Publié sur Voix Arabes

Quand Dubaï fait la lumière sur les performances de son système scolaire

Image Lorsque vous hésitez entre plusieurs téléphones portables, vous pouvez toujours consulter des sources fiables, comme les études comparatives publiées par les associations de consommateurs, de type Consumer Reports ou Que Choisir. Mais si vous êtes en train de choisir la future école de vos enfants — sans doute l’un des investissements les plus importants que vous serez jamais amenés à faire — les choses peuvent se révéler nettement plus compliquées. Vous aurez beau visiter l’établissement en question, écouter ce qu’en pensent d’autres parents ou vous fier à sa bonne réputation, vous aurez bien du mal à juger objectivement de sa qualité… Ce que vous pouvez faire pour un téléphone ! Les consommateurs de services d’éducation que nous sommes se retrouvent souvent plongés dans le noir.

Pourtant, grâce à un mouvement régional en faveur d’une transparence accrue qui concerne désormais aussi l’éducation, les choses évoluent, fort heureusement. J’en veux pour preuve l’initiative prise par l’Autorité pour les connaissances et le développement humain (Knowledge and Human Development Authority ou KHDA) de Dubaï, l’organisme gouvernemental chargé de la supervision de l’enseignement privé. Avec l’afflux d’expatriés aux profils toujours plus variés, concomitant au développement spectaculaire que connaît la ville depuis 20 ans, la demande d’enseignement privé ne cesse d’augmenter. Actuellement, 88 % des élèves de Dubaï sont scolarisés dans le privé, qui offre pas moins de 15 programmes d’études différents (anglais, américain, indien, émirati, français, baccalauréat international [IB], etc.).

Consciente de l’importance pour la ville-État de disposer d’établissements de qualité, la KHDA s’est donc donné pour mission de « faire la lumière » sur les performances du système éducatif privé à l’intention de toutes les parties prenantes. Sa démarche n’a en fait rien de compliqué : la KHDA a tout bonnement mis en place un cadre d’inspection suffisamment souple pour observer les établissements privés dans toute leur diversité sans perdre de vue l’objectif d’amélioration de la qualité. Tous les établissements sont inspectés une fois par an et l’appréciation qui en découle (excellent, honorable, passable, non satisfaisant) est publiée en ligne, dans les médias ou même sur une application mobile de la KHDA.

Un rapport récent de la Banque mondiale met en évidence les conséquences positives de cette transparence. Les parties prenantes (familles, écoles et investisseurs) sont mieux informées, la société s’est saisie du problème de la qualité de l’enseignement et, surtout, les consommateurs et les fournisseurs de services éducatifs ont désormais des attentes supérieures en la matière.
Cinq ans après l’adoption de cette stratégie, 51 % des élèves sont désormais scolarisés dans des établissements « honorables » à « excellents , contre 30 % en 2008. Les scores obtenus par Dubaï dans deux études internationales (TIMMS et PISA) traduisent une hausse régulière du niveau scolaire d’ensemble. Mais il reste cependant beaucoup à faire, puisque de nombreux établissements sont encore considérés comme seulement « passables ».

Si la KHDA doit continuer de peaufiner son dispositif afin d’inciter toujours plus d’écoles à s’améliorer, le choix qu’elle a opéré est essentiel, parce qu’il prouve combien des projets de gouvernance innovants peuvent contribuer à amener un secteur de l’éducation en plein essor à se préoccuper de la qualité. À cet égard, son expérience est riche d’enseignements et pourrait faire figure de bonne pratique à reproduire dans le reste de la région, pour les établissements privés comme pour les établissements publics.

Si tous les pays suivaient cet exemple, bientôt le choix d’une école à Washington, Shanghai ou Rio serait un processus aussi transparent que l’achat d’un téléphone.

Auteurs

Simon Thacker

Spécialiste en éducation

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