Publié sur Voix Arabes

Soutenir l’innovation climatique et la création d’emplois au Maroc

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Billet rédigé par Roger Coma-Cunill, Jonathan Coony et Manaf Touati

L’an dernier, M. Berrada a fait breveter son invention - un chauffe-eau solaire optimisé - par l’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC). L’idée est d’améliorer l’efficience de ces appareils par l’ajout d’un système de fluide caloporteur spécialement conçu pour les bâtiments collectifs. Cet ingénieur d’État diplômé de l’École Hassania des travaux publics (EHTP) rêve d’applications commerciales pour sa trouvaille.

Mais le parcours est semé d’embûches, ne serait-ce que parce qu’il aurait besoin de conseils techniques pour élaborer son plan de développement et trouver des financements pour fabriquer un prototype. Commercialisée, cette technologie prometteuse aurait trois avantages : fournir des chauffe-eaux solaires plus efficaces au consommateur marocain, créer des emplois verts et réduire les émissions de gaz à effets de serre.

La Banque mondiale œuvre actuellement à la création d’un centre d’innovation climatique (CIC) au Maroc pour aider les inventeurs comme M. Berrada à atteindre leur but. Les CIC offrent une palette de services, financiers et autres, sur mesure afin que le secteur privé local puisse participer plus activement et avec plus de profit à la révolution, en marche, des technologies propres.

Innovation climatique au Maroc

Le programme de partenariat mondial du Groupe de la Banque mondiale InfoDev (a) gère la création de sept autres CIC dans le monde. Dans le cadre d’un projet d’assistance technique, la Banque mondiale et InfoDev co-pilotent la préparation du plan de développement du premier CIC de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), à l’issue de consultations approfondies auprès d’un large éventail d’acteurs locaux.

Pour identifier les besoins d’entrepreneurs comme M. Berrada, l’équipe de la Banque mondiale vient d’achever une enquête auprès des multiples parties prenantes de l’innovation et des technologies de lutte contre le changement climatique au Maroc. La centaine de réponses obtenues, dont la moitié émane d’entreprises établies et de jeunes pousses, a permis de repérer les freins à l’innovation et de voir comment le CIC marocain pourrait y remédier. Conclusion, ses services sont parfaitement adaptés aux attentes, comme en témoigne cette rapide synthèse des résultats obtenus :

  • il existe une réelle demande de services pour sortir de la « vallée de la Mort » qu’est la commercialisation des produits au Maroc : recherche appliquée, projets de démonstration et pénétration du marché ;
     
  • on note une volonté générale d’accéder à (1) des informations sur le développement de marché et les technologies ; (2) des formations techniques ; et (3) des financements adaptés aux petites et moyennes entreprises, pour l’instant inexistants ;
     
  • 90 % des personnes interrogées estiment que la participation à des réseaux nationaux et internationaux est vitale - un rôle que le CIC peut assumer pour renforcer les capacités techniques et favoriser le transfert de technologies ;
     
  • 88 % jugent utile la création d’un point focal ou d’un pôle pour les technologies climatiques au Maroc - mission que le CIC peut remplir.


Une pléthore d’acteurs marocains travaille sur l’innovation et/ou les technologies permettant de lutter contre le changement climatique. Le gouvernement vient d’introduire plusieurs instruments qui attestent de son engagement sur ce front (fonds pour l’innovation, pôles, etc.), mais il s’agit là d’initiatives de longue haleine. Le CIC pourrait aider le pays à se convertir à l’économie verte mais aussi soutenir M. Berrada et tous ses collègues inventeurs à concrétiser leurs rêves et ce faisant, à créer des emplois dont le pays a tant besoin.


Auteurs

Roger Coma Cunill

Spécialiste de l'énergie

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