Dans une région et dans un monde qui ont impérativement besoin d’approches innovantes pour lutter contre le changement climatique, le projet d’un entrepreneur social égyptien, Mohamed Ashraf Abdel Samad, devrait non seulement avoir des effets bénéfiques sur l’environnement, mais également contribuer à faire reculer la pauvreté, et il est prêt à être exporté.
Le Moyen-Orient souffre de maux si nombreux (graves difficultés économiques, guerres civiles, groupes extrémistes armés…) que la lutte contre le changement climatique n’y est généralement pas considérée comme une priorité. Mais cela pourrait changer étant donné l’ampleur des problèmes auxquels le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (région MENA) doivent faire face aujourd’hui à cause du réchauffement de la planète induit par les activités humaines.
La hausse des températures menace de réduire encore plus les ressources hydriques, déjà rares, de la région. Avant 2100, c’est-à-dire d’ici la fin du siècle, la diminution du volume et du débit d’eau pourrait atteindre 70 % pour le Nil, 80 % pour le Jourdain et 30 % pour l’Euphrate. La région MENA est également vulnérable à l’élévation du niveau de la mer. Ses zones côtières, où vit une grande partie de la population et où concentre une forte proportion de l’activité économique, risquent d’être submergées.
En outre, l’élévation du niveau de la mer pourrait accroître la salinité de sources d’eau douce vitales, et celle des terres agricoles. La sécheresse, l’irrégularité des précipitations et la hausse des températures, ainsi que l’amenuisement des terres fertiles, pourraient amputer de moitié la production agricole, ce qui compromettrait encore plus la sécurité alimentaire. Et lorsque l’approvisionnement est perturbé, les denrées alimentaires coûtent plus cher. Certains estiment que leur prix progressera de 40 à 50 % d’ici 2050. La santé humaine est, elle aussi, menacée : on s’attend à une multiplication des cas de paludisme et de bilharziose en Égypte, au Soudan et au Maroc. Dans le même temps, l’occurrence des maladies respiratoires pourrait augmenter en raison des tempêtes de sable plus fréquentes.
Les effets du changement climatique sont déjà visibles. Depuis les premiers relevés des températures mondiales, il y a 130 ans, c’est sur la période la plus récente, 2000-2015, que l’on a enregistré 14 des 15 années les plus chaudes. Il n’est donc pas étonnant de constater aussi une augmentation de la fréquence des événements climatiques extrêmes.
En 2010, les régions de la Russie et d’Europe de l’Est qui exportent des céréales ont été ravagées par la sécheresse et par des feux de forêt, tandis qu’au Pakistan, de graves crues ont provoqué tellement de dégâts dans les cultures que les prix des produits alimentaires ont flambé, parfois de 40 %. En 2011, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié un rapport mettant en garde contre « l’impact catastrophique » du réchauffement planétaire. Ce rapport estime que les pays en développement tributaires des importations de denrées alimentaires en pâtiront le plus.
C’est l’imminence de cette catastrophe qui m’a poussé dès 2011 à lancer le projet Shagara (« arbre » en arabe), principalement pour neutraliser mes propres émissions de carbone. Ce projet consiste à planter des arbres et des végétaux dans les villes pour sensibiliser aux problèmes environnementaux et y remédier, mais surtout pour venir en aide aux populations économiquement défavorisées : Shagara fait entrer la nature dans les zones urbaines en associant aménagement urbain, techniques agricoles et architecture.
La végétation fait des miracles pour l’environnement : elle atténue les effets du changement climatique en agissant comme un vaste « puits » de dioxyde de carbone (CO2). De fait, un arbre en bonne santé absorbe près de 5 kg de CO2 par an.
Et il est impératif de neutraliser les émissions de carbone tout en luttant contre la pauvreté.
Shagara végétalise les villes pour que les pauvres soient un peu moins pauvres. Nous utilisons des matières premières à forte intensité de main-d’œuvre et dont l’empreinte environnementale est la plus faible possible, par exemple des branches de palmiers, de la terre compactée, de la paille de riz et des bouteilles plastique recyclées.
