« Paris du Moyen-Orient », « Suisse du Moyen-Orient », « perle de la Méditerranée » : on utilise souvent ces expressions pour décrire la magie du Liban et de sa capitale, Beyrouth. Les photos de montagnes enneigées avec, au premier plan, de jolies naïades issues de la jeunesse dorée posant en bikini à quelques mètres des vagues donnent du Liban l’image du pays le plus cosmopolite et tolérant de la région.
L’appel à la prière des muezzins se mêle à la musique techno des bars branchés, et chacun bénéficie de deux jours fériés pour Noël selon les deux rites nationaux, catholique et orthodoxe. À cette occasion, des millions de Libanais expatriés et leurs descendants des cinq continents racontent leur histoire à leurs nouveaux compatriotes qui les écoutent fascinés, autour d’assortiments d’houmous et de taboulés.
Alors, pourquoi cette défaillance du Liban ?
L’enchevêtrement complexe d’intérêts divergents qui a plongé le Liban dans la guerre civile de 1975 à 1990 fut finalement surmonté par l’accord de Taëf, signé fin 1989. Celui-ci réorganisait et institutionnalisait le pacte de partage du pouvoir entre les différentes communautés religieuses du pays et aboutissait à une répartition plus équitable du pouvoir. Toutefois, ce même accord ancrait encore davantage l’aspect confessionnel du système de gouvernance libanais, et maintenait notamment la distribution confessionnelle des trois fonctions les plus emblématiques du pays : un président de la République maronite, un président de l’assemblée chiite et un premier ministre sunnite.
Des acteurs internationaux, régionaux et locaux étaient directement impliqués dans la guerre civile. À la fin du conflit armé, le rapport de force international renforça la puissance de la Syrie au Liban en maintenant sa présence militaire dans le pays.
Une fois la paix conclue, une nouvelle classe dirigeante conduite par des chefs de guerre et des oligarques s’installa au pouvoir. Ils utilisèrent alors le voile du confessionnalisme comme un outil puissant pour contrecarrer les réformes du gouvernement, freiner le développement et même bloquer la mise en œuvre intégrale de l’accord de Taëf. L’élite politique se servit du secteur public pour renforcer et protéger ses propres intérêts aux dépens de l’État. Les richesses du pays finirent aux mains de quelques familles tandis que la classe moyenne s’effondrait. Cette élite s’appropria les principales ressources économiques du pays, engrangea d’importants profits et se partagea les vestiges d’un État défaillant.
Dans ce contexte, le secteur public a peu à peu été rongé par la corruption et le népotisme. Il se révèle ainsi incapable de fournir les services les plus élémentaires et de répondre aux besoins les plus critiques : l’alimentation en électricité et en eau souffre de dysfonctionnements chroniques et les grèves du ramassage des poubelles conduisent à des amoncellements d’ordures aussi énormes que nauséabonds. Pendant ce temps, le Liban est toujours confronté à des difficultés considérables liées à la guerre en Syrie, notamment l’afflux de plus d’un million de réfugiés syriens.
Le retrait de la Syrie en 2005 a privé le Liban de son principal arbitre des équilibres du pouvoir, laissant le pays aux prises à sa faiblesse structurelle. Depuis lors, la détérioration de la gouvernance est devenue de plus en plus évidente.
L’omniprésence des élites s’accaparant les richesses et l’enracinement du népotisme ont conduit à une défaillance systémique de la gouvernance dans la période d’après-guerre. Le paroxysme a été atteint quand le processus politique s’est complètement effondré, avec la vacance ou la paralysie des trois branches de gouvernement et le report du seul vote soumis au suffrage universel : les élections législatives. Les mouvements de protestation et de désobéissance civile qui ont suivi dénoncent tous la classe politique, sa corruption et son incompétence.
L’appel à la prière se mêle toujours à la musique techno et, une fois encore, chacun va bénéficier de deux jours fériés pour Noël. Pourtant, les manquements systématiques du système de gouvernance face aux chocs violents résultant d’un contexte de corruption endémique pourraient aboutir à une explosion de la société libanaise.
La situation actuelle est intenable et, à défaut de profondes réformes politiques et économiques, il est fort possible que les tensions socioéconomiques s’étendent et s’aggravent encore. Les manifestations populaires et les actions citoyennes que le pays a connu récemment et qui dénonçaient la classe politique ne sont que de premiers symptômes. Par conséquent, il faut impérativement que les dirigeants politiques prennent d’urgence des mesures pour lever les vieux blocages structurels qui minent le Liban.
