Le monde va vite. Les trois grandes forces qui l’animent — la mondialisation, la Nature et la loi de Moore (c’est-à-dire la croissance exponentielle de la puissance de calcul, et donc de la numérisation) — ont toutes fait simultanément un bond si fulgurant que la plus grande difficulté pour la planète consiste désormais à savoir comment s’y préparer.
Telle est la thèse que Thomas Friedman a exposée lors d’une apparition surprise à l’occasion d’un récent programme de formation intitulé Strategic Choices for Education Reform in Arab Countries: Education for Competitiveness et organisé par la Banque mondiale au Koweït, en collaboration avec le Centre d’études économiques et financières pour le Moyen-Orient (CEF) du FMI. Thomas Friedman est un penseur qui voit grand, l’auteur du bestseller La terre est plate (qui traite de la mondialisation) et un éditorialiste au New York Times dont les travaux ont été à plusieurs reprises couronnés par le prix Pulitzer. Il est venu dialoguer avec les 33 spécialistes de l’éducation, responsables de la planification et représentants des autorités de 13 pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) qui participaient à cette formation consacrée aux choix stratégiques liés aux réformes de l’éducation dans les pays arabes.
Les dernières idées développées par Thomas Friedman s’inscrivent dans le prolongement de ses travaux antérieurs. Non seulement la Terre est « plate », c’est-à-dire nivelée par la mondialisation, mais aujourd’hui, de surcroît, elle va « vite ». Avec des changements qui s’accélèrent de manière aussi vertigineuse sur le front du marché, du climat et de la technologie, on assiste à un foisonnement des opportunités et des sources de tension.
Nombre de ses idées, qu’il a illustrées par des anecdotes amusantes et donnant matière à réflexion (M. Friedman a un grand talent de conteur), ont captivé l’assemblée. Les participants à la formation ont surtout retenu sa principale conclusion, parce qu’elle fait écho à l’une de leurs grandes préoccupations : s’il est vrai que le monde évolue si rapidement, comment peut-on s’y préparer ? Plus précisément, comment les systèmes éducatifs de MENA peuvent-ils préparer la jeunesse de leur pays à relever les défis de demain ?
Cette question présente une acuité particulière dans la région, pour plusieurs raisons. Bien que les gouvernements aient investi des moyens financiers substantiels dans l’éducation, les résultats des étudiants de la région aux tests internationaux ne sont toujours pas à la hauteur. Le chômage des jeunes continue d’augmenter et, bien souvent, les diplômés n’ont pas les compétences nécessaires pour être compétitifs sur le marché du travail. Il sera donc indispensable de mettre en place des systèmes éducatifs équitables, responsables et réactifs pour dispenser un enseignement de qualité et répondre aux besoins sociaux et économiques de la région.
Transformer l’éducation dans la région MENA
L’initiative Education for competitiveness (E4C), qui ambitionne de mettre l’éducation au service de la compétitivité, constitue le dernier projet de collaboration en date entre la Banque mondiale et la Banque islamique de développement. Ce projet articule l’éducation autour de trois axes majeurs : la formation tout au long de la vie, qui consiste à jeter les bases de l’apprentissage et de l’acquisition des compétences grâce à l’amélioration de la qualité des services et de la gouvernance et à des approches novatrices ; l’employabilité, cet axe consistant à renforcer la transition entre l’école et la vie professionnelle en dotant les étudiants de qualifications plus pertinentes et en les préparant à l’entrée sur le marché du travail ; et, enfin, l’éducation comme moteur de transformation, à savoir le développement des compétences et des valeurs du XXI e siècle qui encouragent la créativité, l’innovation au service de la compétitivité, ainsi qu’une plus grande conscience et participation sociale.
C’est à cette nouvelle perspective de la politique éducative qu’ont été initiés les participants de la formation dispensée au Koweït, qui s’inscrit dans le cadre d’un cursus sur le développement humain proposé au CEF. Cette formation a abordé certains des grands problèmes que rencontrent les systèmes éducatifs dans la région et exposé les nombreuses solutions disponibles en s’appuyant sur des données, des expériences et des bonnes pratiques recueillies à l’échelle mondiale. Elle a souligné que, pour que les trois objectifs de l’initiative E4C soient atteints, il faudra que les ministères et les autres acteurs de l’éducation se mettent au travail sur la base d’une démarche véritablement nouvelle et innovante.
