Scolarisation ne rime pas avec apprentissages …
Depuis les indépendances, les pays arabes ont fait des progrès remarquables pour assurer l’accès à l’éducation, combattre l’illettrisme et réduire les inégalités entre les sexes. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les acquis sont considérables. Pourtant et malgré cela, un constat regrettable se fait jour depuis quelque temps selon lequel, trop souvent, scolarisation ne rime pas avec apprentissages dans les pays arabes et que, très probablement, il convient d’incriminer la piètre qualité de l’éducation dispensée.
Un indice évident de cette situation est ressorti de la première participation de pays arabes à l’enquête TIMSS sur les mathématiques et les sciences de 1999. Les résultats d’alors étaient décevants — et ils continuent de l’être :ainsi, 14 pays de la région ont participé à l’examen de 2007 de mathématiques destiné aux élèves de 8 e année. La moyenne MENA s’établit à 389, contre une moyenne internationale de 451, une moyenne proportionnelle de 500 et un score maximal (pour un pays) de 598.
Mais ce qui est sans doute plus troublant, c’est le nombre de pays de la région en queue du peloton. Dans la plupart des cas, plus de 60 % des élèves de 7 et 8 ans étaient incapables de répondre à la question suivante (correspondant, selon les critères établis, à un faible niveau) : « un cordon de 204 mètres de long doit être coupé en 4 parties égales. Quelle opération faut-il effectuer (multiplication, division, addition ou soustraction) pour y parvenir ? » (Réponse : une division — il faut diviser 204 par 4).
Mais qu’entendons-nous par « qualité de l’éducation » ?
Si la question est complexe, elle n’est pas non plus insoluble. On définit habituellement la qualité d’un système éducatif comme son aptitude à s’assurer que les élèves acquièrent les compétences cognitives (comme la lecture, l’écriture et le calcul), de résolution de problèmes et de pensée critique mais aussi tout ce qui leur servira dans la vie pour pouvoir être des citoyens responsables et des acteurs économiques productifs.
Le fait est que les efforts consentis par la région pour progresser — et qui ont été efficaces jusqu’à un certain point — ne portent plus leurs fruits. L’approche d’alors qui privilégiait les « intrants » (à savoir tout ce que l’on fournit aux écoles en termes de pupitres, de manuels scolaires, de formation d’enseignants, etc.) a été adoptée en partant du principe que les résultats attendus seraient automatiquement et, quelque part, inévitablement atteints.
Cette option s’est révélée relativement efficace tant que le principal objectif des politiques nationales d’éducation a consisté à élargir la couverture à tous les enfants, filles et garçons, d’âge scolaire. Mais elle a conduit à des résultats décevants dès lors que l’on est passé de l’objectif d’« éducation pour tous » à celui des « apprentissages pour tous », signe que les intrants restaient nécessaires mais étaient devenus insuffisants. Cela a été clairement corroboré par le fait que certains des pays de la région MENA affichant les plus fortes dépenses par élève sont ceux qui se sont retrouvés en queue du classement TIMSS.
Un examen des dépenses publiques d’éducation en pourcentage du total des dépenses publiques révèle que les dépenses médianes de la région MENA (environ 20 %) sont les plus élevées du monde (pour la période 2005-2008). Pour autant, la région n’en a pas pour son argent si l’on en juge par les résultats de ses élèves.
Axer la gestion sur les résultats en termes d’apprentissages
Forte de ce constat, la Banque mondiale recommande à la région MENA d’accorder désormais la priorité à ce qui prime le plus : axer la gestion sur les résultats en termes d’apprentissages. C’est pour cela que nous tentons de mesurer les résultats scolaires à travers des tests. Certes, les pays MENA n’ont jamais été pris en défaut dans ce domaine, bien au contraire. Les élèves sont soumis à de nombreux examens publics et, dans certains cas, le système éducatif tout entier s’articule autour de ces examens. Les résultats scolaires sont donc soigneusement évalués dans la région mais rarement dans l’objectif d’améliorer la qualité de l’éducation. Les examens servent plutôt à sélectionner les élèves et à les orienter. De toute évidence, cette situation doit changer.
Nous estimons que le développement des capacités de suivi et d’évaluation de la qualité de l’éducation permettra aux pays arabes d’utiliser les informations tirées des tests des élèves dans une perspective visant à améliorer la qualité de l’enseignement et à en renforcer l’équité.
Prenez part au débat