Publié sur Voix Arabes

Les ministères des finances de la région MENA peuvent faire passer l’action climatique à la vitesse supérieure

The lake of Dayat Awa in Morocco is receding as a result of global warming and drought. The lake of Dayat Awa in Morocco is receding as a result of global warming and drought.

S’il est un problème qui exige une approche pangouvernementale, c’est bien celui du changement climatique.  Tous les segments de la société et de l’économie ressentent les effets du changement climatique, et toutes les actions des pouvoirs publics ont un effet sur ce dernier. Une approche pangouvernementale permet de s’assurer que tous les moyens sont mis en œuvre pour trouver une solution climatique.

Les ministères de l'énergie, de l’environnement, des transports et de l’agriculture sont le plus souvent tenus responsables de l’action ou de l’inaction dans le domaine climatique. Mais c’est oublier un ministère clé en matière de responsabilité climatique : celui des finances. Les ministres des finances jouent un rôle essentiel, car ils canalisent les ressources vers l’action climatique.  Ils sont entre autres responsables de la préparation et de l’exécution du budget, de la proposition de mesures incitatives et de réformes politiques et de la promotion d’investissements publics verts.

Les ministères des finances jouent également un rôle clé dans la mise en œuvre des contributions déterminées au niveau national, qui correspondent aux engagements pris par les pays pour réduire leurs émissions de carbone  et dont la réalisation repose sur la coopération de tous les secteurs, la volonté politique et le leadership. Le ferme engagement des ministères des finances du monde entier est indispensable pour concrétiser les ambitions de l’accord de Paris, des engagements nationaux et des Objectifs de développement durable. 

Conscients du rôle important et transformateur que peuvent jouer les ministères des finances, 39 pays se sont réunis en 2018 pour renforcer leur engagement collectif en faveur de l’action climatique en créant la Coalition des ministres des finances pour l’action climatique (a). Cette coalition compte aujourd’hui 73 pays membres (a), qui représentent plus de 35 % des émissions mondiales de carbone et 65 % du PIB mondial (2020). Elle a pour mission d’aider les pays à s’orienter vers une trajectoire de développement résilient et sobre en carbone. Ses membres ont signé les Principes d’Helsinki (a), un ensemble de six axes directeurs non contraignants destinés à promouvoir les interventions climatiques nationales, notamment au moyen d’outils de politique budgétaire et de gestion des finances publiques.

Quatre pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) ont rejoint la Coalition au cours des six derniers mois : l’Égypte, le Maroc, Bahreïn et, très récemment, l’Iraq.  C’est encourageant, même si la région MENA reste toutefois la moins représentée au sein de la Coalition.

Alors, comment les ministères des finances peuvent-ils participer à l’action climatique ? Voici un aperçu des domaines clés dans lesquels ils peuvent intervenir et jouer sur le levier de la législation pour contribuer au respect des engagements climatiques nationaux :

  1. Ressources publiques : De par leur rôle crucial dans l’allocation des ressources publiques, les ministères des finances peuvent s’assurer qu'elle est cohérente avec les interventions, politiques et programmes nécessaires à la réalisation des engagements climatiques nationaux. Ils peuvent orienter l’allocation des ressources grâce à une budgétisation efficace et permettre aux pays d’évaluer le pourcentage du PIB consacré à l’action climatique et les sources de ces dépenses.
  2. Incitations fiscales : Les ministères des finances peuvent promouvoir l’alignement des incitations fiscales sur les engagements climatiques nationaux, y compris l’intégration des enjeux climatiques dans les plans de relance économique post-COVID.
  3. Réformes des politiques : Les ministères des finances peuvent promouvoir des réformes pour supprimer les incitations préjudiciables à l’environnement (par exemple, les subventions aux carburants) et instaurer une tarification du carbone qui contribuera à l’amélioration des comportements des entreprises et des consommateurs. Ces réformes peuvent également favoriser un afflux d’investissements dans la recherche et le développement de technologies écologiques.
  4. Nouveaux outils d’investissement : Les ministères des finances peuvent créer de nouveaux outils tels que les obligations vertes (a) pour financer des projets, existants ou nouveaux, qui ont un impact positif sur le climat et l’environnement.
  5. Marchés publics : Les ministères des finances peuvent superviser les réformes et les fonctions de la passation des marchés publics, lesquels offrent une multitude de possibilités pour promouvoir des technologies, des biens et des services respectueux du climat. Qu’il s’agisse d’équiper des écoles, de construire des systèmes de transport ou d’acheter des fournitures de bureau (a), l’ampleur des dépenses engagées par les gouvernements au titre de la commande publique (a) en fait l’un des instruments politiques les plus puissants pour stimuler l’innovation et la promotion d’infrastructures et d'achats de biens et services respectueux du climat.
  6. Partenariats public-privé : Les ministères des finances peuvent proposer des lois exigeant que les investissements publics et les partenariats public-privé respectent les normes environnementales et qu’ils donnent lieu à une analyse des risques liés au changement climatique, aux catastrophes et à l’impact sur l’environnement.

Il est important que les ministères des finances de la région MENA participent à ces discussions mondiales et qu’ils connaissent le rôle que les ministères, les banques centrales et les autres institutions gouvernementales peuvent jouer,  et jouent dans le monde entier, pour intégrer le changement climatique dans leurs économies. L’implication cruciale des ministères des finances permettra à la Banque mondiale de soutenir les pays par le biais de prêts et d’une assistance technique fondés sur une approche pangouvernementale de l’action climatique.


Auteurs

Jens Kromann Kristensen

Blogueur invité/chef du Secrétariat PEFA

Laura De Castro Zoratto

Senior Economist , Governance Global Practice

Nadir Mohammed

Directeur régional Croissance équitable, finance et institutions pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord

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