Le choix d’une université est un moment décisif dans une vie, qui peut déterminer toute une carrière et les perspectives d’avenir d’un individu. Pour les étudiants du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, comme pour les autres, cette décision repose sur de nombreux facteurs, d’importance inégale. Cependant, dans le monde d’aujourd’hui, ce choix est de plus en plus influencé par la place qu’occupe une université dans les classements mondiaux.
Il en existe trois principaux : le Classement académique des universités mondiales (ARWU) ou classement de Shanghai, le palmarès établi par le Times Higher Education (THE) et le classement mondial de QS, mais il en existe beaucoup d’autres, comme cette toute nouvelle initiative à Djeddah (Arabie saoudite), baptisée Center for World University Rankings (CWUR) (a).
Lesquels croire et lesquels utiliser ? Pour un étudiant en quête d’un nouvel établissement, tout dépend de ce qu’il recherche.
Chaque organisation élabore son palmarès selon divers critères. Certains classements se basent sur des indicateurs tangibles (comme le nombre de chercheurs lauréats d’un prix Nobel ou le pourcentage d’étudiants étrangers), tandis que d’autres se fondent sur la réputation de l’institution, selon la perception qu’en ont les experts ou les employeurs. Avec pour résultat, naturellement, des variations sur la place attribuée à un établissement.
À titre d’exemple, l’University College of London occupe la 5 e place du classement QS, la 18 e pour Shanghaï, la 22 e pour le THE ou la 27 e pour le CWUR dans son édition 2014/15.
Ces classements peuvent donc prendre en compte des facteurs importants aux yeux du futur étudiant, ou pas. Il est par conséquent primordial de lire entre les lignes, ou plutôt entre les chiffres, afin de mieux appréhender ce que ces évaluations recouvrent. Certes, tous les sites web de ces organisations présentent leur méthode de classement. Mais pour comprendre la teneur des explications données, un diplôme en classement des universités s’impose parfois !
Autre question cruciale : quelle est l’utilité de ces classements pour les établissements eux-mêmes ? Est-ce vraiment si important qu’une université occupe la 80 e ou la 90 e place ? Difficile à dire. Et si elle ressort 569 e ? Ou 2 e ?
Si ces travaux parviennent réellement à évaluer une université avec une relative précision, mon collègue Francisco Marmolejo est d’avis (a) qu’ils ont effectivement « une valeur de point de référence ». Par ailleurs, si un classement crée une saine émulation, s’il incite une université à s’améliorer par rapport à des établissements similaires, alors, oui, il peut avoir une utilité. À la condition que ces institutions sachent s’améliorer (les classements ne sont pas très clairs à ce sujet) et que les changements effectués ne se résument pas à un simple jeu de saute-mouton.
Comment se comportent les universités du monde arabe dans ces classements ? Là encore, c’est variable, mais en règle générale, elles ne sont pas très performantes. Aucune ne figure dans le top 200 du THE. Dans le classement QS, l’une d’elles se hisse à la 225 e place et deux autres se partagent la 249 e ; celui de Shanghai (qui n’attribue plus de note après la 100 e place) classe deux établissements entre la 151 e et la 200 e place, situe un troisième dans la fourchette 301-400 et un dernier entre 401-500. Dans le classement CWUR de Djeddah, l’université du Roi-Saoud en Arabie saoudite, considérée comme la meilleure université du monde arabe, occupe la 569 e place.
Que doivent faire ces établissements pour s’améliorer ? Un réseau régional créé sous l’égide de la Banque mondiale et du Centre pour l’intégration en Méditerranée propose une piste d’action. Dans le cadre de ce réseau, les universités partagent les meilleures pratiques en vigueur au travers d’ateliers de renforcement des capacités, d’événements régionaux de haut niveau et de publications.
Plutôt que de se fonder sur des classements, cette initiative repose sur une « grille de positionnement » (a) qui fournit des éléments de repère aux établissements du supérieur afin qu’ils améliorent gouvernance, qualité de l’enseignement et transparence, par un renforcement de leurs capacités, sur la base d’une approche comparative et inclusive, fondée sur des données éprouvées. Le projet, qui regroupe plus d’une centaine d’universités de la région MENA, les a aidées à comparer leurs performances et à mettre sur pied des stratégies pour combler leurs lacunes. Cette démarche s’est révélée tellement précieuse qu’une deuxième version de la grille de positionnement est en cours de déploiement. Par ailleurs, d’autres régions ont manifesté leur volonté de rejoindre le réseau.
Cette approche, beaucoup moins comminatoire que les classements, permet aux établissements de s’autoévaluer par rapport à des critères de référence optimum, élaborés par leurs pairs. Comme l’explique Francisco, elle « s’appuie sur des points de comparaison pertinents et établis sur la base des besoins exprimés par les universités elles-mêmes. On y retrouve certains des éléments qui figurent aussi dans les classements, mais la pression est moindre. »
Il ne fait pas de doute que les institutions doivent apprendre à partager l’information et à écouter leurs pairs pour gagner en excellence. Pour cela, on peut s’appuyer, prudemment, sur les classements tout en mettant au point des mécanismes qui permettent l’échange pertinent d’informations entre institutions.
Même s’il ne s’agit ici que d’un instrument destiné aux universités, et non aux étudiants, il contribuera largement à améliorer l’enseignement supérieur dans le monde arabe et, in fine, à mieux préparer les diplômés à répondre aux enjeux du futur et aux perspectives qui s’ouvrent à eux. N’est-ce pas précisément ce dont ont besoin les universités et ce que les étudiants et les parents souhaitent en définitive ?
