Le 10 octobre 1980, un séisme de magnitude 7,1 a détruit la ville algérienne d’El Asnam (connue aujourd’hui sous le nom de Chlef), faisant plusieurs milliers de victimes et entraînant des pertes économiques considérables. Il a été suivi trois heures plus tard d’une réplique de magnitude 6,3, ce qui en fait l’un des tremblements de terre les plus importants et les plus meurtriers jamais enregistrés en Algérie. Puis, 23 ans plus tard, un séisme de magnitude 6,8 a de nouveau touché le pays et causé de terribles dégâts dans cinq provinces du centre-nord.
Que se passerait-il si une catastrophe d’une ampleur comparable frappait le pays aujourd’hui ?
Malheureusement, les catastrophes de ce type sont loin d’être rares en Algérie. Qu’il s’agisse de tremblements de terre, d’incendies de forêt ou d’inondations, l’Algérie a connu sa part de calamités au fil des ans et en a tiré de précieuses leçons. Selon les estimations du gouvernement algérien, les dépenses annuelles engagées au cours des 15 dernières années pour faire face aux inondations, aux séismes et aux feux de forêt s’élèvent en moyenne à 255 millions de dollars (35,14 milliards de dinars), dont environ 70 % consacrés aux inondations. Conscient des risques croissants qu’entraînent l’urbanisation et le changement climatique, le gouvernement a adopté de nombreuses politiques, réglementations et mesures de planification qui témoignent de son engagement à mieux se préparer aux crises, à mieux les gérer et à en atténuer les effets. Mais les autorités sont tout aussi conscientes que le processus vers la résilience aux catastrophes est loin d’être terminé et qu’il reste encore beaucoup à faire.
Ainsi, la Délégation nationale aux risques majeurs (DNRM), qui coordonne les initiatives de gestion des risques de catastrophe en Algérie, a travaillé avec la Banque mondiale pour évaluer la situation du pays en la matière et pour cibler les actions prioritaires qui contribueraient à renforcer la résilience face aux futurs risques climatiques et de catastrophe. Avec le soutien de la Facilité mondiale pour la prévention des risques de catastrophe et le relèvement (GFDRR) (a), cette collaboration a permis la réalisation conjointe du Diagnostic sur la gestion des risques climatiques et de catastrophe en Algérie, une étude qui dresse le profil des risques climatiques et de catastrophe du pays, estime leurs impacts macroéconomiques et met en évidence les progrès ainsi que les défis actuels de l’Algérie dans la gestion de ces aléas.
Ce diagnostic, fruit d’un travail effectué de 2021 à 2023, représente l’aboutissement d’un examen approfondi de plus de 500 documents, d’un atelier de consultation multipartite complet mené en 2021, et d’entretiens bilatéraux entre la DNRM et toutes les parties prenantes concernées.
« Le partenariat entre la Banque mondiale et la Délégation nationale aux risques majeurs reflète notre engagement commun à renforcer la réduction des risques de catastrophe et la résilience en Algérie. Les recommandations formulées dans l’étude guideront nos décisions et nous aideront à définir les activités prioritaires pour protéger nos communautés. »
Le professeur Hamid Afra, délégué national aux risques majeurs.
Selon le diagnostic, les pertes dues aux catastrophes pourraient représenter en moyenne 0,7 % du PIB algérien par an, soit près du double de la moyenne historique. Cette augmentation est principalement attribuée à la menace potentielle d'un séisme dévastateur dans les zones urbaines en pleine expansion démographique, les rendant ainsi plus vulnérables. Le changement climatique participe en outre de l’exacerbation de la fréquence et de l’intensité des catastrophes. Les actions prioritaires recommandées dans le rapport englobent la nécessité d’améliorer la coordination interinstitutionnelle, d’approfondir les connaissances sur les risques climatiques et de catastrophe, de promouvoir les investissements visant à réduire les risques d’inondations et d’incendies de forêt, de renforcer les systèmes d’alerte précoce et d’encourager le financement et l’assurance des risques naturels.
Avec l’appui de la Banque mondiale, les conclusions et les recommandations du diagnostic ont été largement diffusées au cours de plusieurs évènements organisés en Algérie afin de sensibiliser aux risques et de susciter le dialogue sur les domaines potentiels de collaboration aux niveaux national, régional et international. Le 8 mai 2023, une table ronde des donateurs a réuni des représentants des partenaires du développement et des institutions algériennes pour discuter des risques de catastrophe et climatiques du pays et pour explorer les possibilités de collaboration entre le gouvernement et les bailleurs de fonds. À la fin de la même année, le 12 décembre, le lancement officiel de l’étude s’est tenu à Alger en présence de membres de plusieurs institutions gouvernementales du pays. Dans le prolongement de ces évènements, différentes activités de diffusion ont réuni plus de 600 représentants de trois wilayas de l’est, de l’ouest et du sud-est de l’Algérie, dans le but d’associer les parties prenantes et les communautés régionales à la mise en œuvre des actions prioritaires recensées.
Renforcer la résilience en Algérie est un objectif réalisable. Il faut pour cela que tous les acteurs se mobilisent pour mettre en œuvre des approches globales et intégrées. Les leçons tirées des précédents désastres et les priorités fixées pour faire face aux catastrophes et aux défis climatiques offrent un aperçu des solutions à adopter pour bâtir un avenir où les Algériens seront plus en sécurité et mieux préparés aux aléas naturels.
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