Publié sur Voix Arabes

Comment le Maroc peut-il renforcer sa compétitivité?

World Bank | Arne Hoel - Comment le Maroc peut-il renforcer sa compétitivité ? Ces dernières années, le concept de « compétitivité » est devenu l’un des nouveaux paradigmes du développement économique. Le Rapport sur la compétitivité mondiale du Forum économique mondial définit la compétitivité comme l’«  ensemble des institutions, politiques et facteurs qui déterminent le niveau de productivité d’un pays et sont source de prospérité économique pour ses citoyens ». Cette définition large englobe un grand nombre d’interventions publiques potentielles dans plusieurs domaines. Si l’on veut stimuler la compétitivité, il faut agir sur de multiple facteurs, dont l’efficacité des institutions gouvernementales, la qualité de l’infrastructure, la stabilité macroéconomique, la qualité des systèmes de santé et d’éducation, la formation, le degré de concurrence, l’efficience du marché du travail et des marchés financiers et l’aide à l’innovation. Étant donné la longueur de cette liste, une nouvelle question se pose : quelles actions publiques les autorités doivent-elles engager en priorité ?

Au Maroc, une transformation structurelle de l’économie susceptible d’aboutir à une croissance plus solide et de créer des emplois passera par l’introduction d’un ensemble coordonné de mesures dans plusieurs domaines essentiels. Elle nécessitera de préserver la stabilité de l’environnement macroéconomique, d’améliorer l’environnement des affaires, d’élaborer une politique commerciale mieux à même d’appuyer la compétitivité des produits marocains, de développer un secteur financier répondant mieux aux besoins des petites entreprises, d’améliorer la formation de la population active et d’instaurer des institutions efficaces pour la protection sociale et le marché du travail.

Si, au cours de la dernière décennie, le Maroc a bien avancé dans la mise en œuvre des réformes dans plusieurs de ces domaines, l’impact de ces mesures, quoique positif, reste insuffisant. La productivité, la diversification des exportations et l’intensité technologique restent à la traîne par rapport à celles d’autres pays émergents. Les principaux indicateurs pour le secteur privé font apparaître une relative faiblesse pour l’entrée et la sortie des entreprises dans l’économie marocaine, ce qui se traduit par des perspectives plutôt ternes pour la croissance de l’économie et de la productivité.

Le pays doit impérativement renforcer l’impact de ses réformes afin de susciter une réaction plus franche de la part des investisseurs privés. Des carences demeurent dans l’environnement des affaires, et surtout dans des domaines qui, à l’instar de la réforme de la réglementation, nécessitent un important de degré de coordination entre les agences publiques, et où la législation, quand elle existe, n’est pas toujours appliquée. Certes, des plans sectoriels et de développement industriels ont été mis en place (Programme Émergence, Maroc Export Plus, Plan Azur, Plan Maroc Vert, Plan Halieutis, Vision 2015 pour l’artisanat) et le Maroc a adopté un ambitieux programme d’accords de libre-échange, mais certains aspects de sa politique commerciale, notamment la logistique et le financement, restent déficients. Le Maroc a engagé des réformes impressionnantes dans le secteur financier, mais il peut encore améliorer l’accès au crédit de ses petites et moyennes entreprises (PME).

À l’avenir, la difficulté consistera à mettre en œuvre et à coordonner toutes les mesures qui influent sur le développement du secteur privé, l’investissement et la création d’emplois. La réussite des programmes sectoriels en cours dépendra de la capacité du pays à coordonner, à appliquer et à évaluer toutes ces mesures à différents niveaux et via diverses agences. Cet impératif s’est révélé particulièrement difficile à tenir dans le passé, lorsqu’une coordination très poussée entre les administrations a été requise, notamment lorsqu’il s’est agi de remédier aux obstacles persistants dans tout l’environnement des affaires, lesquels érodent et édulcorent l’impact des divers interventions et plans d’aide qui sont lancés. L’environnement des affaires est en effet assujetti à des règles et à une réglementation lourdes, qui sont souvent appliquées de manière hétérogène par les différentes autorités chargées de les faire respecter. Ces problèmes transversaux pèsent surtout sur les PME marocaines, qui constituent pourtant la première source de création d’emplois dans le pays.

Un prêt accordé par la Banque mondiale, d’un mondant de 160 millions de dollars, aidera le pays à introduire les réformes visant à résoudre ces problèmes. En améliorant la transparence de son environnement d’affaires, en adoptant des procédures standardisées pour les entreprises sur tout le territoire et en renforçant les capacités de ses institutions essentielles, telles que le Comité national de l’environnement des affaires, le Conseil de la concurrence et la Commission interministérielle des investissements, le Maroc se dotera d’un environnement plus propice à la croissance. Toutes ces réformes conjuguant leurs effets, le pays pourrait bien finir par voir aboutir sa quête d’une meilleure compétitivité.


Auteurs

Philippe de Meneval

Spécialiste senior en développement du secteur privé

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