Notre programme phare s’intitule « Shagara at School ». En Égypte, les écoles souffrent, entre autres, d’une infrastructure insuffisante et de problèmes d’hygiène. Bien souvent, elles ne proposent pas non plus des activités destinées à autonomiser les élèves et à améliorer leurs compétences. Et les enseignants des matières marginales, telles que l’agriculture, sont sous-payés.
Le projet Shagara met à profit les atouts des écoles qu’il a identifiés et qui peuvent bénéficier à l’ensemble de la société. En effet, les écoles sont des bâtiments relativement grands, dotés de toits-terrasse, avec, dans certains cas, beaucoup d’espace disponible autour. De plus, elles dispensent des cours sur l’agriculture et disposent d’enseignants dans cette matière. Et le nombre d’élèves ne cesse d’augmenter.
Les toits-terrasse des écoles peuvent être transformés en parcelles agricoles pour constituer des pièges à carbone, pour procurer un revenu aux personnels les plus mal rémunérés, pour accroître les sources de nourriture et pour accueillir des activités pédagogiques. Dans les espaces disponibles, où sont actuellement entreposées les ordures, on peut faire pousser des plantes locales, lesquelles consomment moins d’eau que les espèces importées, ce qui permet de créer des écosystèmes plus sains et de neutraliser les émissions de carbone. Les enseignants en agriculture pourraient superviser les équipes de jardinage afin d’assurer la pérennité du projet. Les élèves seraient ainsi sensibilisés au problème du changement climatique et contribueraient à la diffusion des bonnes pratiques.
Le premier projet Shagara a été lancé en février 2013 dans une école du gouvernorat de Qalyubiya. Il a suscité un enthousiasme considérable parmi les élèves et les enseignants. Certains ont même mis en pratique chez eux ce qu’ils avaient appris à l’école. Ce projet est toujours en cours, et l’école l’a développé en 2015, avec ses propres ressources, après avoir reçu, au cours de la deuxième année de mise en œuvre, un prix récompensant la qualité des actions qu’elle mène.
Au vu d’une telle réussite, il n’y a, à mon avis, aucune raison de ne pas mettre en œuvre ce type de projet dans d’autres écoles, non seulement en Égypte mais aussi dans le monde entier.
Le Moyen-Orient souffre de maux si nombreux (graves difficultés économiques, guerres civiles, groupes extrémistes armés…) que la lutte contre le changement climatique n’y est généralement pas considérée comme une priorité. Mais cela pourrait changer étant donné l’ampleur des problèmes auxquels le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (région MENA) doivent faire face aujourd’hui à cause du réchauffement de la planète induit par les activités humaines.
La hausse des températures menace de réduire encore plus les ressources hydriques, déjà rares, de la région. Avant 2100, c’est-à-dire d’ici la fin du siècle, la diminution du volume et du débit d’eau pourrait atteindre 70 % pour le Nil, 80 % pour le Jourdain et 30 % pour l’Euphrate. La région MENA est également vulnérable à l’élévation du niveau de la mer. Ses zones côtières, où vit une grande partie de la population et où concentre une forte proportion de l’activité économique, risquent d’être submergées.
En outre, l’élévation du niveau de la mer pourrait accroître la salinité de sources d’eau douce vitales, et celle des terres agricoles. La sécheresse, l’irrégularité des précipitations et la hausse des températures, ainsi que l’amenuisement des terres fertiles, pourraient amputer de moitié la production agricole, ce qui compromettrait encore plus la sécurité alimentaire. Et lorsque l’approvisionnement est perturbé, les denrées alimentaires coûtent plus cher. Certains estiment que leur prix progressera de 40 à 50 % d’ici 2050. La santé humaine est, elle aussi, menacée : on s’attend à une multiplication des cas de paludisme et de bilharziose en Égypte, au Soudan et au Maroc. Dans le même temps, l’occurrence des maladies respiratoires pourrait augmenter en raison des tempêtes de sable plus fréquentes.