Le premier pilier, la formation tout au long de la vie, est essentiel et consiste à jeter des bases solides afin que les enfants se préparent à apprendre à tout âge, en tant qu’élèves puis en tant qu’adultes. Quand elle intéresse les étudiants, qu’elle les conduit à apprendre comment apprendre et qu’elle les pousse à réfléchir activement et par eux-mêmes, l’éducation leur permet de devenir les acteurs de leur propre avenir. Aujourd’hui plus que jamais, il est nécessaire d’apprendre et de réapprendre tout au long de la vie. Il ne s’agit pas d’un luxe, mais d’une nécessité.
Le deuxième pilier, l’éducation au service de l’emploi, cherche à faciliter la transition entre l’école et la vie professionnelle. Il prend acte non seulement du rôle que l’éducation et la formation peuvent jouer dans le renforcement des compétences cognitives et socio-émotionnelles, ainsi que des qualifications professionnelles dont les diplômés ont besoin pour réussir sur le marché du travail, mais également de leur manque d’informations sur ce marché.
Enfin, les systèmes éducatifs doivent s’attaquer au troisième pilier : l’éducation comme moteur de transformation. Dans la région MENA, jusqu’à présent, les systèmes éducatifs ne s’attachent guère à promouvoir les compétences du XXIe siècle , qui sont pourtant indispensables pour réussir dans le monde interconnecté d’aujourd’hui. Ces compétences consistent en un ensemble de savoirs, de qualifications, de comportements, de valeurs et de principes éthiques qui revêtent une importance vitale pour la réussite dans le monde actuel. Et ce pilier a pour objectif d’appuyer et de renforcer l’offre de services éducatifs qui dotent les diplômés de ces aptitudes essentielles.
La région est-elle capable de suivre les mutations rapides décrites par Thomas Friedman ? C’est peut-être la réforme de l’éducation qui lui offrira sa meilleure chance d’y parvenir.
Telle est la thèse que Thomas Friedman a exposée lors d’une apparition surprise à l’occasion d’un récent programme de formation intitulé Strategic Choices for Education Reform in Arab Countries: Education for Competitiveness et organisé par la Banque mondiale au Koweït, en collaboration avec le Centre d’études économiques et financières pour le Moyen-Orient (CEF) du FMI. Thomas Friedman est un penseur qui voit grand, l’auteur du bestseller La terre est plate (qui traite de la mondialisation) et un éditorialiste au New York Times dont les travaux ont été à plusieurs reprises couronnés par le prix Pulitzer. Il est venu dialoguer avec les 33 spécialistes de l’éducation, responsables de la planification et représentants des autorités de 13 pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) qui participaient à cette formation consacrée aux choix stratégiques liés aux réformes de l’éducation dans les pays arabes.
Les dernières idées développées par Thomas Friedman s’inscrivent dans le prolongement de ses travaux antérieurs. Non seulement la Terre est « plate », c’est-à-dire nivelée par la mondialisation, mais aujourd’hui, de surcroît, elle va « vite ». Avec des changements qui s’accélèrent de manière aussi vertigineuse sur le front du marché, du climat et de la technologie, on assiste à un foisonnement des opportunités et des sources de tension.
Nombre de ses idées, qu’il a illustrées par des anecdotes amusantes et donnant matière à réflexion (M. Friedman a un grand talent de conteur), ont captivé l’assemblée. Les participants à la formation ont surtout retenu sa principale conclusion, parce qu’elle fait écho à l’une de leurs grandes préoccupations : s’il est vrai que le monde évolue si rapidement, comment peut-on s’y préparer ? Plus précisément, comment les systèmes éducatifs de MENA peuvent-ils préparer la jeunesse de leur pays à relever les défis de demain ?
