Publié sur Voix Arabes

Gouvernance : les gains rapides de la transparence

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ImageSoucieux de renforcer la transparence et la responsabilisation des dirigeants politiques, le président du Conseil italien, Mario Monti, a récemment obligé ses ministres à publier leurs revenus et patrimoine. Pris d’assaut par de très nombreux curieux, le site web du gouvernement n’a pas tenu le choc.

Ce type de démarche va-t-il dans le sens d’une meilleure gouvernance ?  Oui, conclut une récente étude traitant de la diffusion d’informations par la classe politique.

Djankov, La Porta, Lopez-de-Silanes et Shleifer (2010) (en anglais) ont rassemblé des données sur les règles et les pratiques relatives à la divulgation de renseignements financiers et à la mise au jour de conflits d’intérêts par les parlementaires, dans 175 pays. Ils constatent que moins d’un tiers de ces pays publient ces informations, et que moins de 15 % de celles potentiellement utiles sont présentées.

Pourquoi cette communication d’informations est-elle souhaitable ? Parce qu’elle révèle les disparités entre le mode de vie réel des responsables politiques et leurs revenus officiels. On peut ainsi apprendre que, par exemple, untel possède une résidence secondaire hors de prix ou une automobile de luxe. De plus, révéler les sources des revenus, et notamment de ceux découlant de relations d’affaires, permet de lutter contre les conflits d’intérêts. Néanmoins, cette invasion de leur vie privée risque d’exposer les hommes et les femmes politiques à la presse populiste et de dissuader des personnes très compétentes de briguer un mandat public. Cependant, comme l’indiquent les auteurs de l’étude citée, « si le marché politique fonctionne comme les autres marchés, une meilleure information sur les produits qui font l’objet de transactions, ici les responsables politiques, en améliore le fonctionnement. »

Afin de déterminer si cette communication d’informations a de l’importance pour la gouvernance, ces auteurs mettent en relation des indicateurs de l’information publique et interne, ainsi que les sources de revenus, avec la qualité du gouvernement. Ils observent que, si l’information publique est fortement corrélée à une gouvernance plus satisfaisante et à une corruption plus faible, ce n’est pas le cas de l’information interne. De surcroît, la publication des sources de revenus s’avère plus importante pour la gouvernance que la publication de la composition du patrimoine uniquement.

Qu’en est-il au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ? L’échantillon de l’étude inclut seize pays de cette région. Aucun d’eux n’impose une information publique et cinq seulement ont instauré des règles d’information interne. À l’instar de Mario Monti, il faudrait que les nouveaux gouvernements de la région perçoivent l’obligation d’informer comme un témoignage de l’importance qu’ils attachent à la transparence et à la responsabilisation.

 


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