projet s’est appuyé sur les experts de la plateforme Edraak pour assurer sa localisation et sa pertinence pour le public de la région MENA.

Depuis son lancement, 41 000 apprenants ont accédé au programme. La plupart sont originaires d’Égypte, d’Arabie saoudite, de Jordanie, d’Algérie et du Maroc. Ils ont suivi plus de 66 000 sessions sur la plateforme Edraak et généré plus d’un million de pages vues, sachant que 46 % d’entre eux sont des femmes. Code.org a vu une augmentation de 68 % des comptes créés par des élèves et des enseignants de la région MENA et une hausse de 58 % du trafic en provenance de ces pays.

Enseignements

Notre collaboration à ce projet de cursus d’informatique en langue arabe est riche d’enseignements, qui peuvent se révéler utiles pour l’écosystème éducatif mondial. Nous espérons ainsi aider toutes celles et ceux qui souhaiteraient se lancer dans de nouveaux projets éducatifs.

1. Les ressources éducatives en accès libre et les technologies open source sont essentielles pour favoriser l’accès le plus large possible à un contenu éducatif équitable dans le monde.
2. La collaboration et les partenariats agissent comme des catalyseurs pour inventer des solutions capables de répondre rapidement aux défis sociétaux, comme l’amélioration de l’éducation à travers une expérience novatrice.
3. En démontrant l’efficacité d’un concept et par leur capacité à l’introduire sur le marché avec agilité, les organisations sans but lucratif ont un rôle clé à jouer dans les progrès de l’éducation et des compétences.
4. La localisation réussie d’un contenu avec, à la clé, une forte adhésion et un accueil positif, passe par une bonne compréhension des sensibilités culturelles et une pertinence vis-à-vis de l’environnement local. Cela ne peut se faire qu’en travaillant avec des experts d’un pays ou d’une région ayant une connaissance directe des particularités des apprenants et des enseignants.

Perspectives

Pour avoir un impact durable, il faut sensibiliser les esprits à l’importance de l’enseignement obligatoire de l’informatique et favoriser un changement systémique.  Cela passe notamment par l’intégration de l’informatique dans les normes éducatives nationales, la déclinaison de ces normes dans un programme d’études spécifique et une évaluation des compétences des élèves.

Le renforcement des capacités à enseigner l’informatique sera probablement la tâche la plus ardue, car cela prend du temps. Les autorités en charge de l’éducation devraient introduire des programmes structurés permettant de former sur le long terme tous les instituteurs et les enseignants spécialisés du secondaire.

Nous nous réjouissons de voir les systèmes éducatifs de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord exploiter nos ressources éducatives en libre accès. Ce programme est le fruit d’années de travail de Code.org et d’Edraak et d’investissements conséquents qui ont permis de créer un cursus d’informatique de classe mondiale et la plateforme d’apprentissage ouvert en ligne la plus utilisée dans le monde arabe.

LIENS UTILES

La Banque Mondiale du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord