Dans un pays comme l’Iraq, où les femmes se heurtent de longue date à des barrières sociales, culturelles et juridiques, elles réussissent à prouver qu’elles peuvent travailler à la réhabilitation des infrastructures et des services dans des villes iraquiennes délivrées du joug du groupe État islamique, en œuvrant aux côtés de leurs homologues masculins, dans un univers professionnel où l’on considère traditionnellement qu’elles n’ont pas leur place.
Ces 15 derniers mois, j’ai eu l’honneur de rencontrer de jeunes cadres iraquiennes et de travailler avec elles. Ces femmes témoignent d’un engagement exemplaire en faveur du programme de reconstruction des territoires iraquiens détruits lors des combats contre Daech. J’ai pris conscience, cependant, que participer au relèvement de leur pays n’était pas aussi facile qu’on pourrait le croire. « En travaillant et en coordonnant une équipe constituée d’hommes, les défis que je surmonte avec d’autres collègues femmes qui travaillent dans le génie civil et le bâtiment nous aident à nous assumer et à montrer à ma génération qu’elle peut prendre part à la reconstruction de l’Iraq et restaurer la stabilité et la sécurité dans les zones libérées et meurtries par le terrorisme », explique Ashti Alwindi, une jeune femme ingénieure travaillant au ministère du Bâtiment, des Travaux publics et du Logement à Bagdad. La principale mission d’Ashti est de coordonner les activités de passation de marchés pour la réfection des routes et des ponts endommagés pendant la guerre contre Daech, qui bénéficient du concours financier de la Banque mondiale dans le cadre du Projet d’urgence pour le développement en Iraq.
La gestion des fonds exige une grande responsabilité, notamment lorsqu’ils sont financés par la Banque mondiale. Les Iraquiennes s’acquittent néanmoins de cette tâche avec brio, en se conformant scrupuleusement aux directives financières du projet. « Je regrette la façon dont on considère mon travail », déplore Adwaa Mohammed, chargée des questions financières au ministère du Bâtiment, des Travaux publics et du Logement à Bagdad. « Mon entourage assimile mon travail à la saisie et à l’archivage de données, alors que la gestion des fonds, notamment lorsqu’ils proviennent d’organisations internationales, est un défi en soi qui demande de grandes capacités ainsi qu’une connaissance des politiques et des réglementations. »
L’inclusion des femmes est un facteur important dans les opérations de stabilisation et de reconstruction, et leur rôle est de plus en plus reconnu au sein de la communauté. Pourtant, il n’existe toujours pas de stratégie ou de directive qui garantirait leur participation effective.
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