Publié sur Voix Arabes

Le 25 janvier, date mémorable dans le monde arabe

January 25thDans le bureau de la Banque mondiale au Caire, il y a une magnifique affiche qui proclame le 25 janvier « plus beau jour de l’histoire ». Je ne sais pas d’où elle vient mais on dirait que le dessin a été réalisé en plein cœur de la place Tahrir pendant la révolution de 2011. Trois ans plus tard, la date du 25 janvier revêt une profonde signification dans l’histoire arabe contemporaine.

Pour les pays du Printemps arabe, le 25 janvier est une journée spéciale à plus d’un titre. C’est la date anniversaire de la révolution égyptienne contre le régime Moubarak. C’est aussi la date qui marque la conclusion du Dialogue national au Yémen et l’approbation du projet de nouvelle Constitution en Tunisie. Enfin, c’est la date qui aura accueilli la première rencontre entre représentants du régime syrien et de l’opposition pour une tentative de négociations qui visent à mettre fin à une guerre civile sanglante et tragique.

Hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, les Égyptiens ont témoigné à la face du monde du courage des peuples arabes en se soulevant pour exiger la démocratie et la bonne gouvernance, des emplois et des débouchés. Les millions de personnes qui ont occupé la place Tahrir au Caire et de nombreuses places dans les villes et villages du pays, ont inspiré le monde arabe tout entier. En quatorze jours, les Égyptiens sont parvenus à renverser Moubarak et à amorcer un processus de transition. Et, en dépit des vicissitudes de ce processus, le 25 janvier 2011 sera pour toujours le « jour de la révolution ».

Au Yémen, la révolution prend d’abord un tour meurtrier. La contestation pacifique menée par les jeunes yéménites est réprimée dans le sang et se solde par de nombreuses victimes. L’armée est divisée, et le pays aussi. La crise donne lieu à une brève guerre civile qui prend fin en novembre 2011 avec la signature d’un accord de transition conclu sous l’égide du Conseil de coopération du Golfe. Le président se retire et, à l’issue d’un référendum national, son vice-président lui succède et forme un gouvernement d’union composé de membres de l’ancien régime et de l’opposition. L’accord prévoit également le lancement d’une conférence de « dialogue national » qui doit permettre de résoudre les conflits profonds qui divisent la nation. Cette conférence, qui rassemble 560 membres représentant l’ensemble des composantes politiques du pays, comprend notamment des femmes et des jeunes. Alors qu’aucun parti n’y dispose de la majorité absolue, elle s’achève sur un accord historique portant sur l’instauration d’un État fédéral. Le 25 janvier 2014, une cérémonie vient marquer le dénouement fructueux du Dialogue national.

En Tunisie, berceau du Printemps arabe, les travaux devant conduire à une nouvelle Constitution auront pris près de deux années. À sa façon, le peuple tunisien a toutefois montré au reste de la région comment l’on peut, par le compromis, atteindre un consensus. Aux termes de l’accord final, un nouveau gouvernement composé de personnalités indépendantes et « compétentes » doit être mis en place, avant la tenue d’élections dans l’année. Et ce n’est pas tout à fait le 25 janvier 2014 mais deux jours plus tard que les dirigeants de la transition tunisienne ont paraphé la nouvelle Loi fondamentale. Considérée comme l’une des plus progressistes dans le monde arabe, la Constitution tunisienne a surtout été approuvée par une écrasante majorité et a bénéficié du soutien de toutes les formations politiques. La Tunisie va, à nouveau, assurer un rôle de chef de file dans le monde arabe en s’efforçant de bâtir une véritable société démocratique, fondée sur le pluralisme et l’inclusion, dans l’intérêt de tous les Tunisiens.

En Syrie, la guerre civile fait rage depuis presque trois ans. Ici comme ailleurs dans les pays du Printemps arabe, la contestation avait pourtant commencé par des manifestations pacifiques où la jeune syrienne réclamait une bonne gouvernance et des emplois, et des dirigeants responsables de leurs actions devant les citoyens. Hélas, de la contestation au bain de sang, cette révolution a débouché sur l’une des guerres civiles les plus funestes de l’histoire récente. Plus de 140 000 morts à ce jour, des centaines de milliers de blessés et plus de six millions de personnes déplacées dans le pays ou contraintes à l’exode dans les États voisins. Le 25 janvier 2014, pour la première fois depuis le début de la guerre, les délégations de l'opposition syrienne et du gouvernement de Damas se sont retrouvées face-à-face pour tenter de résoudre un conflit tragique et meurtrier.

Riche de significations pour de nombreux pays du Printemps arabe, la date du 25 janvier peut devenir véritablement le « plus beau jour de l’histoire »… si ces négociations aboutissent et mettent fin à la tragédie syrienne. Nous prions pour qu’il en soit ainsi.

Auteurs

Wael Zakout

Expert mondial, Politique foncière et géomatique

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