Les problèmes de l’emploi et du chômage dans le monde arabe apparaissent comme des composantes essentielles des révolutions en cours. Nous voici donc, aujourd’hui, devant une occasion en or de nous attaquer à ces questions difficiles et de proposer des solutions courageuses qui soient à la hauteur de l’immense sentiment d’espoir et de désir d’un véritable changement.
À l’aube de ce nouveau débat, il est des leçons que nous pouvons tirer d’un certain nombre d’expériences pilotes qui ont été menées récemment et qui pourraient servir, dans cette période pleine de promesses, comme autant de tremplins pour aller plus vite – après tout, ces foules de gens protestant dans les rues étaient déjà impliquées dans de bonnes choses avant que le mouvement du Jasmin et les événements du 25 janvier ne viennent dégager un plus vaste horizon. Je voudrais me servir de ce blog pour tenter de vous faire partager les aspects essentiels d’une expérience qui, à mes yeux, a porté ses fruits. C’était en Égypte, dans le domaine du développement des compétences, un facteur indispensable pour doter les jeunes Arabes (les sans-emploi et les travailleurs) de savoir-faire en adéquation avec les besoins du marché.
Au mois de juin de l’année dernière, le projet de développement des compétences en Égypte sur lequel j’ai travaillé est arrivé à son terme après avoir expérimenté pendant six ans un mécanisme de financement de la formation technique, avec l’engagement que sa pérennisation soit assurée par le département chargé de la productivité et de la formation professionnelle du ministère du Commerce et l’Industrie. La conception de l’ensemble du projet a été bâtie autour de la demande du marché, d’une certaine dose de concurrence et du partage des coûts entre les parties prenantes : entreprises bénéficiaires, associations professionnelles, chambres d’industrie et, bien sûr, le gouvernement qui assurait en l’occurrence le rôle de promoteur. Toutes ces parties prenantes (auprès desquelles une enquête de satisfaction a été menée) sont convenues que le projet apportait une valeur ajoutée au marché de la formation technique en Égypte en fournissant des services de formation de qualité qui étaient, de surcroît, bien adaptés aux besoins des entreprises. La cellule de gestion du projet mise en place par le gouvernement est également perçue de manière positive : de l’avis des parties prenantes, la cellule fait preuve de transparence et d’équité dans l’application de ses procédures.
Ce que nous avons constaté à mesure qu’avançait le projet, c’est qu’il a créé un environnement favorable à une concurrence loyale, laquelle a encouragé les prestataires de formation à adapter leurs programmes et à rechercher progressivement des formateurs mieux qualifiés. Dans certains cas, les prestataires ont même augmenté leurs effectifs de formateurs pour répondre à la hausse des demandes de formation que suscitait le projet et enrichi le niveau de leurs programmes. Le projet les a également encouragés à renforcer leur offre de services à des entreprises situées dans des zones géographiques jusque-là négligées.
Un tel succès illustre selon moi le formidable potentiel que représente l’harmonisation des incitations entre prestataires de services et bénéficiaires. Il s’agit certes du discours classique des économistes, mais ce que cela signifie, concrètement, c’est que les prestataires de formation (privés et publics) ont été incités à adapter leurs cours aux exigences du marché (c’est-à-dire à réaliser un investissement) dès lors qu’ils ont obtenu l’assurance d’une concurrence loyale et de la transparence et de la crédibilité des flux de fonds (publics). Une approche semblable d’harmonisation des incitations assortie de responsabilités s’applique aux entreprises bénéficiaires, aux travailleurs indépendants, aux associations professionnelles ou aux chambres d’industrie, aux structures d’accréditation et de certification, etc. Dans tous les cas, ce dont il est question ici c’est de disposer de flux d’information et de financement fiables et transparents, d’obtenir de la qualité en échange de votre investissement et de produire de la qualité à travers votre investissement. Tout le monde est gagnant. C’est une chose de le lire dans un manuel d’économie ; c’est autrement plus encourageant de le constater dans la pratique. En attendant la suite...
Cet article est une traduction de la version anglaise.
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