L’appel à la prière des muezzins se mêle à la musique techno des bars branchés, et chacun bénéficie de deux jours fériés pour Noël selon les deux rites nationaux, catholique et orthodoxe. À cette occasion, des millions de Libanais expatriés et leurs descendants des cinq continents racontent leur histoire à leurs nouveaux compatriotes qui les écoutent fascinés, autour d’assortiments d’houmous et de taboulés.
Alors, pourquoi cette défaillance du Liban ?
L’enchevêtrement complexe d’intérêts divergents qui a plongé le Liban dans la guerre civile de 1975 à 1990 fut finalement surmonté par l’accord de Taëf, signé fin 1989. Celui-ci réorganisait et institutionnalisait le pacte de partage du pouvoir entre les différentes communautés religieuses du pays et aboutissait à une répartition plus équitable du pouvoir. Toutefois, ce même accord ancrait encore davantage l’aspect confessionnel du système de gouvernance libanais, et maintenait notamment la distribution confessionnelle des trois fonctions les plus emblématiques du pays : un président de la République maronite, un président de l’assemblée chiite et un premier ministre sunnite.
Des acteurs internationaux, régionaux et locaux étaient directement impliqués dans la guerre civile. À la fin du conflit armé, le rapport de force international renforça la puissance de la Syrie au Liban en maintenant sa présence militaire dans le pays.
Une fois la paix conclue, une nouvelle classe dirigeante conduite par des chefs de guerre et des oligarques s’installa au pouvoir. Ils utilisèrent alors le voile du confessionnalisme comme un outil puissant pour contrecarrer les réformes du gouvernement, freiner le développement et même bloquer la mise en œuvre intégrale de l’accord de Taëf. L’élite politique se servit du secteur public pour renforcer et protéger ses propres intérêts aux dépens de l’État. Les richesses du pays finirent aux mains de quelques familles tandis que la classe moyenne s’effondrait. Cette élite s’appropria les principales ressources économiques du pays, engrangea d’importants profits et se partagea les vestiges d’un État défaillant.
Dans ce contexte, le secteur public a peu à peu été rongé par la corruption et le népotisme. Il se révèle ainsi incapable de fournir les services les plus élémentaires et de répondre aux besoins les plus critiques : l’alimentation en électricité et en eau souffre de dysfonctionnements chroniques et les grèves du ramassage des poubelles conduisent à des amoncellements d’ordures aussi énormes que nauséabonds. Pendant ce temps, le Liban est toujours confronté à des difficultés considérables liées à la guerre en Syrie, notamment l’afflux de plus d’un million de réfugiés syriens.
Le retrait de la Syrie en 2005 a privé le Liban de son principal arbitre des équilibres du pouvoir, laissant le pays aux prises à sa faiblesse structurelle. Depuis lors, la détérioration de la gouvernance est devenue de plus en plus évidente.
L’omniprésence des élites s’accaparant les richesses et l’enracinement du népotisme ont conduit à une défaillance systémique de la gouvernance dans la période d’après-guerre. Le paroxysme a été atteint quand le processus politique s’est complètement effondré, avec la vacance ou la paralysie des trois branches de gouvernement et le report du seul vote soumis au suffrage universel : les élections législatives. Les mouvements de protestation et de désobéissance civile qui ont suivi dénoncent tous la classe politique, sa corruption et son incompétence.
L’appel à la prière se mêle toujours à la musique techno et, une fois encore, chacun va bénéficier de deux jours fériés pour Noël. Pourtant, les manquements systématiques du système de gouvernance face aux chocs violents résultant d’un contexte de corruption endémique pourraient aboutir à une explosion de la société libanaise.
La situation actuelle est intenable et, à défaut de profondes réformes politiques et économiques, il est fort possible que les tensions socioéconomiques s’étendent et s’aggravent encore. Les manifestations populaires et les actions citoyennes que le pays a connu récemment et qui dénonçaient la classe politique ne sont que de premiers symptômes. Par conséquent, il faut impérativement que les dirigeants politiques prennent d’urgence des mesures pour lever les vieux blocages structurels qui minent le Liban.
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