Alors que le « printemps arabe » a mis en avant les problèmes d’inégalités et de chômage que le monde arabe connaît de longue date, la question qui se pose est de savoir ce qu’il faut faire. Il est évident qu’à moyen terme, seule une économie de marché dynamique peut générer des emplois de qualité pour les chômeurs et, tout aussi important, pour les travailleurs sous-employés. Il pourrait être tentant, sous la pression populaire, d’étendre encore davantage les secteurs publics, mais cela n’est pas possible, et encore moins souhaitable... Cela étant dit, « à moyen terme, nous serons tous morts » (je prends à mon compte ici la phrase célèbre de Keynes même si elle se référait au « long terme » favori des économistes) ou, si nous ne sommes pas morts, nous serons peut-être au beau milieu d’une révolte. Ceux qui ont pris la rue, qui « n’avaient plus peur » et qui, dans certains cas, ont fait chuter des régimes, exigent à juste titre des changements, des améliorations immédiates de leurs conditions de vie. Ils ne vont pas attendre le « moyen terme » des économistes, et ce d’autant plus que le « secteur privé » est souvent perçu comme un synonyme du « capitalisme de copinage », celui de la petite élite qui a des relations et se fait beaucoup d’argent, alors que tous les autres n’en gagnent guère.
Alors, que font les gouvernements à court terme pour montrer qu’ils ont rompu avec le passé ?
Quel remède immédiat peuvent-ils apporter, en termes de développement, et mettant les pays sur une trajectoire de croissance profitant au grand nombre et non au petit cercle des privilégiés ? C’est la question primordiale qui se pose partout dans le monde arabe. La réponse, concernant les personnes peu qualifiées, peut consister à attribuer à de petits entrepreneurs des contrats pour des travaux à forte intensité de main-d’œuvre dans l’amélioration et la réhabilitation d’infrastructures de base telles que les routes et les canaux d’irrigation. Cette expérience a été menée avec succès en Asie et en Amérique latine. Pour ce qui est des travailleurs qualifiés et des diplômés universitaires, dont les taux de chômage sont très élevés dans de nombreuses parties du monde arabe (avoisinant même, dans plusieurs pays, les 30 % chez les femmes diplômées), les programmes auxquels l’on peut se référer sont moins nombreux, mais il en existe quelques-uns en Europe et en Amérique du Nord. L’approche consiste à fournir des services sociaux par le biais d’organisations à but non lucratif, par exemple en créant des jardins d’enfants ou des centres de développement de la petite enfance gérés par des ONG là où il existe un besoin d’employés hautement qualifiés.
Aux États-Unis, le programme « Teach for America » encourage par exemple les diplômés universitaires à enseigner dans les écoles publiques peu performantes. Bien entendu, sur le moyen terme, cela implique l’amélioration urgente de la qualité de l’enseignement dans l’ensemble du monde arabe, dont les très mauvais résultats sont aujourd’hui largement reconnus et où la Banque déploie déjà de grands efforts en collaboration avec un certain nombre d’organisations et de ministères de l’éducation.
Alors que ministres des Finances et du Développement se sont réunis ici à Washington à l’occasion des Réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI, l’occasion semblait parfaitement indiquée pour engager une réflexion collective et un débat sur les programmes d’emploi de courte durée. Mon équipe a donc organisé un atelier pour recueillir les expériences existant à travers le monde et connaître l’opinion de dirigeants arabes sur ces expériences. Cliquez ici pour en savoir plus(contenu en anglais).
Et vous, qu’en pensez-vous ? Que faut-il faire à court terme ? Y a-t-il des initiatives qui pourraient être développées à une plus grande échelle ? Quelles sont les erreurs à éviter, quelles sont les solutions qui ont échoué ?
Cet article est une traduction de la version anglaise.
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