Publié sur Voix Arabes

La mobilité électrique peut transformer les secteurs des transports et de l’énergie dans la région MENA

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Les mesures adoptées par les États du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) pour enrayer l’épidémie de COVID-19 ont mis en évidence la nécessité de moyens de transport sûrs, résilients et écologiques. En effet, la réduction de la circulation automobile observée pendant le confinement a entraîné une amélioration de la qualité de l’air au Caire (a) et une diminution des émissions de particules fines et de dioxyde d’azote dans des villes comme Riyad, Beyrouth, Djeddah ou Bagdad (a). Cela démontre que le passage au tout électrique dans les transports peut transformer l’avenir de la région.

À l’heure où les secteurs de l’électricité et des transports connaissent des bouleversements technologiques, la transition vers la mobilité électrique offre d’infinies possibilités : voitures, autocars, trains et même navettes aériennes pourraient désormais fonctionner non plus à l’essence ou au diesel mais à l’électricité. Cela éviterait l’émission de milliards de tonnes de gaz à effet de serre, ainsi que des millions de décès ou de complications pathologiques dus à la pollution atmosphérique (a), a fortiori dans cette région particulièrement riche en sources d’énergies renouvelables.

À court terme, l’intégration des véhicules électriques dans les systèmes de transport n’aura que peu ou pas d’impact sur les infrastructures de production d’électricité. Mais leur multiplication au cours des prochaines décennies va nécessiter de renforcer les réseaux locaux dans certains couloirs urbains et d’augmenter de 10 à 15 % les capacités de production électrique, avec les investissements que cela suppose. Pour les dirigeants des pays de la région MENA, c’est le moment opportun de s’orienter vers des transports publics, partagés et durables axés sur les véhicules électriques, et de développer les infrastructures de recharge en exploitant les énergies solaire et éolienne, cette dernière, notamment, devenant de plus en plus efficace et économique.

Des pays comme les Pays-Bas, la Norvège, les États-Unis, la Chine et l’Inde sont à l’avant-garde de cette transition révolutionnaire vers la mobilité électrique, tant pour l’usage public que privé. De plus en plus, les autorités nationales ou locales européennes envisagent l’élimination progressive des véhicules à combustion (a). Les constructeurs automobiles accélèrent leurs plans de motorisation électrique afin de se mettre en conformité avec les réglementations toujours plus strictes en vigueur en Europe et en Chine. La pandémie de COVID-19 risque de retarder certains de leurs projets mais, d’ici à 2022, plus de 500 modèles de véhicules électriques devraient être en circulation dans le monde (a).

Ces projets sont en phase avec l’essor de l’énergie solaire, des réseaux intelligents et des techniques de stockage de l’électricité. L’avenir est aux véhicules qui, en plus de recharger leurs batteries à l’énergie solaire ou, aux heures creuses, via le réseau électrique, réinjecteront du courant dans celui-ci, voire directement dans les habitations en cas de pic de consommation, par exemple pour alimenter la climatisation lors de canicules ou pour compenser la baisse de production d’énergie solaire par temps couvert. La numérisation rend plus viables ces solutions de recharge bidirectionnelle entre véhicule et habitation ou entre véhicule et réseau (a). De plus, les batteries trouveront un jour une nouvelle vie, car on pourra les intégrer aux réseaux électriques (a), sachant que même usagées, elles conservent 70 % de leur énergie pendant plusieurs années. Cette solution, avantageuse à tous points de vue, pallie les problèmes de recyclage et, en même temps, d’insuffisance ponctuelle en énergie solaire. Enfin, des modèles économiques innovants tels que la permutation de batteries sont en cours de développement, afin de compenser leur coût initial élevé, qui rend actuellement le prix des véhicules électriques prohibitif pour une grande partie de la population des pays en développement.

Retirer de la circulation les véhicules à essence ou au diesel procurera de toute évidence d’énormes avantages, la transition vers l’électrique étant l’une des bases d’un avenir vert, inclusif et durable. Il est temps, pour les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, d’envisager l’adoption de politiques et de stratégies favorables à la mobilité électrique, afin d’accroître en quantité et en qualité les moyens de se déplacer, en particulier pour les femmes et pour les personnes vulnérables, jusqu’à présent marginalisées par les difficultés d’accès aux transports. Le projet de lutte contre la pollution et le changement climatique du Grand Caire, mené par la Banque mondiale, finance déjà l'expérimentation d’une flotte d’autobus électriques et la mise en place de l’infrastructure ad hoc. Par ailleurs, l’équipe Infrastructures de la Région MENA, avec le soutien financier de l’ESMAP (a) et du MOLO (a), étudie actuellement comment les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord pourront se doter de solutions techniques, administratives et financières propres à développer la mobilité électrique, en commençant par l’Égypte, le Maroc et la Jordanie.


Auteurs

Paul Noumba Um

Directeur régional Infrastructures, Moyen-Orient et Afrique du Nord

Ashok Sarkar

Senior Energy Specialist, World Bank

Dickson Effah

Consultant auprès du bureau du directeur régional des Infrastructures pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord

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