Il en existe trois principaux : le Classement académique des universités mondiales (ARWU) ou classement de Shanghai, le palmarès établi par le Times Higher Education (THE) et le classement mondial de QS, mais il en existe beaucoup d’autres, comme cette toute nouvelle initiative à Djeddah (Arabie saoudite), baptisée Center for World University Rankings (CWUR) (a).
Lesquels croire et lesquels utiliser ? Pour un étudiant en quête d’un nouvel établissement, tout dépend de ce qu’il recherche.
Chaque organisation élabore son palmarès selon divers critères. Certains classements se basent sur des indicateurs tangibles (comme le nombre de chercheurs lauréats d’un prix Nobel ou le pourcentage d’étudiants étrangers), tandis que d’autres se fondent sur la réputation de l’institution, selon la perception qu’en ont les experts ou les employeurs. Avec pour résultat, naturellement, des variations sur la place attribuée à un établissement.
À titre d’exemple, l’University College of London occupe la 5 e place du classement QS, la 18 e pour Shanghaï, la 22 e pour le THE ou la 27 e pour le CWUR dans son édition 2014/15.
Ces classements peuvent donc prendre en compte des facteurs importants aux yeux du futur étudiant, ou pas. Il est par conséquent primordial de lire entre les lignes, ou plutôt entre les chiffres, afin de mieux appréhender ce que ces évaluations recouvrent. Certes, tous les sites web de ces organisations présentent leur méthode de classement. Mais pour comprendre la teneur des explications données, un diplôme en classement des universités s’impose parfois !
Autre question cruciale : quelle est l’utilité de ces classements pour les établissements eux-mêmes ? Est-ce vraiment si important qu’une université occupe la 80 e ou la 90 e place ? Difficile à dire. Et si elle ressort 569 e ? Ou 2 e ?
Si ces travaux parviennent réellement à évaluer une université avec une relative précision, mon collègue Francisco Marmolejo est d’avis (a) qu’ils ont effectivement « une valeur de point de référence ». Par ailleurs, si un classement crée une saine émulation, s’il incite une université à s’améliorer par rapport à des établissements similaires, alors, oui, il peut avoir une utilité. À la condition que ces institutions sachent s’améliorer (les classements ne sont pas très clairs à ce sujet) et que les changements effectués ne se résument pas à un simple jeu de saute-mouton.
Comment se comportent les universités du monde arabe dans ces classements ? Là encore, c’est variable, mais en règle générale, elles ne sont pas très performantes. Aucune ne figure dans le top 200 du THE. Dans le classement QS, l’une d’elles se hisse à la 225 e place et deux autres se partagent la 249 e ; celui de Shanghai (qui n’attribue plus de note après la 100 e place) classe deux établissements entre la 151 e et la 200 e place, situe un troisième dans la fourchette 301-400 et un dernier entre 401-500. Dans le classement CWUR de Djeddah, l’université du Roi-Saoud en Arabie saoudite, considérée comme la meilleure université du monde arabe, occupe la 569 e place.
Que doivent faire ces établissements pour s’améliorer ? Un réseau régional créé sous l’égide de la Banque mondiale et du Centre pour l’intégration en Méditerranée propose une piste d’action. Dans le cadre de ce réseau, les universités partagent les meilleures pratiques en vigueur au travers d’ateliers de renforcement des capacités, d’événements régionaux de haut niveau et de publications.
Plutôt que de se fonder sur des classements, cette initiative repose sur une « grille de positionnement » (a) qui fournit des éléments de repère aux établissements du supérieur afin qu’ils améliorent gouvernance, qualité de l’enseignement et transparence, par un renforcement de leurs capacités, sur la base d’une approche comparative et inclusive, fondée sur des données éprouvées. Le projet, qui regroupe plus d’une centaine d’universités de la région MENA, les a aidées à comparer leurs performances et à mettre sur pied des stratégies pour combler leurs lacunes. Cette démarche s’est révélée tellement précieuse qu’une deuxième version de la grille de positionnement est en cours de déploiement. Par ailleurs, d’autres régions ont manifesté leur volonté de rejoindre le réseau.
Cette approche, beaucoup moins comminatoire que les classements, permet aux établissements de s’autoévaluer par rapport à des critères de référence optimum, élaborés par leurs pairs. Comme l’explique Francisco, elle « s’appuie sur des points de comparaison pertinents et établis sur la base des besoins exprimés par les universités elles-mêmes. On y retrouve certains des éléments qui figurent aussi dans les classements, mais la pression est moindre. »
Il ne fait pas de doute que les institutions doivent apprendre à partager l’information et à écouter leurs pairs pour gagner en excellence. Pour cela, on peut s’appuyer, prudemment, sur les classements tout en mettant au point des mécanismes qui permettent l’échange pertinent d’informations entre institutions.
Même s’il ne s’agit ici que d’un instrument destiné aux universités, et non aux étudiants, il contribuera largement à améliorer l’enseignement supérieur dans le monde arabe et, in fine, à mieux préparer les diplômés à répondre aux enjeux du futur et aux perspectives qui s’ouvrent à eux. N’est-ce pas précisément ce dont ont besoin les universités et ce que les étudiants et les parents souhaitent en définitive ?
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