Les effets du changement climatique sont déjà visibles. Depuis les premiers relevés des températures mondiales, il y a 130 ans, c’est sur la période la plus récente, 2000-2015, que l’on a enregistré 14 des 15 années les plus chaudes. Il n’est donc pas étonnant de constater aussi une augmentation de la fréquence des événements climatiques extrêmes.
En 2010, les régions de la Russie et d’Europe de l’Est qui exportent des céréales ont été ravagées par la sécheresse et par des feux de forêt, tandis qu’au Pakistan, de graves crues ont provoqué tellement de dégâts dans les cultures que les prix des produits alimentaires ont flambé, parfois de 40 %. En 2011, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié un rapport mettant en garde contre « l’impact catastrophique » du réchauffement planétaire. Ce rapport estime que les pays en développement tributaires des importations de denrées alimentaires en pâtiront le plus.
C’est l’imminence de cette catastrophe qui m’a poussé dès 2011 à lancer le projet Shagara (« arbre » en arabe), principalement pour neutraliser mes propres émissions de carbone. Ce projet consiste à planter des arbres et des végétaux dans les villes pour sensibiliser aux problèmes environnementaux et y remédier, mais surtout pour venir en aide aux populations économiquement défavorisées : Shagara fait entrer la nature dans les zones urbaines en associant aménagement urbain, techniques agricoles et architecture.
La végétation fait des miracles pour l’environnement : elle atténue les effets du changement climatique en agissant comme un vaste « puits » de dioxyde de carbone (CO2). De fait, un arbre en bonne santé absorbe près de 5 kg de CO2 par an.
Et il est impératif de neutraliser les émissions de carbone tout en luttant contre la pauvreté.
Shagara végétalise les villes pour que les pauvres soient un peu moins pauvres. Nous utilisons des matières premières à forte intensité de main-d’œuvre et dont l’empreinte environnementale est la plus faible possible, par exemple des branches de palmiers, de la terre compactée, de la paille de riz et des bouteilles plastique recyclées.
Notre programme phare s’intitule « Shagara at School ». En Égypte, les écoles souffrent, entre autres, d’une infrastructure insuffisante et de problèmes d’hygiène. Bien souvent, elles ne proposent pas non plus des activités destinées à autonomiser les élèves et à améliorer leurs compétences. Et les enseignants des matières marginales, telles que l’agriculture, sont sous-payés.
Le projet Shagara met à profit les atouts des écoles qu’il a identifiés et qui peuvent bénéficier à l’ensemble de la société. En effet, les écoles sont des bâtiments relativement grands, dotés de toits-terrasse, avec, dans certains cas, beaucoup d’espace disponible autour. De plus, elles dispensent des cours sur l’agriculture et disposent d’enseignants dans cette matière. Et le nombre d’élèves ne cesse d’augmenter.
Les toits-terrasse des écoles peuvent être transformés en parcelles agricoles pour constituer des pièges à carbone, pour procurer un revenu aux personnels les plus mal rémunérés, pour accroître les sources de nourriture et pour accueillir des activités pédagogiques. Dans les espaces disponibles, où sont actuellement entreposées les ordures, on peut faire pousser des plantes locales, lesquelles consomment moins d’eau que les espèces importées, ce qui permet de créer des écosystèmes plus sains et de neutraliser les émissions de carbone. Les enseignants en agriculture pourraient superviser les équipes de jardinage afin d’assurer la pérennité du projet. Les élèves seraient ainsi sensibilisés au problème du changement climatique et contribueraient à la diffusion des bonnes pratiques.
Le premier projet Shagara a été lancé en février 2013 dans une école du gouvernorat de Qalyubiya. Il a suscité un enthousiasme considérable parmi les élèves et les enseignants. Certains ont même mis en pratique chez eux ce qu’ils avaient appris à l’école. Ce projet est toujours en cours, et l’école l’a développé en 2015, avec ses propres ressources, après avoir reçu, au cours de la deuxième année de mise en œuvre, un prix récompensant la qualité des actions qu’elle mène.
Au vu d’une telle réussite, il n’y a, à mon avis, aucune raison de ne pas mettre en œuvre ce type de projet dans d’autres écoles, non seulement en Égypte mais aussi dans le monde entier.
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