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Lors d’une mission d’environ trois mois au bureau de la Banque mondiale au Maroc, j’ai eu l’opportunité de vivre ce que je décrirais comme une expérience de développement enrichissante. Loin de l’Égypte et des troubles qui l’agitent depuis malheureusement plusieurs années maintenant, j’ai pu mettre de l’ordre dans mes idées.J’ai d’abord été frappée par les similitudes entre les problèmes de développement du Maroc et ceux de mon propre pays. Ce que j’ai appris durant cette mission m’a ouvert les yeux, et l’exercice a été stimulant.
Le modèle de développement global adopté par le Maroc et soutenu par la Banque mondiale est exemplaire : nous encourageons l’échange de savoirs, à la fois Sud-Sud et entre régions, nous montrons à nos clients les effets positifs de ces pratiques, ainsi que le temps que l’on peut gagner et les efforts que l’on peut épargner en apprenant ainsi les uns des autres. Or les avantages et le besoin de cet apprentissage mutuel sont tout aussi, et surtout, manifestes au sein même de notre région.
Retour en 2010. Le Maroc a alors plus ou moins les moyens de faire face à l’impact de la crise économique mondiale qui s’est déclenchée l’année précédente. Il a élaboré des stratégies pour les secteurs de son économie qui sont les plus susceptibles de contribuer à sa croissance, ce qui a attiré les investissements privés et les investissements directs étrangers. Cette stratégie de croissance a permis une diversification, a atténué la volatilité et a fait reculer le chômage.
Le Maroc a compris que le développement des marchés passait par une politique cohérente, allant de la base au sommet. Il a également compris la nécessité d’un développement rural intégré pour l’expansion de son agriculture, ainsi que l’importance des structures d’appui aux producteurs.
Enfin, il s’est doté d’un plan à long terme destiné à exploiter le potentiel considérable de son secteur agroalimentaire et d’intégrer sa petite agriculture dans une stratégie axée sur la croissance. Le « Plan Maroc Vert », qui couvre la période 2008-2020, vise à transformer l’agriculture en une source stable de croissance, de compétitivité et de développement économique diversifié, via la combinaison d’investissements agricoles et de réformes globales du secteur public.
Le Maroc sait qu’il est vulnérable à la sécheresse et au changement climatique. La dépendance de son agriculture vis-à-vis de la pluviométrie, tout particulièrement pour ses agriculteurs pauvres et vulnérables, la raréfaction des ressources en eau et l’évolution délétère du climat à moyen et long terme font peser de graves menaces sur la société et sur l’économie marocaines.
Le Rapport sur le développement dans le monde 2010 a classé le Maroc parmi les pays dont les rendements agricoles risquent le plus de pâtir du changement climatique. De plus en plus conscient de ces problèmes, le gouvernement marocain a commencé à y consacrer beaucoup de temps et d’efforts. Il a ainsi défini une stratégie intégrée pour faire face au changement climatique et aux effets du réchauffement de la planète.
Ce plan d’action correspond parfaitement aux priorités du pays et permet d’exploiter le potentiel économique de l’agriculture. Le changement climatique influe déjà sur la politique publique et sur les décisions d’investissement, surtout dans des secteurs comme l’agriculture et la gestion des ressources en eau.
Le Maroc a su repérer des possibilités de synergies avantageuses pour toutes les parties concernées. Par son expérience et son influence, la Banque mondiale a pu l’aider à mettre à profit ces synergies en soutenant l’élaboration et le déploiement d’un programme de réformes.
L’adoption d’une stratégie à long terme ciblant la croissance verte et la préservation de ses ressources naturelles a valu au Maroc d’être considéré dans la région comme un pays pionnier, réputé pour sa persévérance et pour sa capacité à intégrer des objectifs de protection de l’environnement dans ses plans de développement.
Certes, il me manque les compétences techniques nécessaires pour formuler des recommandations précises à ce sujet, mais je sais qu’un tel modèle pourrait aussi donner de bons résultats en Égypte et élargir l’horizon économique d’un grand nombre de mes compatriotes.
Ce modèle consiste à coupler des mesures en faveur du développement rural, des ressources en eau et de l’agriculture à des mesures environnementales appropriées. C’est le type de plan propice à une croissance verte qui correspondrait à la forme de croissance à laquelle aspire l’Égypte. Il faut pour cela promouvoir une culture de préservation de notre environnement et de nos ressources naturelles. Une politique qui intègre la composante environnementale dans un programme incitant les agriculteurs et le secteur privé à adopter un modèle économique global axé sur le marché a de bonnes chances d’être bénéfique en Égypte. Elle devrait y produire de bons résultats et contribuer à une croissance verte.
Ce programme créera des opportunités pour les segments de la population les plus défavorisés et permettra de concrétiser la soif de justice sociale qui anime le peuple tout en protégeant notre environnement.
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