Publié sur Voix Arabes

Malgré le confinement, l’Iraq poursuit la construction de petites infrastructures et l’organisation des services essentiels

Community members raise their hands at a gathering. Community members raise their hands at a gathering.

Qutab a dix ans. Ce garçonnet jovial vit à al-Owainat, un village situé à environ 28 kilomètres de Tikrit, la capitale du gouvernorat de Salah al-Din, l’un des 18 gouvernorats qui composent l’Iraq. Il est probablement trop jeune pour se souvenir de ce mois de juin 2014, quand le groupe État islamique prenait le contrôle de Tikrit, la ville natale de Saddam Hussein, et de son propre village. Mais il est suffisamment grand pour en subir les conséquences, sa région d’origine ayant été, comme pour beaucoup d’autres Iraquiens, totalement dévastée par l’occupation. Des routes vitales pour la mobilité et l’intégration économique et sociale des habitants, surtout dans les régions reculées du nord du pays, ont ainsi été détruites.

Sans compter que Qutab n’échappe pas à l’un des fléaux propres aux pays qui ont connu la guerre. Handicapé, il est l’un des seuls de son village à posséder un fauteuil roulant, mais les routes étant devenues impraticables, il lui a été impossible de circuler dans son village et s’est retrouvé donc très souvent exclu de la vie sociale.

 

Qutab appears on a new road in his wheelchair.

 

Pourtant, grâce à un sous-projet qui a financé le goudronnage d’une route de 2 kilomètres de long dans son village, jugée prioritaire par la communauté, Qutab peut à nouveau sortir avec son fauteuil roulant quand bon lui semble. Il est enfin capable de faire la plupart des choses que les valides tiennent souvent pour acquis : aller à l’école, faire des courses au marché local ou rendre visite à des proches.

Cette opération fait partie des 61 projets en cours financés par le Fonds social pour le développement, lancé par le gouvernement iraquien en 2019 avec le soutien de la Banque mondiale et doté de 300 millions de dollars. À ce jour et en dépit des mesures de confinement liées au coronavirus, les 61 projets — pour une enveloppe totale d’environ 10,5 millions de dollars — bénéficient à plus de 100 000 Iraquiens : amélioration des services d’eau, d’électricité, d’éducation et de santé et remise en état des routes dans les provinces d’al-Muthanna, Salah al-Din et Duhok. En assurant un meilleur accès aux services essentiels et en multipliant les perspectives d’emploi de courte durée dans tout le pays, le Fonds social pour le développement s’emploie à améliorer le quotidien des populations.  Il permet notamment aux communautés locales de se prendre en mains en les aidant à définir leurs priorités et concevoir des solutions concrètes face à leurs besoins les plus urgents.

 

Women engage with one another at a gathering.

 

Jamais le développement social n’aura eu une telle importance : sous l’effet des crises conjuguées du coronavirus et de l’effondrement des cours du pétrole, le taux de pauvreté devrait bondir de 14,4 % pour atteindre un niveau critique de 34,4 %.  Concrètement, 5,5 millions d’Iraquiens supplémentaires risquent de basculer dans la pauvreté, en plus des 6,9 millions de pauvres actuellement. Par ailleurs, 42 % des Iraquiens souffrent de plusieurs formes de privations (éducation, santé, conditions de vie ou sécurité financière) et sont, de ce fait, particulièrement exposés aux chocs.

En aidant les communautés à définir leurs propres sous-projets, le Fonds social améliore la pertinence et la gouvernance des services publics et, ce faisant, renforce la confiance entre un gouvernement plus responsable et ses concitoyens.

Soucieux de pérenniser l’offre de services, le Fonds social milite également pour la définition d’un statut juridique officiel garantissant son autonomie et son indépendance. Le texte de loi, en cours d’examen par le Conseil des représentants, devrait être adopté par le Parlement iraquien d’ici la fin de l’année.

Par ailleurs, le Fonds social pour le développement prend de l’envergure : d’autres sous-projets devraient être lancés dans les prochains mois dans les gouvernorats déjà concernés mais également dans les provinces de al-Qadisiyya, Maysan, Dhi Qar et Diyala. Il s’agit ainsi de continuer à faire la différence au quotidien pour les nombreux Iraquiens qui, comme Qutab, souhaitent réaliser leurs rêves et exprimer tout leur potentiel tout en contribuant au développement de leur propre communauté. Grâce à l’appropriation du processus par les collectivités locales d’Iraq, le Fonds social pour le développement parvient à changer les vies, même en cette période difficile. 

 

Social Fund for Development

Auteurs

René Leon Solano

Chef du pôle du développement humain de la Banque mondiale aux Maldives, Népal et Sri Lanka

Mustafa Kadhim

Spécialiste de la protection sociale

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