Publié sur Voix Arabes

L’infrastructure à la rescousse de l’emploi

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Ce blog a été co-écrit par Caroline Freund et Elena Ianchovichina

ImageLa dernière édition des Perspectives pour l’économie mondiale a récemment averti de la menace d’une nouvelle crise financière mondiale en provenance de la zone euro. Parmi les mesures recommandées aux pays en développement figure la nécessité de privilégier les dépenses d’infrastructure — même dans un contexte budgétaire resserré — en raison de leur importance pour la relance et la croissance de long terme. Nous ne pouvons qu’abonder dans ce sens, cette recommandation s’appliquant tout particulièrement à de nombreux pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), où les incertitudes nationales ont déjà revu à la baisse les perspectives économiques à court terme tandis que le chômage est à la hausse. 

Un rapport à paraître prochainement (et dont un résumé est disponible icien anglais) montre que les investissements dans l’infrastructure contribuent considérablement à la création d’emplois dans la région MENA. À court terme, chaque milliard de dollars investi dans l’infrastructure peut créer en moyenne quelque 110 000 emplois liés à l’infrastructure dans les pays importateurs de pétrole, 26 000 emplois dans les pays du Conseil de coopération du Golfe et 49 000 dans les pays en développement exportateurs de pétrole. Autrement dit, ce sont autant d’emplois auxquels les pays renonceront s’ils décident au contraire de réduire d’un milliard de dollars à l’avenir leur niveau d’investissement public.

Les besoins d’infrastructures dans la région sont estimés à 106 milliards de dollars par an sur une décennie. Si elle parvenait à satisfaire ces besoins, la région pourrait créer 2 millions d’emplois directs et 2,5 millions d’emplois liés à l’infrastructure, sachant cependant que ce potentiel varie beaucoup d’un pays et d’un secteur à l’autre. En raison des disparités de revenu par habitant, un milliard de dépenses crée six fois plus d’emplois à Djibouti qu’au Liban, mais il sera beaucoup plus facile pour ce dernier de financer ses dépenses d’investissement. De même, pour un montant identique de dépenses, celles consacrées à la construction de routes et de ponts créeront deux fois plus d’emplois directs que n’importe quel autre secteur. Les activités de construction de routes et de ponts sont en effet celles qui génèrent le plus d’emplois pour un niveau de dépenses donné, suivies des infrastructures d’eau et d’assainissement, tandis que les transports et communications viennent en bas du classement. La figure 6 illustre par exemple les grandes variations observées en 2009 dans le coût de la création d’un emploi direct en Égypte selon les différents secteurs. 

Figure 6 : Estimation du coût de la création d’un emploi direct en Égypte en 2009 (en milliers de dollars)

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Non seulement les dépenses d’infrastructure — routes, communications, électricité, etc. — ont un effet immédiat de stimulation de l’économie mais elles constituent aussi une contribution importante à la croissance de long terme. Le rapport indique que des investissements d’infrastructure générant un surcroît de croissance d’un point de pourcentage devraient se traduire par la création de 9 millions d’emplois supplémentaires en dix ans dans la région MENA, soit un peu moins d’un million d’emplois par an. Il s’agit d’un chiffre considérable dans la mesure où il représente environ 30 % des emplois créés dans la région dans les années 2000.

Les investissements d’infrastructure sont donc capables de créer des emplois rapidement tout en posant les bases de la croissance et de l’emploi de demain. Cela est particulièrement important dans les pays importateurs de pétrole, comme l’Égypte et la Tunisie, qui connaissent à la fois les déficits d’infrastructures les plus grands et une hausse des besoins d’emplois. Mais c’est aussi dans ces pays que la tâche risque d’être la plus ardue compte tenu de finances tendues. Quels types de dépenses accroître ? Quelles coupes effectuer pour équilibrer les budgets ? Comment coopérer avec le secteur privé pour financer les projets d’infrastructure ? Les décisions que les gouvernants prendront sur ces questions auront un retentissement important sur l’emploi. Le développement avisé des infrastructures est au cœur de la croissance et de la création d’emplois à court comme à long terme.


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