On a souvent reproché aux agences de développement, et en l’occurrence à la Banque mondiale, de ne pas être suffisamment à l’écoute des populations qu’elles sont censées aider, d’agir sans d’abord s’enquérir systématiquement de l’avis des bénéficiaires sur des stratégies et des projets qui sont pourtant conçus en leur nom.
Pour remédier à ces critiques, de nombreuses équipes de la Banque mondiale conduisent désormais dans les pays des consultations auprès d’un large éventail de parties prenantes — société civile, jeunes, représentants de l’État —, en fonction du type de projet concerné. De telles consultations permettent de connaître directement l’avis des populations concernées sur une initiative appuyée par la Banque, avant même que les travaux ne commencent et que la stratégie soit établie. Cette démarche est certes prometteuse mais elle comporte une limite importante : sa portée. On ne peut en effet convier qu’un nombre limité de personnes à ces conversations en face à face.
Dernièrement, la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) de la Banque mondiale a commencé à exploiter le potentiel des médias sociaux pour ouvrir cette démarche à un horizon et un nombre bien plus grand de citoyens. En janvier dernier, par exemple, la vice-présidente de la Région MENA, Inger Andersen, a tenu à connaître davantage les priorités des populations en participant à un chat en direct qui lui a permis de discuter avec 600 internautes.
Une autre approche, expérimentée par l’équipe Protection sociale de la Région MENA, consiste à aller au devant des citoyens non seulement en organisant des consultations sur le terrain mais aussi en passant par Twitter, Facebook, les chats et les blogs. L’objectif est de constituer une immense table de discussion virtuelle et de recueillir des opinions sur des sujets spécifiques, avec l’idée que l’avis des citoyens contribuera directement à élaborer des produits plus subtils et pertinents au niveau de la Banque mondiale.
Où l'on voit comment les médias sociaux permettent à la Banque mondiale de consulter la rue arabe. Et comment les médias sociaux dotent les citoyens de moyens d’agir.
Le "Printemps arabe" a montré qu’il existait une nouvelle génération inventive et férue de technologie. Cette génération s’assoit désormais à la table des discussions ou tout du moins exige-t-elle d’y avoir une place et de se prononcer sur des modalités de choix de développement qui ont un impact sur elle. Parler d’"aide" devient obsolète. Ce dont il s’agit maintenant, ce n’est pas d’"aider" mais de travailler aux côtés d’une génération qui veut être responsable de son propre avenir.
Pensez à suivre notre actualité et participez à la discussion dans les semaines qui viennent. L’un des premiers sujets qui sera traité autour de notre table virtuelle sera le suivant : Comment favoriser l’insertion des jeunes et des femmes sur le marché du travail ?
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