Cette question présente une acuité particulière dans la région, pour plusieurs raisons. Bien que les gouvernements aient investi des moyens financiers substantiels dans l’éducation, les résultats des étudiants de la région aux tests internationaux ne sont toujours pas à la hauteur. Le chômage des jeunes continue d’augmenter et, bien souvent, les diplômés n’ont pas les compétences nécessaires pour être compétitifs sur le marché du travail. Il sera donc indispensable de mettre en place des systèmes éducatifs équitables, responsables et réactifs pour dispenser un enseignement de qualité et répondre aux besoins sociaux et économiques de la région.
Transformer l’éducation dans la région MENA
L’initiative Education for competitiveness (E4C), qui ambitionne de mettre l’éducation au service de la compétitivité, constitue le dernier projet de collaboration en date entre la Banque mondiale et la Banque islamique de développement. Ce projet articule l’éducation autour de trois axes majeurs : la formation tout au long de la vie, qui consiste à jeter les bases de l’apprentissage et de l’acquisition des compétences grâce à l’amélioration de la qualité des services et de la gouvernance et à des approches novatrices ; l’employabilité, cet axe consistant à renforcer la transition entre l’école et la vie professionnelle en dotant les étudiants de qualifications plus pertinentes et en les préparant à l’entrée sur le marché du travail ; et, enfin, l’éducation comme moteur de transformation, à savoir le développement des compétences et des valeurs du XXI e siècle qui encouragent la créativité, l’innovation au service de la compétitivité, ainsi qu’une plus grande conscience et participation sociale.
C’est à cette nouvelle perspective de la politique éducative qu’ont été initiés les participants de la formation dispensée au Koweït, qui s’inscrit dans le cadre d’un cursus sur le développement humain proposé au CEF. Cette formation a abordé certains des grands problèmes que rencontrent les systèmes éducatifs dans la région et exposé les nombreuses solutions disponibles en s’appuyant sur des données, des expériences et des bonnes pratiques recueillies à l’échelle mondiale. Elle a souligné que, pour que les trois objectifs de l’initiative E4C soient atteints, il faudra que les ministères et les autres acteurs de l’éducation se mettent au travail sur la base d’une démarche véritablement nouvelle et innovante.
Le premier pilier, la formation tout au long de la vie, est essentiel et consiste à jeter des bases solides afin que les enfants se préparent à apprendre à tout âge, en tant qu’élèves puis en tant qu’adultes. Quand elle intéresse les étudiants, qu’elle les conduit à apprendre comment apprendre et qu’elle les pousse à réfléchir activement et par eux-mêmes, l’éducation leur permet de devenir les acteurs de leur propre avenir. Aujourd’hui plus que jamais, il est nécessaire d’apprendre et de réapprendre tout au long de la vie. Il ne s’agit pas d’un luxe, mais d’une nécessité.
Le deuxième pilier, l’éducation au service de l’emploi, cherche à faciliter la transition entre l’école et la vie professionnelle. Il prend acte non seulement du rôle que l’éducation et la formation peuvent jouer dans le renforcement des compétences cognitives et socio-émotionnelles, ainsi que des qualifications professionnelles dont les diplômés ont besoin pour réussir sur le marché du travail, mais également de leur manque d’informations sur ce marché.
Enfin, les systèmes éducatifs doivent s’attaquer au troisième pilier : l’éducation comme moteur de transformation. Dans la région MENA, jusqu’à présent, les systèmes éducatifs ne s’attachent guère à promouvoir les compétences du XXIe siècle , qui sont pourtant indispensables pour réussir dans le monde interconnecté d’aujourd’hui. Ces compétences consistent en un ensemble de savoirs, de qualifications, de comportements, de valeurs et de principes éthiques qui revêtent une importance vitale pour la réussite dans le monde actuel. Et ce pilier a pour objectif d’appuyer et de renforcer l’offre de services éducatifs qui dotent les diplômés de ces aptitudes essentielles.
La région est-elle capable de suivre les mutations rapides décrites par Thomas Friedman ? C’est peut-être la réforme de l’éducation qui lui offrira sa meilleure chance d’y parvenir.
Prenez part au débat